Alors que certains militants revendiquent la « désinscription » de l’Église comme on se désabonne d’un club ou d’un réseau social, le Saint-Siège vient de rappeler avec force que le baptême n’est ni une carte de membre ni une appartenance administrative.
Le 7 avril 2025, le Dicastère pour les Textes législatifs a publié une note explicative sans équivoque : il est strictement interdit d’effacer un nom du registre des baptêmes.La note du Vatican est limpide : « Le registre des baptêmes n’est pas une liste de membres, mais l’enregistrement des baptêmes effectivement célébrés. » À une époque où l’on voudrait faire croire que l’appartenance à l’Église relève d’une simple déclaration individuelle, l’Église rappelle que le baptême est un fait sacramentel, objectif, irrévocable, qui inscrit la personne dans le Corps mystique du Christ. « Ce registre a pour but d’attester un “fait” historique ecclésial », précise le texte, et non de « valider la foi religieuse des individus » ou leur adhésion du moment.
Le droit canon (can. 535 §1 CIC) exige que chaque paroisse tienne un registre des baptêmes, non pour le plaisir de collecter des données, mais parce que le baptême est le fondement de toute vie chrétienne. Il est la condition de validité pour recevoir les autres sacrements : confirmation, mariage, ordre sacré, profession religieuse, etc. Effacer cette trace rendrait impossible une administration correcte des sacrements dans l’avenir.
Le texte précise d’ailleurs que « même si le canon 535 ne l’affirme pas explicitement, l’obligation formelle d’inscrire et de certifier les actes conduit sans aucun doute à un interdit absolu de suppression ». Il ne s’agit donc pas d’un simple choix pastoral, mais d’un principe canonique fondamental.
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Pas d’effacement, mais une mention possible en cas de rupture
Si une personne exprime le souhait de quitter l’Église catholique, cela peut être indiqué dans le registre sous la forme d’un « actus formalis defectionis ab Ecclesia Catholica », mais jamais au moyen d’une suppression de son baptême. Il s’agit, selon le Vatican, de « manifester la volonté de la personne dans le cadre d’une procédure contradictoire », sans remettre en cause le fait que le baptême a bel et bien eu lieu.Ce rappel vise à protéger la vérité des sacrements. Le baptême, comme le mariage sacramentel, engage la personne de manière permanente et visible dans le temps, même si cette dernière décide ultérieurement de se détourner de la foi. « Le baptême est un fait objectif », affirme encore la note. On ne peut pas le répéter, ni le révoquer : on ne peut pas ne pas avoir été baptisé.
Une vérité contre la subjectivité moderne
Cette mise au point ferme du Saint-Siège entre en résonance avec les dérives contemporaines où tout est soumis à la subjectivité : identité, foi, sacrements, engagement. L’Église rappelle ici que sa mission ne dépend pas des fluctuations individuelles. Elle repose sur des faits visibles, sacramentels, historiques. « Sans la certitude du baptême, il est impossible à l’Église de procéder à l’activité sacramentelle », insiste encore la note. Un ministre ne peut pas administrer la confirmation ou célébrer un mariage valide si le baptême n’est pas attesté.
Dans une époque où certains voudraient tout effacer, les racines, les engagements, et même la grâce,le Vatican oppose un non clair et lumineux : on ne supprime pas une naissance spirituelle.Cette note, loin d’être une technicité juridique, est une réponse profondément pastorale. Elle défend la dignité du sacrement, la cohérence de la foi et le respect dû à la mémoire sacramentelle de l’Église. Car on ne joue pas avec les choses saintes. Même ceux qui rejettent aujourd’hui leur foi ne peuvent changer le fait qu’un jour, ils ont été marqués du sceau indélébile du Christ.
Et ce sceau, même oublié, reste une semence de salut.
intégralité de la Note explicative du Dicastère traduite en français