À la mort d’un pape, l’Église entre dans une période singulière appelée sede vacante – littéralement « siège vacant ». Ce temps particulier, entre le décès du souverain pontife et l’élection de son successeur, obéit à des règles précises, définies par la constitution apostolique Universi Dominici Gregis promulguée par saint Jean-Paul II. Voici comment se déroule cette période cruciale pour l’Église universelle.
La première étape est l’annonce officielle du décès du pape. Cette tâche revient au Camerlingue, un rôle actuellement tenu par le cardinal Kevin Farrell. C’est lui qui vérifie la mort du pontife, prend possession des appartements pontificaux et informe officiellement le Doyen du Collège des cardinaux, aujourd’hui le cardinal Giovanni Battista Re.
Le Doyen, bien qu’il n’ait pas d’autorité de gouvernement, agit comme le premier des cardinaux : il annonce le décès au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège et aux chefs d’État, puis convoque tous les cardinaux à Rome.
Dès l’annonce du décès, commence une période de neuf jours de deuil appelée novemdiales, au cours desquels des messes sont célébrées quotidiennement pour le repos de l’âme du défunt pontife. Le protocole comprend :
- L’exposition du corps du pape,
- Une procession jusqu’à la basilique Saint-Pierre,
- Le placement dans un cercueil de cyprès, scellé ensuite dans un cercueil de zinc, puis de bois,
- La messe de funérailles,
- L’inhumation dans la crypte vaticane, généralement entre le 4ᵉ et le 6ᵉ jour après la mort.
Pendant toute la durée du sede vacante, aucun pouvoir pontifical ne peut être exercé. Comme le stipule le n°1 de Universi Dominici Gregis, les décisions normalement du ressort du pape doivent « être réservées exclusivement au futur Pontife ». Le gouvernement de l’Église est donc réduit à la gestion des affaires courantes.
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C’est le Collège des cardinaux qui assume cette tâche. Réuni en Congrégation générale, il organise les funérailles, fixe la date du conclave et traite des urgences. Une Congrégation particulière, formée du Camerlingue et de trois cardinaux tirés au sort (renouvelés tous les trois jours), coordonne les services de la Curie romaine.
Le conclave doit débuter entre le 15ᵉ et le 20ᵉ jour suivant la mort du pape. Seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans y participent. Le vote se déroule à huis clos dans la chapelle Sixtine, et une majorité des deux tiers est nécessaire pour élire le nouveau pontife.
Dès que le cardinal élu accepte sa charge, il devient le pape légitime de l’Église catholique. Il choisit un nom et est présenté au peuple depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, avec les mots devenus célèbres : « Habemus Papam ! »
Le sede vacante n’est pas seulement une transition institutionnelle. Il est un temps fort pour l’Église tout entière, marquée par l’absence visible de son pasteur, mais soutenue par la prière et la confiance dans l’action de l’Esprit Saint. Les fidèles sont appelés à prier pour l’âme du pape défunt et pour le bon déroulement du conclave.
Alors, que se passe-t-il après la mort d’un pape ? Une période à la fois sobre et solennelle, codifiée et spirituelle, où l’Église, privée momentanément de son chef visible, s’abandonne à la Providence pour discerner celui que Dieu choisira pour succéder à saint Pierre.