Alors que Donald Trump vient d’être réélu grâce au soutien massif des catholiques américains, cette décision judiciaire représente un revers pour les conservateurs.Le 12 novembre 2024, un juge fédéral a jugé inconstitutionnelle la loi de la Louisiane qui imposait l’affichage des Dix Commandements dans toutes les salles de classe des écoles publiques de l’État. Le juge de district des États-Unis, John deGravelles, qualifiant la loi de « discriminatoire et coercitive », a ainsi donné un coup d’arrêt temporaire aux efforts des groupes conservateurs visant à renforcer l’expression religieuse dans la société.
Comme le précise l’agence Reuters, la loi, qui aurait dû entrer en vigueur le 1er janvier 2025, obligeait les écoles publiques de l’État à afficher des affiches ou des versions encadrées des Dix Commandements, avec ces derniers comme « point central » et imprimés en caractères facilement lisibles. Ce projet s’inscrivait dans un mouvement plus large visant à ramener la foi dans l’espace public, mais il a suscité une vive opposition de la part des groupes religieux minoritaires.
Le juge deGravelles a indiqué que cette loi violait les droits religieux des individus qui s’opposaient à de tels affichages, en particulier ceux des familles non chrétiennes, et a souligné que l’affichage des Dix Commandements dans les écoles publiques pourrait exercer une pression indue sur les enfants pour qu’ils adoptent des enseignements religieux spécifiques, dans un environnement où la séparation entre l’Église et l’État devrait être respectée.
Un affront à la liberté religieuse ?
Le texte de la loi a été critiqué par de nombreuses familles, dont des familles laïques, juives, et autres groupes religieux non chrétiens. L’agence Reuters indique que les plaintes ont été déposées par neuf familles, dont plusieurs membres du clergé, qui ont demandé une injonction contre la loi, la qualifiant de violation directe de leurs droits à la liberté religieuse. Darcy Roake, une ministre unitarienne universelle, a déclaré : « Nous attendons de nos enfants qu’ils reçoivent une éducation laïque à l’école publique et une éducation religieuse à la maison et au sein de nos communautés de foi, et non des fonctionnaires gouvernementaux. »
Les défenseurs de cette loi, quant à eux, voient dans ce geste une manière de restaurer l’expression de la foi chrétienne dans l’espace public, en particulier à un moment où les États-Unis connaissent une pression croissante pour réduire la place de la religion dans les institutions publiques.
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Un symbole de la polarisation religieuse aux États-Unis
Cette décision survient alors que le pays, profondément divisé sur les questions religieuses, voit des actions similaires dans d’autres États. En 2022, la Cour Suprême avait validé le droit d’un entraîneur de football d’une école secondaire de prier publiquement avec ses joueurs. Toutefois, le juge deGravelles a estimé que la loi de la Louisiane allait à l’encontre de cette décision, car il n’existe pas, selon lui, de « tradition plus large » d’utilisation des Dix Commandements dans l’éducation publique, ce qui la rend incompatible avec la Constitution.
L’agence Reuters indique que cette décision pourrait avoir des répercussions plus larges sur les efforts visant à augmenter la présence de la religion dans les écoles publiques américaines. Les groupes conservateurs espèrent que la Cour Suprême, dont la majorité est désormais de 6 juges conservateurs contre 3 libéraux, pourrait finir par valider de telles lois si elles étaient contestées. Néanmoins, ce jugement marque un revers significatif pour ceux qui militent pour une réintroduction de la religion dans le système éducatif public américain.
La question fondamentale reste la même : où doit-on tracer la ligne entre la liberté religieuse et la neutralité religieuse de l’État ? Une question qui continue de diviser l’Amérique, alors que la séparation de l’Église et de l’État est mise à l’épreuve dans chaque décision.