Dans une déclaration publiée depuis Camagüey et signée par 63 membres de l’Alliance des Chrétiens de Cuba, des responsables protestants tirent la sonnette d’alarme face à l’aggravation de la situation religieuse sur l’île. Soutenus par plusieurs pasteurs de communautés locales, ils dénoncent une réalité dramatique : « C’est une triste réalité que la profonde crise politique, économique, sociale et spirituelle que subit notre nation. Une situation qui affecte et accable des millions de compatriotes. »
Ce cri d’alerte, auquel le média CubaNet a eu accès, s’inscrit dans un contexte de répression grandissante contre les chrétiens en général. L’Alliance évoque notamment l’absence de personnalité juridique pour la quasi-totalité des Églises locales. Depuis la loi de 1962, seules les associations religieuses reconnues avant cette date sont enregistrées. Résultat : « plus de 80 % des Églises locales » sont privées de statut légal. Cette situation les rend vulnérables à l’arbitraire du pouvoir.Les conséquences sont graves et multiples. La déclaration dénonce « confiscation de biens, démolition de lieux de culte, menaces, restrictions de voyage pour les responsables religieux, limitations sur les importations, obstacles à l’action sociale complète des Églises ». En plus de cela, les croyants voient leur liberté de ministère drastiquement réduite, y compris pour accompagner les malades dans les hôpitaux, les enfants et les personnes âgées dans les foyers, ou encore pour agir dans les prisons, les écoles, les universités, les équipes sportives et l’armée.
Le document cite également les chiffres de l’Observatoire Cubain des Droits Humains : « 89 % des familles cubaines vivent dans une pauvreté extrême », et « au moins 762 prisonniers politiques et de conscience » seraient actuellement détenus. Des données qui viennent illustrer ce que les signataires qualifient de « témoignage le plus douloureux ,mais non unique, d’une telle injustice ».
Lire aussi
Le bilan pour les seuls responsables religieux est également alarmant. Selon la même déclaration, « 996 actions répressives (…) contre des leaders religieux » ont été enregistrées en 2024. Et rien n’indique un ralentissement en 2025.Face à cette répression croissante, l’Alliance appelle les gouvernements et institutions internationales à intervenir : « Nous lançons un appel aux institutions internationales et aux gouvernements démocratiques pour qu’ils exhortent les autorités cubaines à mettre fin au harcèlement et aux restrictions des libertés religieuses dans le pays. »Et les signataires de conclure : « Nous ne le faisons pas pour notre propre bénéfice, mais pour celui du peuple cubain, qui a besoin de l’œuvre pastorale, prophétique et d’assistance de nos Églises. »
Depuis plusieurs années, la situation des chrétiens à Cuba ,toutes confessions confondues ,demeure extrêmement préoccupante. Les Églises évangéliques, souvent indépendantes, sont particulièrement ciblées, mais l’Église catholique elle-même reste sous surveillance. Si elle bénéficie d’une reconnaissance officielle, ses marges d’action restent restreintes. Les processions publiques, les œuvres caritatives indépendantes ou les publications religieuses sont soumises à un strict contrôle d’État.
Open Doors (Portes Ouvertes), organisation internationale de soutien aux chrétiens persécutés, place régulièrement Cuba dans son classement des pays où la liberté religieuse est menacée. Le régime communiste, officiellement athée, continue de voir toute forme d’influence religieuse autonome comme une menace potentielle à son autorité.Dans ce contexte, le message des chrétiens cubains, toutes tendances confondues, résonne comme un appel au secours. Un appel à ne pas oublier cette Église éprouvée, mais vivante, qui persévère malgré l’oppression.
