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« Pour nous, l’État de Palestine est la solution » : le cardinal Parolin réaffirme la position du Saint-Siège malgré les inquiétudes sur la sécurité d’Israël

Cardinal Parolin - DR
Cardinal Parolin - DR
Alors que la France annonce sa reconnaissance prochaine de l’État de Palestine, le cardinal Pietro Parolin réaffirme la position du Saint-Siège, tout en appelant à éviter les erreurs du passé. Une déclaration qui intervient dans un climat tendu, marqué par les violences à Gaza et les préoccupations légitimes d’Israël

Le 27 juillet 2025, à Rome, le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Vatican, a réagi face à ceux qui, comme la Première ministre italienne Giorgia Meloni, estiment prématurée la reconnaissance d’un État palestinien. « Mais pourquoi prématuré ? Pour nous, c’est la solution », a-t-il affirmé à la RAI, rappelant que le Saint-Siège a déjà reconnu l’État de Palestine dans le cadre d’un accord diplomatique signé en 2015. « Cela fait longtemps que nous l’avons reconnu, da mo’, comme vous dites en Italie », a-t-il ajouté avec une pointe d’humour, en référence au soutien affiché par le président Emmanuel Macron, qui a annoncé que la France officialisera cette reconnaissance lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies.

Pour le cardinal Parolin, la formule reste inchangée, deux États autonomes, vivant côte à côte dans la sécurité. Il a estimé que l’ensemble des pays du G7 devrait suivre cette voie, tout en soulignant que le dialogue direct entre Israéliens et Palestiniens demeure la seule méthode crédible pour sortir de l’impasse:

« Certes, la situation actuelle en Cisjordanie est dramatique, mais c’est précisément dans ce contexte que l’on doit œuvrer à une solution politique. »

La position du Vatican, si elle remonte à 2015, reste source de discussions. À l’époque, l’accord bilatéral signé avec l’Autorité palestinienne visait à garantir la liberté religieuse, l’accès aux lieux saints, et le fonctionnement des institutions catholiques dans les territoires palestiniens. Il avait été salué côté palestinien comme une reconnaissance de facto des frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est, mais avait suscité des réserves à Jérusalem. Israël avait alors rappelé que toute solution devait être fondée sur des négociations bilatérales, non sur des décisions unilatérales.Aujourd’hui encore, dans un contexte de guerre à Gaza, où les risques sécuritaires sont constants, cette prudence persiste. Les autorités israéliennes redoutent que des reconnaissances précipitées n’encouragent pas les concessions réciproques, condition essentielle à un accord durable.

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Évoquant l’attaque contre l’église de la Sainte-Famille à Gaza, qualifiée d’« erreur » par les autorités israéliennes, le cardinal Parolin a déclaré, « Nous n’avons pas pu mener d’enquête indépendante, mais nous demandons une attention maximale. Les erreurs se répètent, et il faut éviter que des lieux de culte ou des structures humanitaires soient visés. » Un appel clair à la responsabilité et à la protection du patrimoine religieux, dans une zone où les communautés chrétiennes vivent souvent dans des conditions précaires. Son Éminence a également précisé que le Vatican maintient des contacts réguliers avec le Patriarcat latin de Jérusalem.En marge de ses déclarations sur le Proche-Orient, le cardinal Parolin est revenu sur les critiques formulées par certains responsables orthodoxes russes, qui jugent la diplomatie du Saint-Siège insuffisamment neutre dans le conflit ukrainien. « On ne peut pas dire que nous ne sommes pas neutres. Nous avons toujours été proches des deux parties, et nous avons travaillé pour la paix, y compris par des canaux informels. »À propos d’une récente rencontre entre le pape Léon XIV et un représentant de l’Église orthodoxe russe, le cardinal Parolin a conclu, « Je n’en connais pas les détails, mais ce qui compte, c’est que les canaux restent ouverts, même dans les moments les plus difficiles. »

La position du Vatican, bien que claire depuis une décennie, continue de s’inscrire dans une démarche diplomatique mesurée, elle rappelle que toute reconnaissance d’un État de Palestine, pour porter du fruit, devra s’accompagner de garanties de sécurité pour Israël et d’un véritable engagement des deux parties sur la voie du dialogue.

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