Il y a trois semaines, nous avons relayé l’indignation et la peine d’un collectif de prêtres du diocèse de Strasbourg qui dénonçaient un climat devenu intenable et demandaient officiellement une visite apostolique. Leur appel exprimait un profond sentiment de trahison et de honte, lié aux scandales et aux réseaux d’influence qui minent la vie diocésaine.
Face à cette initiative, l’archevêque de Strasbourg, Mgr Pascal Delannoy, a adressé le 18 septembre une lettre aux prêtres du diocèse. Tout en exprimant son « étonnement devant une démarche anonyme« « publiée dans les colonnes de Tribune chrétienne, il a invité les membres du presbyterium à en discuter « au fond des choses » lors de leur prochaine rencontre, afin de « nommer objectivement les dysfonctionnements et d’y remédier.«
Cette réunion est désormais fixée au mardi 14 octobre 2025 au sanctuaire Notre-Dame des Trois-Épis, avec pour ordre du jour un échange « en toute vérité » sur les articles parus dans la presse catholique et régionale. Le climat s’annonce donc lourd, tant la défiance et les attentes sont fortes.
Mais l’indignation ne vient pas seulement du clergé. Des fidèles eux aussi prennent la parole pour exprimer leur incompréhension et leur colère face à certaines nominations contestées. C’est le cas de Caroline K., paroissienne d’Erstein, qui nous a adressé une lettre forte et sans détour. Elle y exprime son indignation après les nominations d’Hubert Schmitt ( qui a démissionné depuis) et de Mgr Gilles Reithinger, interroge la gouvernance actuelle et appelle à un renouvellement courageux.
Nous publions ci-dessous l’intégralité de son texte
« Il s’ est passé trois semaines depuis que nous avons appris les nominations cet été d’Hubert Schmitt et Gilles Reithinger.
Apparemment ils étaient en poste depuis décembre l’année dernière -certainement pour prendre la température- et confirmés par les nominations cet été. Comment peut-on promouvoir au sein d’un diocèse des personnes qui ont ou ont eu des affaires avec la justice concernant des sujets aussi graves que les abus sexuels ?
Certes Hubert Schmitt a démissionné sous la pression ( merci aux courageux articles de Tribune chrétienne « les prêtres du diocèse de strasbourg demandent une visite apostolique »), celui des DNA » retours controversés dans le diocèse de strasbourg » celui aussi de « rue 89″ . M Schmitt, disais-je, a démissionné : qu’a t’il écrit pour se justifier : » devant l’émoi suscité…et après trois ans d’enquête approfondie… » !!! COMMENT PEUT-ON ?
Il a été relaxé pour PRESCRIPTION des faits, sa victime ayant mis trente ans avant de pouvoir mettre des mots sur le traumatisme et dénoncer ! La victime, Emmanuel Siess, s’était confiée à Mgr Ravel, qui ,lui, avait pris les choses en main immédiatement et fait le signalement à la justice. Comment M, Schmitt en tant que prêtre, peut-il ajouter de la souffrance sur un traumatisme d’abus en se justifiant de la sorte ? En écrivant qu’il a été blanchi après trois ans d’enquête , il sous-entend évidemment que la victime aurait menti ! Où est sa conscience , sa notion du bien et du mal ?
Y a- t-il chez lui autre chose qu’une soif de faire carrière pour accepter un poste de vicaire général après qu’il ait été visé dans une affaire pareille ? D’ailleurs, sur cette affaire, y a t’il eu une enquête canonique, si oui, quelles conclusions ?
Passons maintenant au deuxième personnage de cette promotion : Monseigneur Reithinger. Pourquoi lui-même a-t’il accepté une promotion-nomination cet été ? Il semble qu’il soit toujours visé dans une enquête canonique, il fait l’objet d’accusations par un prêtre des MEP et plusieurs séminaristes « d’avoir été une sorte d’initiateur sexuel au sein d’un réseau gay…Au vu de ces seules accusations » cf articles publiés en juin 2023 par, « La Croix » , « Famille chrétienne » , et « la Vie ».
Il aurait aussi « oublié » de dénoncer une tentative de viol perpétrée par son prédecesseur. Il nie tous ces faits mais fait toujours l’objet d’une enquête canonique. Avons-nous des conclusions qui pourraient justifier son maintien à son nouveau poste ?
Hubert Schmitt a -t’il démissionné pour faire taire les méchants râleurs et sauver la peau du soldat Reithinger ?
Au vu de tous ces éléments, par égard pour toutes les victimes de prédateurs, de telles nominations sont inadmissibles. Le diocèse de Strasbourg semble être dirigé par une république des copains , y faisant la pluie et le beau temps.
Pourquoi, lors de son arrivée, Mgr Delannoy n’a t’il pas, comme son presbyterium le lui avait paraît-il suggéré, débarqué tout l’ancien staff, et commencé sur de nouvelles bases ? Il est notre nouvel évêque, pas le pantin de l’ancienne équipe, celle-là même qui s’était fixée comme objectif de faire tomber Ravel , qui faisait bien trop consciencieusement le ménage dans le domaine des abus justement…
Mgr Delannoy aurez-vous le courage de vous entourer d’une nouvelle équipe ?
Caroline K, paroissienne d’Erstein. »
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