Le débat budgétaire de la commune de Sartilly-Baie-Bocage, dans la Manche, a pris une tournure houleuse lundi 24 février. En cause : l’absence d’inscription de fonds pour la restauration de l’église Saint-Pair dans le plan pluriannuel d’investissements. Un choix qui suscite l’incompréhension de certains élus et la mobilisation de citoyens inquiets pour la préservation de ce patrimoine religieux.
Construite dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’église Saint-Pair se détériore inexorablement. Comme le précise La Gazette de la Manche, des travaux d’urgence avaient déjà été réalisés en 2018 pour stopper les infiltrations d’eau, mais les problèmes structurels persistent. En hiver 2022, l’état obsolète du chauffage et de l’installation électrique avait même contraint les fidèles à assister à la messe dominicale dans la commune voisine de Bacilly.
Face à cette situation, un groupe de citoyens mené par Patrick Poupinet a pris les devants en créant en juin 2024 l’Association de sauvegarde de l’église cantonale de Sartilly-Baie Bocage (ASES). Objectif : récolter des fonds pour compléter le budget municipal destiné à la restauration de l’édifice. Pourtant, la municipalité n’a pour l’instant rien prévu à cet effet.
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Pierre Certain, ancien adjoint à la prospective financière, a regretté que l’église ne figure pas parmi les priorités budgétaires de la commune. « On pourrait mettre une petite somme de maîtrise d’œuvre, d’actualisation de l’audit, pour montrer à la population que la municipalité ne s’en fiche pas de cette question », a-t-il déclaré, selon La Gazette de la Manche.
Mais le maire Gaëtan Lambert a balayé cette idée. « On ne peut pas retenir une maîtrise d’œuvre si on n’a pas un projet de restauration, sachant que son coût se situe entre 8 et 12 % du projet global. On ne peut donc pas engager autant d’argent sans perspective claire », a-t-il répondu, rejetant toute décision précipitée.
L’opposition souligne pourtant l’urgence de la situation. Selon Pierre Certain, la mise en sécurité de la charpente et des installations électriques, estimée à près de 2 millions d’euros, n’est pas un coût excessif compte tenu de l’ampleur des travaux à réaliser.
Comme le rappelle La Gazette de la Manche, la commune espère un soutien de l’État, mais les perspectives sont minces. « Le sous-préfet nous demande de ne rien inscrire, car l’État n’a pas d’argent à mettre dans les églises dans l’immédiat. L’État n’a plus les moyens d’entretenir ses églises, c’est une réalité », a affirmé le maire.
Une situation qui inquiète les paroissiens et les défenseurs du patrimoine religieux. La question de l’entretien des églises en France est de plus en plus préoccupante, alors que nombre d’entre elles se dégradent faute de moyens. Entre désengagement de l’État, budgets communaux restreints et fidèles mobilisés, la restauration de l’église Saint-Pair semble s’annoncer comme un combat de longue haleine.
En attendant, l’association ASES poursuit sa collecte de fonds, espérant que la pression populaire finira par convaincre les élus de l’urgence à agir.
L’exemple de l’église Saint-Pair est révélateur … ce n’est pas un escape game organisé de temps à autre, ni un loto dans la nef de l’église qui permettront de préserver ce patrimoine spirituel. Loin de l’idée que l’on puisse transformer les maisons de Dieu en salles polyvalentes pour les maintenir debout, la véritable réponse réside dans le retour à une foi vivante et incarnée. Trop aujourd’hui préfèrent perdre leur âme plutôt que de perdre un confort matériel éphémère. Mais que restera-t-il lorsque les pierres elles-mêmes cesseront de témoigner de ce que nous n’osons plus proclamer ?