Et leurs 46 compagnons, martyrs à Lyon (+ 177)
« La violence de la persécution a été telle (…) que nous ne saurions la décrire complètement. » C’est par ces mots que les Églises de Lyon et de Vienne débutèrent leur lettre bouleversante aux chrétiens d’Asie Mineure, relatant la fureur des païens et les souffrances endurées par les bienheureux martyrs. Cette lettre, peut-être rédigée par saint Irénée, successeur de saint Pothin, demeure l’un des témoignages les plus saisissants de la foi chrétienne naissante dans l’Occident romain.
Tout commence par l’arrestation de nombreux fidèles lyonnais et viennois. Parmi eux : saint Pothin, évêque venu de Smyrne et disciple de saint Polycarpe ; le diacre Sanctus de Vienne ; le néophyte Maturus ; Vettius Epagathus, jeune homme ardent qui voulut défendre ses frères devant le tribunal ; et la petite esclave Blandine, de santé fragile mais d’une force intérieure qui fit trembler les bourreaux.
La foule réclame le sang, la torture redouble d’intensité. Certains, ébranlés par la douleur, abjurent. Mais l’exemple de ceux qui tiennent bon, comme Sanctus, dont le corps brûlé ne laisse échapper qu’un seul mot — « Je suis chrétien » — ranime la foi des faibles. Coup de théâtre : ceux qui avaient renié se lèvent à nouveau, confessent le Christ, et rejoignent leurs frères dans le martyre.
Le plus bouleversant reste sans doute le supplice de Blandine. Tour à tour flagellée, livrée aux bêtes, suspendue à un gril brûlant, elle est enfin enfermée dans un filet et jetée à un taureau. Son corps brisé n’a plus conscience du monde. « Elle était saisie par son espérance et son entretien avec le Christ », rapporte le texte ancien. Elle finira égorgée, dernière à mourir après avoir soutenu et encouragé tous les autres.
Pothin, quant à lui, meurt dans les geôles après avoir été roué de coups. Il avait plus de 90 ans. Le sang des martyrs devient, selon le mot de Tertullien, « semence de chrétiens ». L’Église de Lyon, loin d’être anéantie, s’édifie sur ce témoignage héroïque.
Au total, ce sont quarante-huit noms que nous conservons : hommes et femmes, jeunes et vieux, esclaves et citoyens. Attale, Alexandre, Pontique, Istus, Julie, Rodana, Juste, Antonie, Trophime… une foule de témoins dont le courage continue d’éclairer notre foi aujourd’hui.
Leur mort n’est pas une légende, ni un récit édifiant pour catéchisme nostalgique. Elle est un fait historique, attesté, transmis avec précision. Elle est surtout un acte d’amour total envers le Christ, qui dépasse le temps et les modes.
Le diocèse de Valence a bien raison de le rappeler : « Leur témoignage est le fondement de la foi de notre Église. »
Avec Nominis