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Tilma de Guadalupe : quand la science atteint ses limites

Tilma de Guadalupe - DR
Tilma de Guadalupe - DR
Presque cinq siècles après l'apparition de l'image de la Vierge sur la tilma de saint Juan Diego, le manteau en fibre d'agave continue de défier toutes les explications scientifiques. Retour sur un phénomène unique et universel, entre foi, histoire et science

Le 12 décembre 1531, un événement extraordinaire a lieu au sommet du Tepeyac, au nord de l’actuelle Mexico. L’indigène converti Juan Diego Cuauhtlatoatzin ouvre sa tilma devant l’évêque Juan de Zumárraga : en tombent des roses de Castille cueillies miraculeusement en plein hiver, mais surtout, une image impressionnante de la Vierge Marie se révèle sur le tissu de son manteau. Cinq siècles plus tard, cette image est toujours là, intacte, et continue de fasciner les scientifiques autant que les croyants.

Ce que la tradition appelle la « tilma de Guadalupe » est aujourd’hui conservée dans la basilique du même nom. Il s’agit d’un vêtement en fibre de cactus (agave), matériau extrêmement fragile, qui aurait normalement disparu depuis longtemps. Or, il est toujours là, indemne, après 494 ans, malgré une exposition prolongée à l’air libre, à la fumée des cierges et aux conditions climatiques.Les études scientifiques menées sur la tilma sont nombreuses. Dès le XVIIe siècle, des peintres espagnols et mexicains ont affirmé qu’il était impossible de peindre une telle image sur un tissu aussi brut, sans apprêt. Des médecins ont constaté l’absence d’usure, malgré l’humidité ambiante et la salinité de l’air. Les pigments, eux, sont encore plus étonnants : en 1936, le prix Nobel de chimie Richard Kuhn a analysé deux fibres extraites de la tilma. Aucune substance connue, naturelle ou synthétique, n’a pu être identifiée.

Autre fait troublant : l’analyse des yeux de la Vierge, réalisée au XXe siècle par des ophtalmologistes, y a révélé la présence de reflets, semblables à ceux d’un véritable œil humain. Les silhouettes de plusieurs personnes y seraient visibles, dont celle de l’évêque Zumárraga

Des événements extérieurs viennent renforcer l’aura mystérieuse du tissu : en 1921, une bombe explose sous l’image. Un crucifix en métal placé à proximité est déformé, mais la tilma reste intacte. En 1785, de l’acide nitrique est renversé sur le tissu sans l’altérer.Au-delà de la technique, l’image est un véritable message visuel. Pour les Aztèques, la ceinture noire et le motif floral à quatre pétales (le Nahui Ollin) signalent une femme enceinte portant la divinité. Elle est entourée du soleil, avec la lune à ses pieds : des signes qu’ils reconnaissent comme divins. Ce langage symbolique, compris par les indigènes, a permis l’évangélisation massive du Mexique : en huit ans, neuf millions de conversions.

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Les détails abondent. Les 46 étoiles sur le manteau correspondent aux constellations visibles le 12 décembre 1531 depuis Mexico. Ce jour-là était aussi la grande fête du solstice d’hiver dans la tradition aztèque. Mieux encore : les 46 étoiles pourraient évoquer les 46 chromosomes de l’être humain. De quoi nourrir une réflexion théologique et anthropologique contemporaine.Certains soulignent la présence de retouches secondaires, comme des touches d’or ou d’argent. Ces interventions, certes réelles, sont postérieures et superficielles. Elles n’affectent ni le tissu, ni l’image centrale, dont les propriétés inexpliquées demeurent intactes.

La Vierge de Guadalupe n’est donc pas seulement un emblème national ou culturel, mais un signe durable. Elle unit indiens et espagnols dans une même foi, parle au cœur des peuples par un langage universel, et continue, par la tilma, de poser à la science des questions sans réponse. Près de cinq siècles plus tard, ce miracle silencieux interpelle encore l’humanité.

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