On parle de lui comme du futur pape, successeur de François. Le Cardinal Anders Arborelius, évêque de Stockholm et premier cardinal suédois de l’histoire, émerge de plus en plus comme un candidat potentiel pour le Saint-Siège. Né luthérien et converti au catholicisme, il incarne un paradoxe vivant, un homme de foi solide et de dialogue, à la fois respectueux des traditions et ouvert aux réalités contemporaines.
Né en 1949 en Suisse dans une famille luthérienne, Anders Arborelius a grandi dans un environnement où le protestantisme domine. À 20 ans, il décide de se convertir au catholicisme, un choix radical dans une société où l’Église luthérienne occupe une place centrale. Quelques années plus tard, inspiré par la biographie de sainte Thérèse de Lisieux, il rejoint l’ordre des carmélites et devient prêtre en 1979, à l’âge de 30 ans. Sa vocation de prêtre s’accompagne d’un engagement profond envers l’Église catholique, une voie qui marquera son futur apostolat.
En 1998, son parcours prend une dimension historique : il devient évêque de Stockholm, le premier évêque d’origine suédoise depuis des siècles, une nomination significative dans un pays où le catholicisme représente une minorité face au luthéranisme dominant. En 2017, le pape François le fait cardinal, une reconnaissance de son engagement pastoral et œcuménique.
Le cardinal Arborelius se distingue par son approche pragmatique et profonde de l’œcuménisme. Dans un pays où les catholiques représentent moins de 2 % de la population, l’appel au dialogue avec les autres confessions chrétiennes est au cœur de son ministère. Monseigneur Arborelius ne se contente pas de promouvoir un œcuménisme théorique : il l’incarne au quotidien, à travers ses actions et son travail pastoral. Il a joué un rôle clé dans la construction d’un pont entre l’Église catholique et l’Église luthérienne en Suède, cherchant à rapprocher les deux traditions tout en préservant l’identité de chacune.
Lors du Synode des évêques d’octobre dernier, Monseigneur Arborelius a pris une position claire en affirmant que le vrai débat du Synode ne devait pas être centré sur l’ordination des femmes diacres, mais plutôt sur la question de leur rôle dans l’Église. Il a souligné qu’il était essentiel d’accorder davantage de place aux femmes, mais que cet espace ne devait pas nécessairement être créé par l’ordination. Sa position, fidèle à la doctrine catholique, a été saluée à la fois par les progressistes et les conservateurs.
Monseigneur Arborelius a également défendu les droits des migrants et des réfugiés, appelant à une plus grande solidarité face aux défis humanitaires contemporains. Par ailleurs,dans un pays où la sécularisation est omniprésente et où le catholicisme reste marginal, le cardinal n’a jamais hésité à intervenir publiquement pour défendre les valeurs chrétiennes de dignité humaine. Son implication dans des mouvements comme « Respect – Mouvement catholique pour la vie », qu’il a fondé en 2001, témoigne également de son engagement pour la défense de la vie, notamment face aux défis éthiques contemporains et à l’avortement.
Comme il l’a déclaré dans un discours de 2009 : « La défense de la vie ne commence pas à la naissance, mais dès la conception. Nous devons être les défenseurs des plus faibles, ceux qui ne peuvent pas se défendre eux-mêmes. » Son engagement dans des questions éthiques, en particulier celles liées à la bioéthique, fait de lui un pilier de la défense de la dignité humaine, tant sur le plan spirituel que dans les débats publics.
En Suède, un pays où plus de 90 % de la population se déclare non pratiquante, l’Église catholique est un petit troupeau, comme le dit souvent le prélat suédois. Mais ce petit nombre ne l’empêche pas de voir dans cette réalité une opportunité pour évangéliser de manière créative, sans renier l’essence de la foi. Chaque année, environ une centaine de personnes se convertissent grâce à l’effort pastoral de ce cardinal. Son approche repose sur la prière et la fidélité à l’enseignement traditionnel de l’Église, dans un pays où la foi chrétienne est souvent mise en retrait. Malgré la petite taille de la communauté catholique suédoise, il considère cette condition de minorité comme un point fort : « En Suède, l’Église est un petit troupeau, mais cela nous donne une grande liberté. Nous ne sommes pas là pour impressionner, mais pour témoigner de l’Évangile dans la simplicité. »
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Pourquoi Monseigneur Arborelius est-il souvent perçu comme un « papabile » ?
Tout d’abord, il incarne une figure d’unité, de dialogue et de foi solide. Dans un monde où les fractures au sein de l’Église se multiplient, il apparaît comme un homme capable de concilier tradition et réforme. Son expérience dans un pays largement sécularisé, où il a dû faire face à l’indifférence religieuse et à des décennies de persécution de la part des autorités protestantes, le place dans une position unique pour guider l’Église dans les défis contemporains.
Son charisme discret, sa sagesse théologique et sa capacité à fédérer différents courants au sein de l’Église en font un choix naturel pour un conclave qui pourrait rechercher un pape capable de maintenir l’unité de l’Église tout en poursuivant les réformes lancées par François. Loin d’être un cardinal médiatique ou intéressé par les projecteurs, Monseigneur Arborelius est présenté comme incarnant l’image d’un leader spirituel de prière et de réflexion, ce qui est indispensable pour celui qui pourrait être appelé à diriger l’Église universelle.
Le cardinal a également évoqué son expérience de l’évangélisation dans des contextes difficiles, notamment son travail auprès des réfugiés. Il se souvient notamment de l’histoire d’un jeune réfugié musulman, qui, après une rencontre avec lui, décida de se faire baptiser. « Ce jeune homme, qui avait traversé tant de souffrances, a trouvé dans le catholicisme une foi qui lui donnait de l’espoir, une nouvelle raison de vivre. » Cette histoire témoigne de son approche pastorale, empreinte de compassion et de capacité à transformer des vies par l’amour du Christ.
Porteur d’un certain engagement œcuménique, d’un leadership spirituel et d’un charisme naturel, le cardinal Anders Arborelius représente pour certains un modèle pour l’avenir de l’Église. Sa nomination éventuelle comme pape apparaitrait comme une continuation des réformes actuelles proposées par le pape François. En cette veille de conclave,Monseigneur Arborelius pourrait bien être celui que les cardinaux choisiraient pour devenir le nouveau Saint père.