C’est la question que l’on peut légitimement se poser. En 2019, la Ville de Rouen, face à sa déclaration d’incapacité de prendre en charge l’entretien de quatre de ses églises, a décidé de les céder à des investisseurs privés. Une décision qui semblait être la “solution miracle” à l’époque, mais qu’en est-il aujourd’hui ?
À première vue, on pourrait penser que tout se déroule comme prévu. Trois des quatre églises ont reçu des offres, et un jury a été constitué pour sélectionner les acquéreurs. Mais la réalité est bien plus nuancée.
Prenons le cas de l’église Saint-Nicaise, qui semble être la meilleure élève de la classe. Depuis sa reprise en 2020 par un gérant de brasserie, les travaux avancent progressivement. La cour intérieure a été temporairement transformée en terrasse de bar, puis en 2023, la nef de l’église a ouvert avec un bar temporaire. Cependant, il faudra encore attendre plusieurs années pour voir le projet final aboutir. On nous assure que les investisseurs aiment le patrimoine, mais les résultats concrets se font attendre.
Saint-Pierre-du-Châtel, quant à elle, a rencontré des difficultés majeures. Les plans des acquéreurs ont été contrariés par la présence de sépultures proches de l’église, ainsi que par des problèmes structurels. Les travaux pourraient enfin débuter d’ici 2024 ou 2025, mais rien n’est certain.
En ce qui concerne l’église Sainte-Croix-des-Pelletiers, c’est la déception totale. Les investisseurs qui avaient remporté l’appel à projets se sont retirés pour des raisons financières. Le projet de transformation en halles gourmandes et espaces de coworking est abandonné. La municipalité devra relancer un nouvel appel à projets, mais au moins les fouilles archéologiques sont déjà terminées, ce qui permettra de gagner du temps.
Et enfin, il y a l’église Saint-Paul, laissée pour compte. Aucun investisseur n’a montré d’intérêt, malgré une relance de l’appel à projets. La Ville laisse tomber l’idée de la cession à des investisseurs privés, et c’est la Métropole de Rouen qui reprend le dossier. Un projet d’arts contemporains et musicaux est envisagé, mais il faudra résoudre le problème de l’accessibilité de l’église.
En résumé, quatre ans après la décision de céder ces églises à des investisseurs privés, les résultats sont mitigés, voire décevants. Les chantiers avancent lentement, voire pas du tout pour certaines églises. La situation est loin d’être idéale, malgré les assurances données par la conseillère municipale en charge du patrimoine. On peut légitimement se demander si cette décision était vraiment la meilleure option pour sauver ces joyaux du patrimoine.
Source actu 76
