Cinq ans après l’incendie criminel qui avait frappé son cœur, la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul de Nantes s’apprête à rouvrir ses portes. Le 18 juillet 2020, Emmanuel Abayisenga, un ressortissant rwandais de 42 ans, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français depuis 2019, mettait volontairement le feu à l’édifice gothique. Trois foyers d’incendie étaient allumés, détruisant notamment le grand orgue, véritable « âme sonore » de la cathédrale, l’orgue de chœur, ainsi qu’un tableau du peintre Hippolyte Flandrin datant du XIXe siècle. Le préjudice a été estimé à plus de 40 millions d’euros. L’État, propriétaire de l’édifice, a dû engager d’importants travaux de dépollution et de restauration. Condamné en mars 2023 à quatre ans de prison ferme, l’auteur des faits avait reconnu sa responsabilité en parlant d’une « perte de contrôle ».
La dépollution, rendue nécessaire par les particules de plomb issues de la fonte de l’orgue et des vitraux, a duré deux ans. Puis vinrent les longues phases de consolidation et de restauration, mobilisant artisans, maîtres d’art et spécialistes du patrimoine. Chaque pierre, chaque voûte et chaque détail architectural ont été inspectés, témoignant de la volonté de rendre à la cathédrale sa beauté originelle. La reconstruction du grand orgue, détruit par les flammes, constitue l’un des chantiers majeurs. Instrument unique, il accompagnait les liturgies depuis plusieurs siècles et faisait résonner dans la nef les grandes pages de la musique sacrée. Sa disparition avait laissé un vide immense, tant sur le plan artistique que spirituel.
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Pour les fidèles comme pour les Nantais, la réouverture de la cathédrale dépasse la simple restauration d’un monument. Elle marque le retour à la vie d’un lieu qui, depuis le XVe siècle, est au centre de la foi, des grandes célébrations diocésaines et de l’identité de la ville. La conférence de presse devrait préciser le calendrier des cérémonies inaugurales. Tout laisse penser qu’une liturgie solennelle sera célébrée, afin de rendre grâce pour cette renaissance et de redonner à l’édifice sa vocation première : être une maison de prière et de communion.Si l’incendie de 2020 reste une blessure vive dans la mémoire collective, la réouverture prochaine est vécue comme un signe d’espérance. L’épreuve aura révélé la résilience des catholiques ,unis dans la sauvegarde de leur patrimoine religieux et culturel. Nantes s’apprête désormais à tourner la page de ce drame. Dans quelques semaines, les portes de la cathédrale s’ouvriront de nouveau, et sa nef résonnera à nouveau de prières, de chants et, bientôt, des harmonies retrouvées de son orgue.