Le 10 février 2025, le procès de l’attentat commis à la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice a débuté devant la cour d’assises spéciale de Paris. Cette audience marque un tournant, car l’Église catholique a décidé de se constituer partie civile. Une démarche inédite qui témoigne de la volonté de l’institution de se voir reconnue en tant que victime à part entière du terrorisme qui a frappé l’un de ses lieux de culte.
Lors de cette ouverture de procès, deux demandes ont été déposées pour que l’Église obtienne cette reconnaissance : l’une émanant de l’association diocésaine de Nice, l’autre de l’Union des associations diocésaines de France (UADF), qui a rejoint cette initiative pour la première fois. Ces requêtes seront examinées ce mercredi 19 février 2025, avec des interventions attendues de plusieurs personnalités, dont Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France.
L’Église, par cette action, cherche à faire reconnaître que l’attentat n’a pas seulement visé les victimes humaines, mais qu’il s’agissait également d’un acte contre la foi et la communauté catholique. « Ce sont bien les catholiques de France, qu’il considérait comme mécréants, qui ont été visés », a souligné Me Vincent Asselineau, avocat de l’UADF. Cette attaque, survenue le 29 octobre 2020, a fait trois victimes dans la basilique : deux fidèles et le sacristain, tués à coups de couteau par l’assaillant.
Dans ses déclarations, Monseigneur de Moulins-Beaufort a insisté sur le fait que l’Église doit être reconnue pour la souffrance que cet attentat a causée à ses fidèles. En plus du choc immédiat, un sentiment persistant de peur s’est installé, particulièrement à Nice, où le diocèse a réagi en mettant en place une commission de sécurité afin de protéger ses lieux de culte. Cela a été renforcé par l’installation de bornes d’appel d’urgence autour des églises par la municipalité. Mais cette sécurité accrue ne peut apaiser le traumatisme qui a marqué la communauté.
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Cette reconnaissance de l’Église en tant que victime est d’autant plus importante à la lumière des événements précédents. Lors de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016, où le père Jacques Hamel fut tué, le diocèse de Rouen avait été la seule partie civile à se constituer. Cette fois, l’UADF a décidé de se joindre à la démarche, un changement significatif qui soulève des questions sur l’appréciation de la souffrance de l’Église dans des attaques terroristes visant spécifiquement les chrétiens.
Parallèlement, plusieurs autres personnes ayant été témoins de l’attaque ou se trouvant dans le périmètre de l’incident, souffrant de traumatisme lié à l’attaque ou aux tirs des policiers, demandent également à être reconnues comme parties civiles. Cependant, leur demande a été rejetée à deux reprises par la cour, malgré les souffrances qu’elles ont subies.
Le verdict du procès est attendu pour le 26 février 2025. Le débat qui s’ouvre dans les prochaines semaines risque de redéfinir la place de l’Église dans les procès liés au terrorisme, en reconnaissant officiellement son rôle en tant que victime d’une agression profondément spirituelle et symbolique.