La Papouasie-Nouvelle-Guinée a célébré un moment historique le 19 octobre dernier, lorsque le pape Léon XIV a canonisé le catéchiste Peter To Rot, premier saint du pays. Dans les églises, les villages et les grandes villes, des messes d’action de grâce et des veillées de prière ont rassemblé des milliers de fidèles. Le Premier ministre James Marape a salué « un moment de fierté, de foi et d’inspiration pour notre nation ».Né en 1912 dans le village de Rakunai, sur l’île de Nouvelle-Bretagne, Peter To Rot fut baptisé dans sa jeunesse et formé par les Missionnaires du Sacré-Cœur. Devenu catéchiste, il servit sa communauté avec constance et prudence, notamment durant la Seconde Guerre mondiale, quand la Papouasie fut occupée par l’armée japonaise. À cette époque, les prêtres furent arrêtés et les pratiques religieuses interdites. Peter To Rot continua pourtant à enseigner le catéchisme, à célébrer la prière et à défendre les valeurs chrétiennes, notamment la fidélité dans le mariage.
Les autorités japonaises ayant légalisé la polygamie, il s’opposa à cette décision et rappela publiquement l’enseignement de l’Église sur le caractère indissoluble du mariage. Ce témoignage de foi lui valut d’être arrêté puis exécuté par injection létale en 1945. Béatifié par saint Jean-Paul II en 1995, il a été canonisé à Rome par le pape Léon XIV, lors d’une messe solennelle célébrée sur la place Saint-Pierre, en présence de dizaines de milliers de pèlerins venus du monde entier.Le processus de canonisation avait été initié par le pape François, qui avait rappelé, lors de son voyage apostolique en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2024, l’exemple des catéchistes et missionnaires du pays.À Port-Moresby, le père Ambrose Pereira, de la paroisse Marie Auxiliatrice à Sabama, a souligné que saint Peter To Rot « se dresse comme un modèle pour chacun de nous, nous invitant à rejeter le mal et à vivre avec droiture et dignité, notamment dans nos familles ». Durant trois jours, des processions, des chants et des célébrations ont rythmé la vie des paroisses de la capitale.
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Dans le village natal du nouveau saint, à Rakunai, les fidèles se sont réunis à la paroisse Saint-Augustin pour un week-end de prières et d’actions de grâce. Les habitants ont exprimé leur joie et leur reconnaissance. « C’est un moment de grande fierté pour notre peuple », a confié Josephine Thom, venue de Madang. « La foi de saint Peter To Rot renforce notre espérance et nous encourage à transmettre à nos enfants l’amour du service, de la vérité et de la fidélité à Dieu. »
Le père John Glynn, prêtre du Jubilee Catholic Secondary School, a déclaré que la canonisation de Peter To Rot est « d’une grande importance pour tous les chrétiens de Papouasie-Nouvelle-Guinée ». Il a rappelé que le catéchiste « a conduit son peuple dans la prière et les a encouragés à rester fidèles à leur foi malgré la peur et les difficultés ».Pour le père Lawrence Arockiaraj, secrétaire général de la Conférence des évêques de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Îles Salomon, « la canonisation est un moment de fierté nationale et de signification spirituelle ». Il a ajouté : « La vie de foi, de courage et de dévouement familial de saint Peter To Rot est un modèle non seulement pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais aussi pour l’Église universelle. »
Environ 90 % des douze millions d’habitants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée se réclament du christianisme, et près d’un quart sont catholiques. Dans un pays où les traditions locales demeurent fortes, la figure de Peter To Rot manifeste la profondeur de l’enracinement de la foi dans la culture du peuple papou.Son exemple, à la fois simple et ferme, rappelle que la fidélité à Dieu et à la vérité de l’Évangile peut être vécue dans la vie ordinaire, au sein des familles et des communautés. Pour de nombreux catholiques du Pacifique, saint Peter To Rot incarne la force tranquille d’une foi vécue jusqu’au don de soi.


