La Conférence Épiscopale de Colombie (CEC) a exprimé sa « surprise et préoccupation » suite à une décision de la Cour constitutionnelle, qui a ordonné à une école de retirer le contenu catholique de ses cours de religion et d’adopter « un point de vue neutre sur le phénomène religieux ».
Dans un communiqué, les évêques colombiens ont réagi à la sentence T-357-24, concernant une plainte déposée par le père d’une fillette chrétienne de neuf ans. Celui-ci estimait que l’école El Recreo avait violé les droits de sa fille en l’obligeant à suivre des cours de religion « avec des contenus propres à la religion catholique ».
Les évêques déplorent que ce qui avait initialement été présenté comme une analyse sur « le droit de ne pas recevoir une éducation religieuse » se soit transformé en une interdiction « du contenu catholique dans l’éducation religieuse ».
Ils avertissent également que la Cour a modifié « le modèle d’éducation religieuse qu’elle-même avait préalablement défini », ignorant ainsi « le droit des catholiques à recevoir une éducation religieuse en accord avec leur foi ».
Le communiqué de la CEC souligne en particulier le quatrième point de la phrase, qui contredit « l’article 6, alinéa g) de la Loi 133 de 1994 », la loi statutaire sur la Liberté Religieuse et de Culte, qui reconnaît comme partie essentielle du droit à la liberté religieuse « le droit de choisir une éducation religieuse et morale en fonction de ses propres convictions ».
Selon les évêques, cette disposition impose à l’État l’obligation de garantir aux parents que leurs enfants puissent recevoir une éducation religieuse conforme à leur foi, comme le prévoient la Constitution colombienne et les traités internationaux signés par le pays.
Concernant l’« approche neutre du phénomène religieux » évoquée dans la décision, les évêques précisent que cette notion n’apparaît pas dans la législation sur l’éducation religieuse. Ils affirment que la Cour cherche à « étendre la neutralité de l’État aux individus », en l’occurrence aux élèves, qui sont issus de familles ayant « une identité religieuse spécifique ».
Ils ajoutent que « ni les étudiants ni leurs parents ne sont neutres » en matière religieuse et que ces derniers entrent dans le système éducatif public ou privé « avec une identité », qu’il est impossible de laisser en dehors de l’école.
Les évêques s’interrogent sur la manière dont « un État qui reconnaît la diversité dans de nombreux aspects de la vie des personnes » peut « ignorer cette diversité sur le plan religieux », surtout dans un domaine aussi important que la formation scolaire.
Dans ce contexte, la Conférence Épiscopale de Colombie a annoncé qu’elle continuerait d’étudier la sentence T-357 de 2024 et ses conséquences, et qu’elle chercherait à promouvoir une révision de cette décision. Elle a également indiqué qu’elle demanderait au gouvernement une réglementation adéquate de l’éducation religieuse.
Assurer le respect du droit à l’éducation religieuse
La Commission Épiscopale de l’Éducation et des Cultures de la CEC a publié des orientations pastorales à destination des responsables des œuvres éducatives de l’Église catholique en Colombie, ainsi que des parents.
Ces orientations insistent sur l’importance d’analyser la décision de la Cour et d’engager un débat national « pour garantir le respect des droits des catholiques à recevoir une éducation religieuse conforme à leur foi ».
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De plus, les évêques recommandent aux anciens enseignants et aux parents « sur le droit à la liberté religieuse, en général, et sur les droits des catholiques dans le domaine éducatif, en particulier ».
Enfin, ils appellent à une participation active de l’Église catholique dans les organismes créés pour la mise en œuvre de la « Politique Publique Intégrale de Liberté Religieuse et de Culte », tels que les conseils, comités ou groupes de travail. Ces instances doivent, selon eux, représenter proportionnellement la composition socio-religieuse du pays.
Dans ce document, la Conférence Épiscopale insiste sur la diffusion des « Normes d’Éducation Religieuse » adoptées par l’Église colombienne lors de la CXIIe Assemblée Plénière en février 2022, afin de garantir leur application dans l’enseignement secondaire et primaire.
Avec ACI