Depuis le Polyclinique Gemelli, où il poursuit son hospitalisation depuis 16 jours , le Pape François a adressé un message aux participants du cours pour les responsables des célébrations liturgiques épiscopales, organisé par l’Athénée Pontifical Saint-Anselme. S’il rappelle le rôle central de la liturgie dans la vie de l’Église, il insiste avant tout sur une approche pastorale fondée sur la simplicité et l’effacement personnel.
Dans son texte, le Saint-Père met en garde contre toute mise en avant excessive du célébrant :
« Je vous exhorte donc à proposer et à favoriser un style liturgique qui exprime le chemin à la suite de Jésus, en évitant les fastes inutiles ou les attitudes de protagonisme. ».
Une phrase qui ne manquera pas de faire réagir, alors que de nombreux fidèles perçoivent déjà un appauvrissement du sens du sacré dans la liturgie post-Vatican II.
Le Pape François refuse une approche purement formaliste du culte : « Le responsable des célébrations liturgiques n’est pas seulement un professeur de théologie ; ce n’est pas un simple rubriciste appliquant des normes ; ce n’est pas un sacristain qui prépare le nécessaire pour la célébration. Il est un maître au service de la prière de la communauté. » Mais cette mise en garde contre une vision trop rigide des rites ne risque-t-elle pas d’accentuer une dérive vers des célébrations dépourvues de solennité et de beauté, déjà observée dans certaines paroisses ?
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La liturgie, rappelle le Pape, ne peut être réduite à une simple technique ou à une performance esthétique : « Puisque le culte est l’œuvre de toute l’assemblée, la rencontre entre doctrine et pastorale n’est pas une technique optionnelle, mais un aspect constitutif de la liturgie, qui doit toujours être incarnée, inculturée, et exprimer la foi de l’Église. » Un point essentiel, mais qui pose question : jusqu’où peut aller l’ »inculturation » sans perdre la sacralité et la transcendance qui font la richesse de la liturgie catholique ?
Le message du Saint-Père insiste sur l’importance de l’humilité du célébrant : « Je vous invite à exercer votre ministère avec discrétion, sans vous glorifier des résultats de votre service. » Un rappel utile, mais qui peut également laisser perplexe : l’effacement du prêtre et la simplification des rites ne contribuent-ils pas à rendre la liturgie moins identifiable, moins porteuse de mystère et de sacré ?
Si l’on comprend la volonté du Pape de lutter contre les excès d’un certain esthétisme liturgique, l’équilibre entre sobriété et magnificence demeure un enjeu majeur. Dans une époque où le sacré semble de plus en plus relégué au second plan, cette nouvelle exhortation pose une question centrale : en cherchant à dépouiller la liturgie de ses « fastes inutiles », ne risque-t-on pas d’appauvrir encore davantage une tradition qui, depuis des siècles, élève les âmes vers Dieu ?
intégralité du texte du Pape François