À la demande du pape Léon XIV, un nouveau formulaire liturgique vient enrichir le Missel romain : la messe « pour la custodia creationis », ou « pour la protection de la création ». Le décret, publié ce jeudi 3 juillet 2025 par le cardinal Arthur Roche, préfet du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, s’inscrit dans une dynamique initiée par Laudato si’, tout en lui donnant désormais une place liturgique officielle.
Il s’agit, selon le texte, de permettre aux fidèles de « contempler le mystère de la création » et de « rendre grâce sans fin à la Très Sainte Trinité pour ce signe de sa bienveillance ». Le décret précise que « le mystère de la création est le commencement de l’histoire du salut, laquelle culmine dans le Christ », soulignant ainsi que la création n’est pas un simple décor naturel mais une réalité théologique profonde, orientée vers la rédemption. C’est dans cette perspective que la liturgie doit offrir un espace où cette gratitude peut s’exprimer et se renouveler.
Le texte, approuvé par le pape Léon XIV, affirme que « l’œuvre de la création est gravement menacée en raison de l’usage insensé et de l’abus des biens que Dieu a confiés à notre sollicitude ». En conséquence, un formulaire liturgique spécifique est désormais ajouté aux Messes pour diverses nécessités ou circonstances dans le Missel romain. Il comprend des oraisons spécifiques et des lectures bibliques adéquates, invitant à la prière pour la protection de la création.Le décret cite abondamment Laudato si’, mais également Benoît XVI, qui affirmait dans une homélie prononcée le 15 juin 2006 pour la Fête-Dieu : « Le monde, qui est sorti des mains de Dieu, retourne à Lui dans une adoration joyeuse et pleine. Dans le Pain eucharistique, la création est tendue vers la divinisation, vers les noces sacrées, vers l’unification avec le Créateur lui-même. » Cette citation témoigne d’une conception de l’Eucharistie comme point culminant de la relation entre l’homme, la création et Dieu.
« Que tes œuvres te louent, afin que nous t’aimions, et nous t’aimons, afin que tes œuvres te louent » (Augustin, Les Confessions, XIII, 33)
Ce nouveau texte intervient alors que le cardinal Roche fait l’objet d’interrogations croissantes quant à sa position sur la liturgie traditionnelle. Longtemps considéré comme l’un des principaux artisans des restrictions imposées à la messe selon le missel de 1962, il a récemment adopté un ton plus conciliant, déclarant en mars dernier qu’il n’y avait « rien de mal à participer à la messe célébrée selon le missel de 1962 ». Une inflexion que certains perçoivent comme une manœuvre stratégique tandis que d’autres y voient un discours incohérent ou tardivement opportuniste. Cette hésitation constante jette le trouble sur la cohérence de son engagement liturgique et sur sa compréhension réelle de la richesse spirituelle du rite ancien, que de nombreux fidèles continuent de défendre avec ferveur.
Cependant on ne peut que se réjouir de voir rappelé que le monde créé est un don, que sa beauté est signe de la bonté divine, et que l’homme, loin d’en être le propriétaire, en est le gardien.Il est néanmoins nécessaire d’ajouter une mise en garde essentielle. Si la prière pour la création est légitime et même souhaitable dans un monde où l’environnement est malmené, elle ne saurait devenir un nouveau centre de gravité pour la liturgie. La création est œuvre du Créateur et doit toujours ramener les cœurs vers Lui. La mission de l’Église ne peut se réduire à une sensibilisation écologique, si noble soit-elle. Le salut des âmes doit demeurer, dans la liturgie comme dans la pastorale, le seul et unique objectif de l’Église.
Texte intégral du décret (traduction française)
DÉCRET – Formulaire et lectures bibliques pour la Messe pour la protection de la création
« Que tes œuvres te louent, afin que nous t’aimions, et nous t’aimons, afin que tes œuvres te louent » (Augustin, Les Confessions, XIII, 33)
Le mystère de la création est le commencement de l’histoire du salut, laquelle culmine dans le Christ et reçoit du mystère du Christ une lumière décisive ; en effet, en manifestant sa bonté, « au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1,1), car dès l’origine, il pensait à la gloire de la nouvelle création dans le Christ. L’Écriture Sainte exhorte les hommes à contempler le mystère de la création et à rendre grâce sans fin à la Très Sainte Trinité pour ce signe de sa bienveillance qui, tel un trésor précieux, doit être aimé, protégé et en même temps développé, et transmis de génération en génération. En ce temps, il est clairement manifeste que l’œuvre de la création est gravement menacée en raison de l’usage insensé et de l’abus des biens que Dieu a confiés à notre sollicitude.
C’est pourquoi, il semble opportun d’ajouter au Missel Romain, dans les Messes « pour diverses nécessités ou circonstances », le formulaire de la Messe « pour la protection de la création ». Dans l’Eucharistie, « le monde, qui est sorti des mains de Dieu, retourne à Lui dans une adoration joyeuse et pleine. Dans le Pain eucharistique, “la création est tendue vers la divinisation, vers les noces sacrées, vers l’unification avec le Créateur lui-même” » (Benoît XVI, Homélie pour la Messe de la Fête-Dieu, 15 juin 2006).
C’est pourquoi l’Eucharistie est aussi source de lumière et de motivation pour nos préoccupations concernant l’environnement, et elle nous oriente pour être des gardiens de toute la création » (Laudato si’, n. 236). Ce formulaire, accompagné des lectures bibliques appropriées, rédigé en langue latine et annexé au présent décret, a été approuvé par le Souverain Pontife LÉON XIV, qui en a ordonné la publication. Le Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements le promulgue maintenant et le déclare texte typique.
Nonobstant toute disposition contraire.
Depuis le siège du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le 8 juin 2025, en la solennité de la Pentecôte.
Arthur Card. Roche
Préfet
- Vittorio Francesco Viola, O.F.M.
Archevêque Secrétaire » Source Vatican
