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Procès pour abus de faiblesse : la Famille missionnaire de Notre-Dame devant la justice

Le procès de la Famille missionnaire de Notre-Dame, notamment celui du père Bernard, supérieur général de la communauté, s’ouvre ce jeudi au tribunal correctionnel de Privas, Ardèche. Les accusés font face à des accusations d'”abus de faiblesse” sur cinq victimes, pour des faits allégués survenus entre novembre 2015 et octobre 2020, comme le relate La Croix.

La procédure judiciaire découle de signalements émis par la Miviludes, qui avait exprimé des préoccupations concernant “des possibles dérives sectaires” au sein de cette communauté fondée en 1946 à Saint-Pierre-de-Colombier. Le rapport de la Miviludes, couvrant la période de 2018 à 2020, évoquait des témoignages détaillés pointant vers “une limitation drastique des contacts avec l’extérieur” et des pratiques pouvant influencer “de jeunes adultes peu structurés”. La communauté avait réfuté ces allégations, affirmant que ses membres étaient “libres, heureux et sereins”.

En 2021, le père Bernard, le supérieur de la Famille missionnaire de Notre-Dame (FNMD), avait qualifié de « calomnies » un article du quotidien régional Dauphiné Libéré sur de possibles « dérives sectaires » au sein de la congrégation, mentionnée dans le rapport 2018-2020 de la MIVILUDES. 

Outre le volet pénal, la Famille missionnaire de Notre-Dame est également sous surveillance ecclésiastique depuis plusieurs années. Une visite canonique en 2019 avait révélé des “difficultés préoccupantes concernant principalement l’exercice de l’autorité” et d’autres aspects de la vie communautaire, ce qui a conduit le Saint-Siège à nommer un assistant apostolique pour aider à restructurer l’organisation interne.

Le tribunal de Privas examinera également une question prioritaire de constitutionnalité et un recours en nullité déposés par la défense, soulevant des incertitudes quant à la date de l’examen au fond de cette affaire.

Retour sur la famille missionnaire de Notre Dame

La Famille missionnaire de Notre-Dame est une communauté catholique fondée en 1946 à Saint-Pierre-de-Colombier, Ardèche, et reconnue en 2005 comme institut de vie consacrée de droit diocésain dans le diocèse de Viviers. Son histoire est intimement liée à la dévotion à Notre-Dame des Neiges, inaugurée par la bénédiction d’une statue le 15 décembre 1946 par l’évêque Alfred Couderc.

L’origine de la communauté remonte au geste de femmes de l’Action catholique locales, qui, en 1944, ont demandé la protection de la Vierge lors du retrait allemand, marquant ainsi le début d’un engagement spirituel fort à Saint-Pierre-de-Colombier. Sous la direction du père Lucien-Marie Dorne et d’Augusta Bernard, la communauté se développe rapidement, accueillant des jeunes filles aspirant à une vie religieuse.

En 2005, l’évêque François Blondel érige la Famille missionnaire de Notre-Dame en institut de vie consacrée, officialisant ainsi son statut au sein de l’Église catholique. À la suite du décès de son fondateur en 2006, le père Gérard Pinède, connu sous le nom de père Bernard, prend la tête de la communauté. La congrégation obtient la reconnaissance de l’État français le 24 juin 2008.

Malgré cette reconnaissance, des préoccupations émergent au fil des années. En 2021, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) exprime des “inquiétudes sérieuses” concernant la communauté. Une visite apostolique en 2019, mandatée par les autorités vaticanes, met également en lumière des “difficultés préoccupantes”. En réponse, l’évêque émérite Jean-Christophe Lagleize est nommé assistant apostolique pour accompagner la communauté dans ses évolutions internes.

Aujourd’hui, la Famille missionnaire de Notre-Dame compte environ 150 membres répartis dans une quinzaine de foyers à travers la France, poursuivant son œuvre missionnaire tout en faisant face à des défis internes et externes qui marquent son histoire et sa réputation au sein de l’Église et au-delà.

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