Fondatrice de l’Ordre de la Visitation-Sainte-Marie, sainte Jeanne-Françoise de Chantal (1572-1641) demeure une figure marquante de la spiritualité salésienne et de l’histoire de l’Église en France.
Née Jeanne Françoise Frémyot à Dijon, fille du président du Parlement de Bourgogne, elle grandit dans un foyer profondément attaché à la foi catholique, en pleine période des Guerres de Religion. À 20 ans, elle épouse le baron Christophe de Rabutin-Chantal, qu’elle aime d’un grand amour. Épouse attentive et mère dévouée, elle connaîtra pourtant la douleur de perdre deux de ses six enfants en bas âge.À 28 ans, un drame bouleverse sa vie : son mari meurt accidentellement lors d’une partie de chasse. Accablée par la peine et la rancune envers l’auteur involontaire du coup fatal, elle traverse une période de désarroi spirituel. C’est en 1604, en entendant saint François de Sales prêcher le carême à Dijon, qu’elle reconnaît en lui le guide spirituel capable de l’aider à trouver la paix intérieure.
De cette rencontre naît une profonde amitié spirituelle et une collaboration féconde. Après avoir assuré l’avenir de ses enfants, Jeanne-Françoise fonde avec l’évêque de Genève, en 1610 à Annecy, l’Ordre de la Visitation-Sainte-Marie. Cette congrégation, pensée pour accueillir aussi des femmes de santé fragile, allie vie intérieure, douceur évangélique et service des pauvres et des malades.Voyageuse infatigable, elle parcourt la France pour établir et visiter les monastères de l’Ordre, veillant à préserver l’esprit de saint François de Sales. Ses écrits personnels témoignent d’une foi ardente, parfois éprouvée par de longues tentations contre la foi, mais toujours centrée sur l’amour de Dieu. « Ah ! Si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’amour », confiait-elle.
Elle meurt à Moulins le 13 décembre 1641, laissant derrière elle une œuvre spirituelle durable et une congrégation florissante. Sa mémoire liturgique, longtemps fixée au 21 août, est aujourd’hui célébrée le 12 août depuis 2003.Au martyrologe romain, l’Église se souvient d’elle comme d’une femme qui, guidée par saint François de Sales, entra résolument dans la voie de la perfection, dirigea son ordre avec sagesse et se dévoua aux plus pauvres. Sa parole résonne encore : « Ne vous retournez jamais sur vous-même. Regardez seulement Dieu et laissez-le faire, vous contentant d’être toute sienne en toutes vos actions. »
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