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Saint Thomas d’Aquin

"La charité est la forme de toutes les vertus." (Somme théologique, II-II, q. 23, a. 8)

Frère prêcheur, docteur de l’Église (+ 1274)

Né vers 1225 dans une noble famille napolitaine, Thomas d’Aquin fait partie des figures intellectuelles les plus influentes de l’histoire chrétienne. Dès son enfance, il est envoyé à l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin, mais c’est à 19 ans qu’il fait le choix audacieux de rejoindre l’Ordre des Frères Prêcheurs, alors tout juste fondé par saint Dominique. Cette décision provoque une vive réaction de sa famille, qui tente de l’empêcher par tous les moyens, même en l’enfermant. Cependant, la vocation de Thomas est plus forte, et un an plus tard, il peut enfin rejoindre les dominicains, une communauté mendiante, tournée vers l’étude et la prédication, et peu prisée par les élites de l’époque.

Envoyé à Paris pour y poursuivre ses études à l’Université, il devient l’élève de saint Albert le Grand, qui l’initie aux enseignements aristotéliciens. Pour Albert, la raison humaine doit être utilisée pour comprendre la vérité révélée, et c’est en suivant cette voie que Thomas d’Aquin va forger une synthèse inédite entre la philosophie aristotélicienne et la théologie chrétienne. Ce mariage audacieux entre la foi et la raison va constituer l’essence même de son œuvre, particulièrement dans sa “Somme Théologique”, qui reste l’un de ses écrits les plus célèbres.

Saint Thomas ne se contente pas de théoriser ; il devient également professeur, tout en se confrontant à des intellectuels et théologiens qui remettent en question la place de la raison dans la foi chrétienne. Son travail de réflexion et ses réponses argumentées aux critiques de son époque sont remarquables. Sa “Somme Théologique” est une œuvre monumentale de 512 questions et 2.669 articles, dans laquelle il s’efforce de répondre de manière systématique et ordonnée à toutes les grandes questions de la foi chrétienne, en s’appuyant sur la Bible, la tradition des Pères de l’Église et la philosophie.

La foi, la raison et l’incarnation du Verbe

L’une des grandes contributions de Saint Thomas d’Aquin à la théologie chrétienne est sa réflexion sur le mystère de l’incarnation du Christ. Il explique que la foi chrétienne repose sur la révélation divine, mais que cette foi doit être éclairée par la raison humaine. À travers l’incarnation du Verbe, Thomas démontre que Dieu s’est fait homme pour sauver l’humanité et offrir un exemple vivant de l’amour divin. Il insiste sur le fait que la foi chrétienne est renforcée par ce mystère : l’espérance se nourrit de la certitude que le Fils de Dieu a vécu parmi nous, unissant ainsi la divinité à l’humanité dans une union parfaite.

En particulier, Thomas s’intéresse au mystère eucharistique, qu’il considère comme une source essentielle de la grâce divine. Il y voit une manifestation concrète de l’amour de Dieu pour l’humanité, un acte de charité où le Créateur se fait créature pour nourrir ses créatures. Son amour pour ce sacrement est au cœur de sa théologie, et il encourage les fidèles à participer activement à l’Eucharistie pour recevoir la grâce divine.

Un maître de la sagesse chrétienne

Au-delà de ses travaux théologiques, Saint Thomas d’Aquin a également laissé une profonde empreinte dans la manière dont la philosophie et la théologie chrétiennes se sont développées. Son œuvre a eu un impact durable sur la pensée chrétienne et sur l’enseignement théologique au sein de l’Église catholique. Il a été proclamé Docteur de l’Église en raison de la richesse et de la profondeur de sa pensée, et sa philosophie est toujours étudiée et admirée dans les écoles et universités chrétiennes du monde entier.

Saint Thomas d’Aquin est un exemple de dévotion intellectuelle, où la quête de la vérité se mêle à une foi profonde et inébranlable. À travers ses écrits et ses enseignements, il nous invite à chercher Dieu non seulement par la foi, mais aussi par la raison, en cherchant à comprendre et à intégrer la révélation divine dans notre compréhension du monde.

La fin d’une vie dédiée à la vérité

La fin de la vie de Saint Thomas d’Aquin est marquée par son engagement incessant à poursuivre l’œuvre théologique qu’il avait entreprise. En 1274, alors qu’il se rend à Lyon pour participer au Concile de Lyon, il meurt en chemin, au monastère de Fossanova dans le Latium. Il avait alors 49 ans. Même après sa mort, son héritage continue d’influencer l’Église et les penseurs chrétiens. Son corps est transféré à Toulouse en 1369, où il demeure un symbole de sagesse chrétienne et de foi éclairée.

En 2010, le Pape Benoît XVI a souligné l’importance de Saint Thomas d’Aquin pour la théologie contemporaine, en particulier pour son exploration de la relation entre foi et raison, sa compréhension du mystère de l’incarnation et de l’Eucharistie, ainsi que sa vision de la loi divine. Il a encouragé les chrétiens à suivre l’exemple de Saint Thomas, notamment en ce qui concerne la dévotion à l’Eucharistie et la recherche constante de la vérité à travers la prière et l’étude.

À travers ses écrits et son influence intellectuelle, Saint Thomas d’Aquin a permis à la théologie chrétienne de se développer en profondeur, en harmonisant foi et raison. Aujourd’hui encore, sa pensée reste un phare pour les théologiens et les croyants, qui continuent de chercher à comprendre le mystère divin à la lumière de sa sagesse. Saint Thomas nous rappelle que la quête de la vérité est un chemin qui exige de la foi, de la raison et, surtout, de l’humilité devant le mystère de Dieu.

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