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Léon XIV : le pape aux racines normandes, créoles et cubaines

Léon XIV - DR
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Élu le 8 mai 2025, le pape Léon XIV, né Robert Francis Prevost, incarne un héritage profondément ancré dans l’histoire de France, de Louisiane et de Cuba. De Saint-Pierre-sur-Dives à La Nouvelle-Orléans, en passant par Le Havre et Guadeloupe, retour sur une généalogie aussi inattendue que révélatrice

C’est un souffle nouveau, porté par des siècles d’histoire mêlée, qui s’est levé sur la place Saint-Pierre. Le 8 mai 2025, le conclave a élu le 267e successeur de Pierre : Robert Francis Prevost, devenu le pape Léon XIV. Derrière ce nom pontifical se cache une lignée singulière, tissée de Normandie, de Paris, de la Louisiane créole, de la Guadeloupe, de Cuba et même de Monaco.

Selon un arbre généalogique publié sur le site Geneanet à la suite de l’élection du nouveau pape, Léon XIV descend notamment de familles établies en Normandie dès le XVIIIe siècle. Par sa grand-mère paternelle Suzanne Marie Louise Fontaine, gouvernante arrivée aux États-Unis en 1915, il est issu d’une lignée originaire du Havre. Née en 1894, cette dernière était la fille d’Ernest Fontaine, pâtissier à Saint-Pierre-sur-Dives, et de Jeanne Eugénie Prévost, née à Paris en 1864. La branche Fontaine remonte jusqu’à Jean François Fontaine, cultivateur né en 1786 à Clinchamps-sur-Orne.

Côté maternel, les origines françaises se doublent d’un héritage créole bien ancré dans la Louisiane du XIXe siècle. Le grand-père maternel du pape, Joseph Nerval Martinez, né à La Nouvelle-Orléans en 1864, était fabricant de cigares. Il était le fils de Jacques Martinez, marin, et de Marie Rose Ramos. Tous deux sont qualifiés dans les registres d’état civil comme « mulâtres », témoignant d’un héritage métissé caractéristique de la société louisianaise d’alors.

Toujours selon Geneanet, cette ascendance créole plonge ses racines dans une société où se côtoyaient affranchis, femmes libres de couleur et descendants d’immigrés européens. L’arrière-grand-mère du pape, Marie Rose Ramos, descendait ainsi de Julienne Jacquet Montreuil, décrite comme « quarteronne libre », née en 1796. On y retrouve aussi Catherine Réaux, femme de couleur libre née à La Nouvelle-Orléans en 1788. Plus loin encore dans l’arbre apparaissent Jean Pierre Baquié, né en 1752 à Monein dans les Pyrénées, et mort en Guadeloupe, ainsi que Marie Thérèse Rancurel, née à Marseille et décédée en Louisiane.

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Ce brassage des origines, loin d’être anecdotique, confère à Léon XIV un profil singulier. Il est le fils de Louis Marius Prevost, professeur d’origine franco-italienne, et de Mildred Agnes Martinez, issue d’une lignée créole. Né en 1955 à Chicago, dans un quartier populaire de l’Illinois, il est l’héritier de plusieurs mondes : ceux des immigrés européens, des descendants d’esclaves affranchis, des pionniers et des familles modestes ayant traversé les bouleversements du XIXe siècle.

On retrouve dans sa lignée un commis des fermes royales à Marseille, un musicien de cour à Modène, un négociant en Guadeloupe, un pâtissier normand, des jardiniers de Seine-Maritime, un épicier de La Nouvelle-Orléans, ou encore des cultivateurs du Calvados. Une fresque humaine impressionnante par sa diversité et sa cohérence.

Léon XIV est ainsi, au sens plein du terme, un pape catholique, c’est-à-dire universel. Il incarne cette Église qui accueille toutes les nations, tous les peuples, toutes les histoires. Son élection rappelle que l’universalité de l’Église n’est pas un concept abstrait, mais une réalité incarnée, portée par des vies entremêlées. Une Église vivante, enracinée dans l’histoire, ouverte à l’avenir.

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