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Scandale pour la future archevêque de Cantorbéry : devra-t-elle démissionner avant même de commencer à gouverner ?

Sarah Mullally  - DR
Sarah Mullally - DR
Cette affaire pourrait bien être celle qui empêchera Sarah Mullally de diriger quoi que ce soit, alors que son entrée en fonction est prévue pour le 28 janvier 2026

L’Église d’Angleterre traverse une nouvelle zone de turbulence. À peine nommée archevêque de Cantorbéry, Sarah Mullally fait face à une série d’accusations graves concernant sa gestion d’un dossier d’abus lorsqu’elle était évêque de Londres. L’affaire, révélée par Premier Christian News, ne cesse de prendre de l’ampleur et pose de manière aiguë la question de la crédibilité morale de celle qui doit devenir la figure spirituelle principale du Royaume-Uni.Selon les documents consultés par le média chrétien, Survivor N, qui avait signalé il y a plus de dix ans un prêtre accusé d’abus, aurait vu les démarches officielles déviées du cadre prévu par le Clergy Discipline Measure, la procédure disciplinaire du clergé.

Sarah Mullally aurait transmis un courriel confidentiel au prêtre concerné, en dehors du processus réglementaire, et aurait affirmé que les accusations étaient « non étayées ». La suite, tragique, est décrite dans les témoignages publiés : effondrement psychologique du plaignant, tentatives de suicide et une attente interminable d’une réponse formelle.

Une ancienne avocate spécialisée dans la protection de l’enfance a qualifié le traitement réservé à Survivor N comme « le pire exemple de victimisation post-abus d’un plaignant dans le cadre du CDM que nous ayons jamais vu ». Ces mots pèsent lourd, d’autant plus qu’ils s’ajoutent à d’autres témoignages, notamment celui de Victoria, ex-employée du diocèse, qui décrit une culture « toxique », marquée par l’isolement, les représailles et un profond mépris institutionnel pour les alertes en matière de sauvegarde. Elle raconte qu’elle a été « présentée comme une faiseuse d’histoires, comme une femme hystérique, ce qui m’a rendue très malade », ajoutant : « Tout se retournait contre celui qui osait élever la voix. Une réponse très décevante de la part des dirigeantes féminines également. »

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Les critiques se multiplient même au cœur de la Communion anglicane. Andrew Graystone, connu pour son engagement auprès des victimes, a exprimé « un choc et une consternation réels » face à la nomination de Sarah Mullally. Selon lui, son arrivée à la tête de l’Église d’Angleterre constitue un recul sérieux dans l’amélioration des pratiques de protection des personnes vulnérables. Il estime que « cette nomination ne permet pas d’avancer. Si quelque chose change, c’est en arrière. Sarah Mullally n’a pas encore démontré qu’elle comprend réellement l’abus, ni qu’elle place la prise en charge des victimes avant la réputation de l’Église ».La crise s’inscrit dans un climat déjà tendu. Le Charity Commission a récemment rappelé à l’ordre l’Archbishops’ Council, estimant qu’il « doit accélérer rapidement la mise en œuvre des améliorations en matière de sauvegarde et combler les lacunes dans son approche du traitement des plaintes », dénonçant « une urgence et un rythme insuffisants » dans l’application des réformes.

Les critiques extérieures ne sont pas moins virulentes. Alejandro Sanchez, porte-parole du National Secular Society, affirme que les accusations soulèvent « de graves inquiétudes concernant le bilan de Sarah Mullally en matière de sauvegarde » et note qu’elle est « déjà empêtrée dans des scandales d’abus avant même d’être installée », ce qui en dit long, selon lui, sur la culture institutionnelle de l’Église d’Angleterre.Pour l’instant, le diocèse de Londres refuse tout commentaire. Mais dans un climat où la confiance, déjà fragile, supporte de moins en moins l’opacité, une question essentielle demeure : l’Église d’Angleterre peut-elle ouvrir un nouveau chapitre avec un primat déjà contesté pour des manquements aussi sérieux ?À l’approche du 28 janvier, beaucoup s’interrogent : Sarah Mullally pourra-t-elle encore prendre ses fonctions ou cette affaire précipitera-t-elle sa renonciation avant même le début de son ministère ?

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