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Scandale chez les évêques de France : Monseigneur Wintzer comprend les promoteurs de la mort

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Comment ne pas être profondément indigné face à un tel discours, tenu par un prélat français censé guider les fidèles dans la vérité et la foi catholique ? En exprimant sa compréhension pour les partisans de l’euthanasie, Monseigneur Wintzer semble oublier l’enseignement constant de l’Église sur le caractère sacré de la vie

Editorial par Philippe Marie

Publié dans La Croix le 9 juin 2025, le texte de Monseigneur Pascal Wintzer, archevêque de Sens-Auxerre, laisse pantois. En pleine tourmente morale, alors que la France vient de voter à l’Assemblée une loi créant un prétendu « droit à l’aide à mourir », l’évêque choisit non pas de proclamer la vérité de l’Évangile, mais de justifier par une fausse nuance ceux qui veulent légaliser la mise à mort des plus vulnérables.

« Les défenseurs de la loi sur la fin de vie ne sont pas amoraux », écrit-il d’emblée, comme si cette affirmation était un point essentiel du débat. Mais la question n’est pas de sonder les intentions : elle est de dénoncer un acte objectivement gravement immoral. Que des responsables politiques s’égarent, c’est une chose. Que des pasteurs de l’Église tentent de leur accorder un brevet de moralité publique au nom de la compréhension, c’en est une autre. Où est la clarté de la foi catholique dans de telles phrases molles et ambivalentes ?

Monseigneur Wintzer reconnaît que « leur morale n’est pas celle à quoi conduit la foi chrétienne », mais il s’empresse de la présenter comme une morale « différente », presque légitime à sa manière. Il n’ose plus dire que l’euthanasie est un mal. Il se contente de dire que ce n’est pas le bien que propose l’Évangile.

Comme si la Bonne Nouvelle était une option parmi d’autres dans le supermarché des choix de vie.

Et que dire de cette justification absurde de la loi par une supposée autonomie totale de l’individu ? « Ce projet de loi exprime une volonté, celle pour chaque individu de disposer d’une totale liberté pour décider de sa vie, jusqu’à l’heure et la forme de sa mort. » Faut-il rappeler à Monseigneur que cette volonté n’est pas un droit chrétien, mais une transgression ? Que la liberté n’est pas de se tuer, mais de se donner à Dieu ? Que « Tu ne tueras pas » n’est pas un slogan rétrograde, mais un commandement divin ?

Plus loin, il affirme : « Il me semble injuste, mais surtout faux de penser amoraux les tenants de cette loi. » Mais qui, ici, parle de juger les âmes ? Ce qui est en jeu, c’est la nature intrinsèquement perverse d’une législation qui autorise des médecins à provoquer délibérément la mort. Il ne s’agit pas d’intention, mais d’un acte public et objectif : donner la mort à un innocent.Et comme si cela ne suffisait pas, l’évêque met en garde les catholiques contre toute forme de « posture victimaire » et va jusqu’à les inviter à ne pas « imposer leurs lois à tous ». Faut-il comprendre qu’annoncer l’Évangile de la vie, défendre les plus faibles, avertir une société de son propre suicide éthique, relèverait d’un excès de zèle intolérant ? Est-ce là ce qu’on enseigne aujourd’hui dans les séminaires ? Que les fidèles se contentent de compatir, mais surtout ne dérangent pas ?

C’est dans ce climat de renoncement que Mgr Wintzer cite… saint Pierre : « Soyez des hommes libres ! » (1 P 2,16). Une phrase magnifique, tordue ici pour justifier la liberté de se donner la mort ! Car selon lui, « si la loi permet, autorise, si la pensée dominante conduit à penser et à agir à l’opposé de nos convictions, cultivons la liberté de penser, de choisir et d’agir. » Faut-il en conclure que cette liberté inclut le droit de mourir sur commande ? La liberté chrétienne n’est pas l’autonomie prométhéenne, c’est l’abandon confiant à la volonté de Dieu : « Que ta volonté soit faite », « Non pas ma volonté, mais la tienne ». Ce sont les paroles du Christ en croix, pas celles de l’individu qui s’érige en maître de sa propre mort.

Enfin, comble de l’ironie, Monseigneur évoque la Lettre à Diognète, ce chef-d’œuvre du IIe siècle qui décrit la grandeur morale des chrétiens. Mais ose-t-il rappeler, comme le fait ce texte, que « les chrétiens ne tuent pas leurs nouveau-nés » ? Que leur manière de vivre est paradoxale précisément parce qu’elle refuse l’évidence païenne ? Là encore, tout est vidé de sa substance.

Pendant ce temps, le pape Léon XIV appelle à « défendre la dignité intrinsèque de toute vie humaine ». Quelle différence de ton ! Là où le successeur de Pierre exhorte les fidèles à se lever pour la vie, un évêque français apaise les consciences en parlant d’opinions et de morale alternative.Nous n’avons pas besoin de pasteurs qui relativisent la parole du Christ, qui tempèrent le feu de l’Évangile au nom de l’inclusion. Nous avons besoin de prophètes. D’hommes de foi, de courage, qui proclament haut et fort que la vie humaine est inviolable, que l’euthanasie est un meurtre, et que le silence face au mal est une complicité.

Monseigneur Wintzer a choisi l’ambiguïté, le respect humain, la nuance. L’Église, elle, a toujours choisi la croix.

Alors oui, nous serons toujours dans l’indignation. Non pas dans l’acidité gratuite du propos, comme certains évêques aiment le suggérer pour esquiver toute remise en cause. Mais dans une indignation droite, filiale, profondément catholique, face à des paroles qui désorientent les fidèles, affaiblissent la voix de l’Église, et laissent le champ libre à une culture de mort que rien ne semble plus arrêter.

Car lorsque l’un des nôtres, successeur des apôtres, vient justifier l’indéfendable au nom d’une prétendue nuance, nous ne pouvons nous taire. L’indignation n’est pas un vice : c’est parfois une exigence de la charité et de la vérité.

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