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Chora. Le Christ tire Adam et Eve hors des sarcophages.
Chora. Le Christ tire Adam et Eve hors des sarcophages.

Quelle réponse chrétienne à apporter face aux dirigeants turcs ?

Par le frère dominicain Edouard Divry

“Après avoir converti Sainte-Sophie en mosquée, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait réitéré, lundi 13 mai 2024, mémoire du début des apparitions de Notre Dame de Fatima, que l’église byzantine Saint-Sauveur-in-Chora, située à Istanbul, serait convertie en mosquée, en dépit des contestations de la Grèce. C’est chose faite.

Politiquement, au niveau du parlement européen, dont les élections auront lieu le 9 juin prochain , il n’y aura plus qu’à formuler un non ferme et massif à l’entrée de la Turquie en Europe comme le fait déjà la République de Chypre dépecée au nord de l’île par les troupes d’Ankara depuis 1975.

Mr Erdogan refuse l’expression d’islam modéré la considérant comme une insulte à l’islam. Il n’y a qu’un islam qui s’appuie sur le Coran lequel contient plus d’une centaine d’appel au qital (égorgement hallal) et une vingtaine au Djihad (guerre sainte) : le petit Djihad étant une guerre d’expansion dans le Dar al-Harb, le grand Djihad pouvant s’interpréter chez certains comme lutte intérieure dans le Dar al-Islam. Il n’y a que deux maisons en droit musulman : Dar al-Islam ou « domaine de la soumission à Dieu » [ce qui est soumis à la charia] et Dar al-Harb, le « domaine de la guerre » [ce qui n’est pas encore conquis et où la taqya (simulation) est permise]. Il n’existe pas d’intermédiaire possible, donc la trêve ou le pacte ne peuvent être que provisoires.

La Turquie a un passé plein de sang chrétien. Alors que les Européens exigeaient au XIXe s. auprès de la Sublime Porte une protection pour les Arméniens chrétiens, le sultan Abdülhamid II, connu en Europe sous le nom du « Sultan rouge » ou encore du « Grand Saigneur », répondit par une série de massacres.

Ce sont les massacres hamidiens perpétrés par l’armée hamidiyeh. Dans toute l’Anatolie, le Haut-plateau arménien et jusqu’à Constantinople, entre 1894 et 1896, ce sont plus de 200 000 Arméniens qui sont tués, quelque 100 000 islamisés de force et plus de 100 000 femmes enlevées pour être envoyées dans des harems. La position turque diminue ces chiffres à quelques dizaines de milliers.

Ces massacres, qui précèdent de deux décennies le génocide arménien, valent au sultan le surnom de Kızıl Sultan, le « Sultan Rouge » ou le « Grand Saigneur ». Les massacres hamidiens, de 1894 à 1896, constituent le prélude de ce qui sera appelé le génocide arménien, la première série d’actes criminels de grande ampleur perpétrés contre les Arméniens de l’Empire ottoman.

Les Kurdes, assistés par les hamidiés, régiments de cavalerie kurde, venus en renfort, assiègent puis massacrent du 18 août au 10 septembre 1894 la population arménienne de Sassoun, démarrant une vague de massacres à travers tout l’Empire Ottoman qui durera jusqu’en 1896. Le bilan de ce massacre est estimé à environ deux cent mille morts, cent mille réfugiés, cinquante mille orphelins, quarante mille convertis de force, deux mille cinq cents villages dévastés, cinq cent soixante-huit églises détruites ou transformées en mosquées.

Les Jeunes-Turcs en prenant le pouvoir ont estimé que les chrétiens ne leur pardonneraient jamais ce premier massacre. Le plus simple était de l’achever. Il se prolongera longtemps après la fin de la 1re guerre mondiale (11 nov. 1918) sous Mustapha Kemal Atatürk. Les troupes françaises évacuèrent la Cilicie, au sud de la Turquie actuelle, et dans la nuit du 10 au 11 février 1920 la ville de Marach sans en prévenir les habitants chrétiens qui seront massacrés par les Turcs le matin du 11 février 1920.

Au total, 30 000 Arméniens furent massacrés par les Turcs lors de l’abandon de la Cilicie par l’armée française, dont 12 000 à Marach, 13 000 Arméniens et Grecs à Hadjine et dans les villages environnants, 3 000 à Zeïtoun. Les Arméniens survivants s’exilent en Syrie, au Liban ou dans les pays européens.

On arrive alors au chiffre minimum total de 1.500.000 massacrés par ce laïcide musulman.

Le cas le plus éclairant sur la porosité de l’islam dans cette affaire est celui de Talaat Pacha (m. 1921). Il est grand maître d’une loge maçonne et ministre de l’intérieur. C’est lui le déclencheur direct, sous prétexte de djihad, de ce laïcide chrétien. Le laïcide est à bien distinguer d’un génocide. C’est la mort organisée de tout le peuple [en grec, laos] chrétien (et non d’une seule ethnie ou d’un seul rit), toute confession confondue [assyro-chaldéenne, Arménienne, grecque-orthodoxe].

Avoir ouvert de manière inconsidérée nos frontières occidentales et avoir perpétré cette imprudence sous prétexte de droit du sol, cela met l’Europe en situation d’invasion. Nous n’avons à notre avantage que le fait que l’histoire ne se reproduit pas, que la France a un destin, et que l’erreur suscite des hommes de foi pour s’opposer au mal (cf. 1 Co 11, 19).

Dès que des membres du Corps du Christ croisent une femme voilée (hijab, niqab ou autre), ou des hommes en djellabas ostentatoires, il ne convient pas de se mettre en colère – cela ne sert de rien – mais seulement de prier : « De l’islam, délivre-nous », de la même manière que l’on prie : « De la peste et du choléra, délivre-nous, Seigneur », car « la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu » (Jc 1, 20).

Fr. Edouard Divry o. p.”

Dominicain, docteur en théologie et licencié en philosophie, spécialiste du dialogue avec le judaïsme et l’islam, aumônier de prison, le frère Édouard Divry prêche régulièrement des retraites en France et à l’étranger.

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