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Pourquoi l’église Sainte-Eulalie de Bordeaux est-elle exposée au trafic de drogue ?

abords de l'église Sainte-Eulalie de Bordeaux - capture Street View
abords de l'église Sainte-Eulalie de Bordeaux - capture Street View
"C’est un lieu de culte , en face d’un hôpital. Des personnes viennent se recueillir, elles accompagnent parfois leurs proches en fin de vie. Quand elles sortent de Saint-André et ont cette vue, ce n’est pas apaisant "

Fondée au IIIe siècle, l’église a été plusieurs fois reconstruite, notamment au XIIe siècle pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Elle abrite les reliques de Sainte Eulalie et des martyrs, et en 1639, la chapelle des Corps Saints est ajoutée. L’église est classée monument historique en 1840.

Aujourd’hui elle se trouve confrontée à des difficultés inédites,les abords de l’église sont devenus le point de ralliement de sans-abri et de toxicomanes. Un campement de fortune est installé sur le flanc sud, tandis qu’au nord, des traces de seringues témoignent de l’activité des toxicomanes. À la nuit tombée, l’arrière de l’église devient le lieu d’échanges liés au trafic de drogue

Le Figaro rapporte que le flanc nord de l’église est régulièrement souillé par des consommateurs de drogues, tandis que des seringues usagées doivent être retirées quotidiennement du parvis. Le problème ne se limite pas au trafic de drogue : des individus souillent également l’intérieur de l’église.

Actu.fr évoque le témoignage d’une riveraine : « Elle voit beaucoup  d’entrées et sorties  dans l’une des tentes, qui l’ont convaincue d’un trafic de drogue et de prostitution. Ils sortent abattus, comme des zombies ». Un autre habitant témoigne ainsi : « Ce sont des personnes qui souffrent, dans le besoin, et qui ont des conditions de vie dures , mais ma taxe foncière je la paie rubis sur l’ongle, je jette mes poubelles, je ne manque de respect à personne. Ce n’est pas parce qu’ils dérangent moins qu’ils ont le droit d’être là. Il y a le squat, de la drogue, des déchets et ça picole. On trouve des seringues régulièrement par terre« .

« C’est un lieu de culte , en face d’un hôpital. Des personnes viennent se recueillir, elles accompagnent parfois leurs proches en fin de vie. Quand elles sortent de Saint-André et ont cette vue, ce n’est pas apaisant  » témoigne une autre habitante.

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Face à cette situation, les autorités locales semblent limitées dans leurs actions. Selon Laurent Guillemin, maire adjoint du quartier, la gestion de ce phénomène est difficile : « C’est un sujet compliqué. D’un point de vue légal, nous sommes allés au bout de ce que nous pouvions faire », indique-t-il. Les tentatives de médiation et de relogement n’ont pas permis de résoudre le problème, certains individus refusant de quitter leur campement. Quant au problème des dealers, la municipalité évoque la responsabilité des forces de l’ordre et de la justice, soulignant que la situation relève de leur compétence.


L’abbé Jean Pichon, curé de l’église Sainte-Eulalie, a assuré que la sécurité des paroissiens lors des offices n’était pas menacée, malgré la proximité des activités illégales. Toutefois, il a exprimé ses inquiétudes sur l’évolution de la situation, craignant que l’église ne se retrouve dans une situation similaire à celle de l’abbatiale Sainte-Croix, contrainte de fermer ses portes en journée en raison de problèmes de sécurité.


De son coté, la municipalité de Bordeaux envisage un projet de réhabilitation de la place Sainte-Eulalie, dans l’espoir de redonner de la vie à cet espace dégradé. Selon Laurent Guillemin, l’objectif est de restaurer l’animation du quartier : « Nous avons remarqué que lorsqu’il y a du passage et de la vie sur une place, les personnes qui y vivent de manière marginalisée s’en vont. » Ce projet de revitalisation, bien qu’encore au stade de l’ébauche, montre une certaine volonté de la mairie de répondre à cette problématique.


Notons que la situation de l’église Sainte-Eulalie reflète une problématique plus large à laquelle sont confrontées de nombreuses villes : la gestion de la précarité, la sécurité publique et la préservation du patrimoine notamment autour des églises. Les réponses à cette problématique, aussi bien sociales qu’institutionnelles, ne seront sans doute pas simples, mais elles sont nécessaires pour garantir la sécurité des fidèles.

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