Promu en un temps record, soutenu par les réseaux progressistes et impliqué dans l’éviction de Monseigneur Rey, évêque de Toulon, l’un des rares évêques français amis des traditionalistes, le cardinal Jean-Marc Aveline s’impose comme une figure centrale du conclave. Mais son profil suscite des interrogations sur sa fidélité à la mission et à la doctrine de l’Église.
Alors que les candidatures de tête s’essoufflent à Rome, Parolin miné par les affaires financières et les revers diplomatiques en Chine, Tagle fragilisé par ses ambiguïtés théologiques,un nom s’impose discrètement mais sûrement : celui du cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille. Prudent, habile, modéré en apparence, il incarne désormais le plan B idéal des réseaux progressistes, désireux de prolonger l’orientation du pontificat de François sans assumer de front une rupture trop visible.
Mais derrière ce visage de consensus se cache une figure plus controversée. C’est lui qui, en 2022, a été à l’origine de la chute de Monseigneur Dominique Rey, l’un des rares évêques français à défendre publiquement la liturgie traditionnelle et les vocations qu’elle suscite…
Avec sa silhouette ronde et son regard bienveillant, le cardinal Aveline présente le visage rassurant d’un prélat conciliant, presque paternel. Un air de Jean-Pierre Raffarin, diront certains, où les rondeurs feutrées de l’apparence cachent parfois des décisions tranchantes et des manœuvres redoutablement efficaces.Né en 1958 à Sidi Bel Abbès (Algérie française), le cardinal Aveline est arrivé à Marseille en 1966. Ordonné prêtre en 1984, il se consacre rapidement à la théologie et fonde en 1992 l’Institut des sciences et de théologie des religions (ISTR), orienté vers le dialogue interreligieux. Il dirige également l’Institut catholique de la Méditerranée. Puis sa trajectoire épiscopale s’accélère : archevêque de Marseille en 2019, il est créé cardinal par le pape François en 2022, alors même que l’archevêque de Paris reste sans barrette.
En 2025, il est élu président de la Conférence des évêques de France. Il siège au Dicastère pour les évêques et à celui pour le dialogue interreligieux. En somme, une ascension fulgurante au cœur du système romain.
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En 2022, Rome envoie le cardinal Aveline en « visite fraternelle » à Fréjus-Toulon. Ce diocèse, sous l’autorité de Monseigneur Rey, connaît alors un dynamisme vocationnel rare, ouvert à de nouvelles communautés et attaché à la liturgie traditionnelle. Mais cette visite est suivie d’un moratoire sur les ordinations, puis d’une visite apostolique, jusqu’à la nomination d’un coadjuteur doté de pouvoirs élargis. En janvier 2025, Monseigneur Rey est contraint à la démission, sans qu’aucune faute ne soit publiquement reprochée.
« Aveline et Rey se connaissaient. Ils ont même collaboré à Paris. Mais Aveline a servi de relais à une opération de mise à l’écart », confie un prêtre ayant suivi de près le dossier.« Sa promotion au cardinalat et à la présidence de la CEF, juste après, ne passe pas inaperçue. »
Un flou doctrinal assumé ?
Le cardinal Aveline est un homme de formules calmes, de gestes prudents et de silences stratégiques. Il ne s’est jamais exprimé clairement sur le diaconat féminin, les bénédictions homosexuelles, ou encore l’accueil des personnes divorcées remariées. Certains y voient une prudence. D’autres, un tactique alignement sur les attentes progressistes.Dans un article théologique de 2004, il écrivait :
« Le pluralisme religieux est un mystère (…) Le dialogue interreligieux est d’abord le lieu où Dieu lui-même nous donne rendez-vous. »
Il développe l’idée d’un « sacrement de l’amitié » entre les religions, dépassant même le cadre confessionnel. Mais où est le Christ ? Où est la mission ? L’Évangile est-il encore un appel à la conversion ou simplement une parole à insérer parmi d’autres traditions ?
Soutenu par le cardinal Omella à Barcelone, par les cardinaux Cobo et López Romero en Espagne, et par plusieurs figures de la curie, le cardinal Aveline bénéficie d’un réseau structuré et stratégique. Il apparaît comme le candidat idéal pour ceux qui veulent prolonger le pontificat François sans affronter frontalement les critiques.Mais ce profil suscite de vives réserves dans les rangs des cardinaux européens et africains attachés à l’annonce claire de l’Évangile et à la fidélité doctrinale :« Ce n’est pas un progressiste bruyant. C’est pire : un gestionnaire du flou, avec une excellente maîtrise des rouages romains », observe un évêque italien.
Le conclave à venir n’est pas une simple affaire de diplomatie. Il engage l’avenir de l’Église. Les cardinaux devront choisir entre un successeur de Pierre enraciné dans la fidélité à l’Evangile, ou un pape d’apparence apaisante, mais porteur d’un projet de dilution doctrinale et liturgique.