Alors que les écrans d’ordinaire si agités de la Bourse de Paris restent éteints ce vendredi 18 avril 2025, peu de Français savent que cette fermeture remonte à une tradition ancienne liée à la Passion du Christ. Ce silence boursier, rare dans l’univers financier, porte en lui une signification profondément chrétienne.La Bourse de Paris, comme celles de Francfort, Amsterdam ou Bruxelles, est aujourd’hui fermée à l’occasion du Vendredi Saint. Si ce jour n’est pas officiellement férié dans toute la France, contrairement à l’Alsace-Moselle où il est reconnu par le droit local, il demeure marqué par des fermetures institutionnelles dans plusieurs places financières européennes.
Historiquement, la cessation des activités marchandes à l’occasion du Vendredi Saint s’enracine dans une pratique médiévale profondément chrétienne. Comme l’explique un historien du droit canonique, « si l’on remonte au Moyen Âge, cette coutume concernait l’ensemble des activités marchandes, souvent regroupées proches des lieux de culte. Le clergé interdisait alors ces activités pour permettre aux fidèles de se rassembler et de célébrer l’événement liturgique. » Cette interdiction exprimait une volonté claire : rappeler à tous, commerçants comme clients, que ce jour n’est pas comme les autres.
Le Vendredi Saint est le jour du supplice et de la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il s’agit d’un des moments les plus solennels de l’année liturgique, marqué par le jeûne, le silence et la prière. L’Église ne célèbre pas l’Eucharistie ce jour-là, mais propose une liturgie particulière centrée sur la Passion selon saint Jean, la vénération de la Croix et la communion.
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À l’aspect « pratique » de cette tradition boursière se mêlent donc des considérations morales : faut-il vraiment faire des affaires le jour où le Christ est mort pour les péchés du monde ? Dans une société sécularisée, cette question pourrait paraître lointaine, mais elle conserve toute sa pertinence pour ceux qui veulent vivre leur foi jusque dans leur engagement professionnel.
Rappelons qu’en dehors de l’Alsace-Moselle en France, le Vendredi Saint est un jour officiellement chômé dans de nombreux pays de tradition chrétienne. C’est le cas de l’Allemagne, de la Suisse, de l’Autriche, de l’Irlande, du Royaume-Uni, de la Norvège, de la Suède, de la Finlande, de l’Espagne, du Portugal, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, du Canada (dans plusieurs provinces) ou encore de l’Afrique du Sud. Dans ces pays, l’arrêt des activités économiques est pleinement assumé comme une marque de respect pour le sacrifice du Christ.
Ainsi, la fermeture de la Bourse de Paris en ce Vendredi Saint peut être vue non pas comme une anomalie, mais comme un discret hommage rendu à Celui qui a donné sa vie sur la Croix. Dans un monde où la rentabilité impose souvent son rythme, le silence de la place financière parisienne rappelle qu’il existe des réalités plus hautes que les fluctuations du marché.
« Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire » : ce verset de la liturgie eucharistique résonne aujourd’hui dans les églises, mais aussi, en creux, dans l’arrêt du tumulte boursier.