En cette période estivale, l’Église en France célèbre les ordinations. Un moment de joie pour les catholiques, qui voient de nombreux jeunes prêts à dédier leur vie au service du Christ, de l’Église et du monde. Malheureusement, dans le diocèse de Toulon et au-delà, cette joie a été entachée. Quatorze séminaristes du diocèse de Fréjus-Toulon sont actuellement bloqués dans leur cheminement vers la prêtrise.
L’histoire remonte à l’année dernière, lorsque le Vatican a demandé à Mgr Dominique Rey de suspendre les ordinations de dix jeunes hommes, prévues fin juin. Cette décision, prise visiblement dans l’urgence à seulement deux mois des ordinations, nécessitait une réponse rapide. Cependant, l’urgence qui préoccupait Rome il y a douze mois semble avoir disparu. Cette année, avec la promotion actuelle, près de quatorze séminaristes attendent d’être ordonnés prêtres ou diacres. Un chiffre qui contraste avec les 52 prêtres diocésains qui seront ordonnés cette année, sur un total de 88 ordinations pour toute la France !
Quel message sommes-nous en train d’envoyer aux fidèles, et plus particulièrement aux jeunes ?
La situation de ces quatorze jeunes séminaristes, dont la vocation est en suspens, est injuste. Quels que soient les reproches formulés à l’égard de Mgr Rey, comment pouvons-nous accepter de voir ces jeunes être les victimes collatérales d’un conflit, quel qu’il soit ? Ils sont empêchés d’accomplir leur vocation sans que leurs qualités personnelles ou leur aptitude à la prêtrise soient remises en question. Ils sont pris en otage dans un conflit qui les dépasse. Comment cela peut-il être compris, alors que Rome a leur dossier depuis un an ?
Ces jeunes se préparaient à être ordonnés diacres ou prêtres. Malgré les difficultés actuelles de l’Église en France et plus spécifiquement dans leur diocèse, ils étaient prêts à tout donner pour servir.
Comment l’Église peut-elle les maintenir si longtemps dans une situation aussi douloureuse et instable ? Est-ce ainsi que nous prenons soin des vocations que Dieu donne à son Église ? Que pouvons-nous dire à leurs parents, à leur famille ? Quel message sommes-nous en train d’envoyer aux fidèles, et plus particulièrement aux jeunes ?
Nous savons que le temps de l’Église n’est pas celui des hommes. Cependant, il y a des limites. Avec le temps qui passe, le silence semble être une détérioration de la situation, une sanction envers Mgr Rey, et de plus en plus, cela apparaît comme un abus de pouvoir sur la vocation et la vie de ces jeunes.
Comment justifier cette attente, qui engendre angoisses, remises en question et souffrances, tant pour eux que pour leur famille et les fidèles ? Pourquoi prendre le risque d’ébranler leur confiance envers l’institution, voire de briser leur vocation ?
La vocation n’est ni un outil politique, ni un moyen de chantage.
Les éventuels désaccords du Vatican avec Mgr Rey justifient-ils une telle méthode violente ? Ce silence prolongé et incompréhensible semble constituer un abus d’autorité cléricale et témoigne d’une certaine maladresse de l’institution ecclésiastique envers nos jeunes séminaristes (car ils sont aussi les nôtres, enfants, cousins, amis, paroissiens). Nous sommes en droit de nous demander si les intentions sont justes et avouables.
Sous le pontificat du pape François, où la synodalité, qui met l’accent sur le dialogue et la concertation, occupe une place centrale, pouvons-nous accepter ce silence imposé aux séminaristes ? La vocation n’est ni un outil politique, ni un moyen de chantage. Elle est sacrée, et il est triste de devoir le rappeler aux autorités.
Si une certitude doit nous rassembler, c’est que nous ne pouvons pas utiliser les vocations comme variable d’ajustement, monnaie d’échange ou moyen de maintenir un rapport de force. Il est essentiel de protéger ces jeunes en formation des tempêtes qui secouent le diocèse. Nous devons nous rassembler autour de la joie d’accueillir leur « oui » par lequel ils offriront leur vie. Le discernement des professeurs du séminaire demeure d’une importance cruciale, et la qualité de la formation dispensée au séminaire de Toulon, aujourd’hui reconnue par de nombreux acteurs, est plus nécessaire que jamais.
L’Église conserve sa liberté d’appeler qui elle veut aux ministères ordonnés. Cependant, ce droit ne peut jamais justifier de mettre injustement à l’épreuve ou de faire souffrir ceux qui lui font confiance. Prions pour que notre Église sache au contraire se montrer encourageante et réconfortante envers ces jeunes qui, depuis des années, se préparent à tout donner.
Les synodes nous ont rappelé que, en tant que laïcs, nous avions le droit de savoir et de comprendre, tout comme les clercs. Il en va de même pour ces séminaristes.
- Liste complète des signataires : Charles Beigbeder (Entrepreneur) ; Olivier Bonnassies (Directeur de l’Association Marie de Nazareth) ; Yves Meaudre (Vice-président d’Enfants du Mékong) ; Baptiste Laroche ; François Jusot (Professeur au séminaire de la Castille) ; Marc Fromager (Ancien Directeur général de l’AED) ; Benoît Dumoulin (Directeur d’Ichtus) ; Benjamin Blanchard (Directeur général de SOS Chrétiens d’Orient) ; Christophe Machard (Président du FRI) ; Gabrielle Cluzel (Journaliste) ; Guillaume de Thieulloy (Directeur du Salon beige) ; Jean-Philippe Tasle d’Heliand (Président de Oddo) ; Béatrice Cornu Thénard (Bénévole diocèse) ; Thomas Delenda (Fondateur et directeur de l’association Hozana) ; Guillaume d’Aboville (Directeur général d’Enfants du Mékong);Stéphane Bazin (Chef d’entreprise);Stanislas Peronnet (Président de La Marche de Saint-Joseph);Pierre et Béatrice (Parents de séminariste);Céline du Chaffaut (Paroissienne);Alliaume Tixier (Chef d’entreprise);Claire de Laage;Corentin Dugast (Consultant);Clément Jacques;Élisabeth de Laubespin (Catéchiste);Godefroy Quilton (Notaire);Georges Delrieu;Hedwige de Vogue (Paroissienne);Philippe Renié (Chef d’entreprise);Marie Tasle;Louis-Marie Jusot (Gérent d’entreprise);Pascal Cornu Thenard (Paroissien);Renaud Lécuyer (Avocat);Isabelle Ratouis;Anne Dard (Médecin);Bruno Des Robert (Cadre des AFC);Bertrand de Goiffon (Paroissien);Richard Lerosey (Entrepreneur);Charles-Henry Allibert;Amélina Debains Pacreau (Infirmière);Stanislas de Gineste (Paroissien).