Prêtre, 34ème docteur de l’Église (+ 1569)
Né en 1502 près de Tolède, dans une Espagne encore marquée par les tensions religieuses, Jean d’Avila était le fils de juifs convertis. Très tôt, il montre une intelligence vive et une âme tournée vers Dieu. À quatorze ans, il entre à l’université de Salamanque où ses maîtres reconnaissent en lui un esprit pénétrant, capable d’exprimer avec clarté le fond de sa pensée. Mais ce jeune homme, promis à une brillante carrière, choisit l’humilité de la Croix.
Il vend ses biens au profit des pauvres après la mort de ses parents et se consacre au sacerdoce. Ordonné à Alcalá, il débute une prédication si ardente que ses auditeurs se comptent bientôt par milliers. Le Christ qu’il annonce n’est pas une idée, mais une personne vivante qu’il faut aimer, connaître, et imiter. Parmi ceux que sa parole convertit profondément : saint Jean de Dieu, fondateur des Frères hospitaliers, saint François de Borgia, jésuite, ou encore sainte Thérèse d’Avila, qui puisa dans sa doctrine spirituelle.
Jean d’Avila n’est pas un prédicateur mondain. Il demande la conversion du cœur, une connaissance intime de Dieu et de soi-même, un amour profond de la Vérité. Cela dérange. L’Inquisition, redoutant son influence, l’emprisonne à tort. Mais, selon la belle expression du pape Paul VI, il « domina ces épreuves par une intense spiritualité ». Jean d’Avila accepte la calomnie comme une grâce : « J’ai partagé un peu de la vie du Crucifié », dira-t-il plus tard, avec une paix désarmante.C’est dans sa cellule qu’il écrira une grande partie de sa doctrine spirituelle, qui marquera durablement le Siècle d’Or espagnol. Ses lettres, encore lues aujourd’hui, portent la marque d’un homme entièrement uni au Christ, pénétré de la sagesse des Évangiles et habité par le souci de l’âme de ses frères. Il meurt à Montilla, en Andalousie, le 10 mai 1569, après avoir sillonné les routes d’Espagne pour y enflammer les cœurs.
Canonisé en 1970 par Paul VI, proclamé docteur de l’Église par Benoît XVI en 2012, saint Jean d’Avila est devenu, selon les mots mêmes du pape émérite, une figure essentielle de la « nouvelle évangélisation ». Ce prêtre de feu, enraciné dans la Tradition mais tourné vers l’avenir, fut donné à l’Église comme un modèle d’unité entre vie intérieure et mission apostolique.
Lors des JMJ de Madrid en 2011, Benoît XVI annonçait déjà cette reconnaissance imminente : « Je déclarerai prochainement saint Jean d’Avila, prêtre, docteur de l’Église universelle. » Le 7 octobre 2012, cette parole se fit acte. En lui, la lumière du Christ a parlé à une époque en mutation. En lui, l’Église trouve encore aujourd’hui un guide sûr pour traverser les épreuves et revenir à l’essentiel : la charité de Dieu répandue dans les cœurs.
Avec Nominis