Près de 50 ans après que le régime des Khmers rouges ait rasé la majestueuse cathédrale Notre-Dame de Phnom Penh, un nouvel édifice se dresse aujourd’hui pour redonner vie à la foi chrétienne dans la capitale cambodgienne. La cathédrale Saint-Joseph, qui pourrait être consacrée d’ici la fin de l’année, représente un renouveau pour l’Église catholique au Cambodge, un symbole de résilience après des années de persécution et de souffrances.
Le Père Paul Chatsirey, curé de la paroisse Saint-Joseph, se réjouit de ce projet. « Nous sommes une église très jeune. Ici, nous sommes comme un petit village, et cela signifie que nous accueillons tout le monde ici », a-t-il déclaré avec fierté. La nouvelle cathédrale, d’un coût de 3 millions de dollars, est une fusion d’architecture khmère et catholique traditionnelle. Sa construction, débutée en 2021, devrait se terminer en juillet, et son ouverture est prévue pour novembre 2025.
Ucanews.com précise que La consécration de cette cathédrale marquera la fin d’une longue épreuve pour la communauté catholique cambodgienne, qui a été presque anéantie par les politiques destructrices du régime de Pol Pot. En 1975, le régime des Khmers rouges a pris le pouvoir et a imposé des politiques de terreur, causant la mort de près de 2,3 millions de personnes. En 1975, la cathédrale Notre-Dame, un monument emblématique, a été détruite par les Khmers rouges. Thierry de Roland Peel, historien, a expliqué : « La cathédrale était le plus beau bâtiment de Phnom Penh, et ils l’ont détruite jusqu’aux fondations. C’était l’expression de leur haine, jusqu’au dernier bloc de la fondation. »
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Avant 1975, environ 100 000 catholiques vivaient au Cambodge. On estime qu’environ 40 000 d’entre eux ont été tués pendant le régime des Khmers rouges. Les terres de l’Église ont été confisquées, et 73 églises catholiques ont été abandonnées à travers le pays.Après la chute des Khmers rouges, les catholiques ont lentement commencé à revenir. Ce n’est qu’en 1992, avec l’arrivée des casques bleus de l’ONU, que la communauté a pu se réinstaller au Cambodge. En 1993, les autorités cambodgiennes ont restitué les terres de l’Église, y compris celles qui accueillaient autrefois un séminaire, où la paroisse Saint-Joseph célébrera désormais la messe.
La reconstruction de l’Église au Cambodge : un projet soutenu par les catholiques internationaux
Le Père Chatsirey se souvient de la perte de l’église et des terres avant le retour en 1992. « Nous avons perdu la terre, nous avons perdu l’église. C’était un séminaire avant la guerre », a-t-il expliqué après la messe du dimanche 16 mars. « En 1992, nous avons récupéré ce terrain du gouvernement. Ensuite, en 1993, nous avons utilisé les pièces ici comme église. En 2019, nous avons commencé à envisager une nouvelle église. La construction a commencé en 2021. »
Le projet a été financé grâce à la générosité des catholiques du Cambodge, de Thaïlande et du Vietnam, avec un soutien substantiel de la Société des Missions Étrangères de Paris (MEP). La nouvelle cathédrale pourra accueillir jusqu’à 700 paroissiens, une capacité bien inférieure à celle de la cathédrale Notre-Dame, qui pouvait contenir jusqu’à 10 000 personnes.
Une nouvelle étape pour la foi chrétienne au Cambodge
La consécration de la cathédrale Saint-Joseph sera un moment historique pour la communauté chrétienne cambodgienne, marquant la fin d’une époque de destruction et de persécution, et le début d’une nouvelle ère pour l’Église catholique. Le gouvernement cambodgien, tout en promouvant la liberté religieuse, a soutenu la reconstruction de l’église, reconnaissant l’importance de l’Église chrétienne pour la société cambodgienne.
Le Père Chatsirey conclut avec confiance : « Ce sera notre bâtiment, pour les besoins du peuple. » La cathédrale Saint-Joseph redonne vie à la communauté catholique dans un pays qui a connu tant de souffrances.