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Un tournant décisif pour l’Eglise ? 80 % des nouveaux cardinaux sont des hommes du pape François

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Le Pape François, architecte d'un conclave à 80 % 'bergoglien', continue de remodeler le Collège des cardinaux. Quelles implications pour la tradition et la théologie catholiques ?

Le Pape François a annoncé le 6 octobre qu’il créerait 21 nouveaux cardinaux lors d’un consistoire prévu le 8 décembre prochain. Parmi ces nouveaux cardinaux, 20 auront le droit de voter pour élire le prochain Pape. La liste comprend des personnalités telles que Frank Leo, archevêque de Toronto, Timothy Radcliffe, ancien maître des Dominicains d’Angleterre, George Jacob Koovakad, l’organisateur des voyages pontificaux d’origine indienne, et Dominique Joseph Mathieu, évêque de Téhéran-Ispahan. , en Iran, d’origine belge.

Ce sera le dixième consistoire du Pape François depuis son accession papale en mars 2013. Les cardinaux élus proviennent de 18 pays et de tous les continents, avec cinq d’Amérique latine, quatre d’Asie, sept d’Europe (quatre d’ Italie) et deux d’Afrique.

Au moment de l’annonce, le Collège des cardinaux compte 235 membres de tous les continents et de 90 pays, mais seulement 122 d’entre eux ont moins de 80 ans et sont éligibles pour voter au prochain conclave.

Selon les statistiques du Vatican, d’ici le consistoire du 8 décembre, le Pape François aura porté à 141 le nombre total de cardinaux pouvant voter lors d’un conclave. Parmi eux, six auront été créés par Jean-Paul II, 24 par Benoît XVI et 111 par François.

Cela signifie que François aura nommé près de 80 % des cardinaux pouvant participer à un conclave, un chiffre qui soulève des interrogations sur l’influence qu’il exerce sur l’avenir de l’Église. Rappelons qu’un candidat doit recueillir les deux tiers des voix pour être élu Pape.

Si un conclave devait avoir lieu immédiatement après le consistoire du 8 décembre, la répartition géographique des 141 électeurs serait la suivante : l’Europe aurait 56 électeurs, dont 16 Italiens ; l’Amérique du Nord aurait 14 électeurs, dont 10 des États-Unis et quatre du Canada ; l’Amérique latine contribuerait avec 25 électeurs ; l’Afrique aurait 17 électeurs ; l’Asie comprendrait 26 électeurs, dont un d’Iran ; et l’Océanie aurait trois électeurs.

Le Pape François a appliqué plusieurs critères pour sélectionner ses cardinaux. L’un de ses principaux objectifs est l’universalité, visant à inclure le plus grand nombre de pays possible. Il accorde une attention particulière aux périphéries et aux nations qui n’ont jamais eu de cardinal auparavant, ainsi qu’à celles qui sont confrontées à des conflits ou à une pauvreté extrême.

Un autre critère important est la réduction du nombre d’Européens, et notamment d’Italiens, au sein du Collège des cardinaux,faisant tomber le nombre de 28 lors du conclave de 2013 à 16 le 8 décembre prochain , tout en diminuant le nombre d’Européens de 60 lors du conclave de 2013 à 56 le 8 décembre .

Le souverain pontife a choisi de rompre avec la tradition selon laquelle les évêques de certains sièges importants, généralement ceux des grandes villes, reçoivent automatiquement le chapeau rouge. En s’éloignant de cette pratique en Italie, aux États-Unis et dans plusieurs autres régions, il reflète son engagement en faveur d’une certaine approche qu’il juge plus « équitable » dans la sélection des cardinaux.

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Focus sur le père Timothy Peter Joseph Radcliffe

L’entretien de La Croix avec le père Timothy Radcliffe, bientôt crée cardinal par le Pape François, met en lumière une « vision optimiste de l’avenir« . Cet homme du Pape François, dont on a souvent l’impression qu’il sert une idéologie plutôt qu’une théologie, insiste sur la nécessité d’espérer un bonheur infini.Il affirme que « l’espérance consiste à croire que nous atteindrons la plénitude du bonheur à laquelle nous aspirons, c’est-à-dire Dieu ». Sa déclaration s’inscrit dans une tendance plus large de l’Église sous le pontificat de François, qui valorise une « approche inclusive » mais qui pourrait parfois sembler déconnectée des vérités doctrinales fondamentales.

Le père Radcliffe évoque également la gravité des conflits mondiaux, notamment en Palestine et en Ukraine, tout en critiquant la désensibilisation des médias face à la violence. Il déclare : « Il serait scandaleux de rester indifférent. » Il fait ainsi écho à une conscience morale que le Pape François tente de promouvoir.

Sur la question de la crise climatique, le futur cardinal Radcliffe souligne le besoin urgent de réformes économiques, affirmant que la poursuite d’une « croissance sans fin » est illusoire. Cette perspective pourrait évoquer l’économie intégrale prônée par le Pape, mais elle soulève des interrogations quant à sa capacité à offrir des solutions viables face aux réalités complexes du monde moderne.

Il conclut l’interview de La Croix en affirmant que « plus l’avenir est périlleux, plus il est urgent de rechercher ensemble le bien commun ». Bien que cette déclaration soit louable, elle semble se heurter à la complexité des enjeux actuels au sein même de l’Église. En mettant l’accent sur le bien commun, n’oublie-t-on pas parfois la nécessité de défendre les vérités de la foi chrétienne ?

En somme, l’homme du Pape François révélé dans cet entretien témoigne d’un engagement pour l’espérance et le dialogue, mais la question demeure : ces aspirations idéologiques sont-elles suffisantes pour engendrer un changement réel dans un contexte où les défis sont multiples et où un fondement théologique solide semble souvent absent ?

Liste des nouveaux cardinaux désignés par Le Pape :

  • Angelo Acerbi (Italie), Nonce apostolique (non électeur, né en 1925)
  • Carlos Gustavo Castillo Mattassoglio, archevêque de Lima (Pérou)
  • Vicente Bokalic Iglic, CM, archevêque de Santiago del Estero (Argentine)
  • Luis Gerardo Cabrera Herrera, OFM, archevêque de Guayaquil (Équateur)
  • Fernando Natalio Chomalí Garib, archevêque de Santiago du Chili (Chili)
  • Tarcisio Isao Kikuchi, SVD, archevêque de Tokyo (Japon)
  • Pablo Virgilio Siongco David, évêque de Kalookan (Philippines)
  • Ladislav Nemet, SVD, archevêque de Beograd-Smederevo (Serbie)
  • Jaime Spengler, OFM, archevêque de Porto Alegre (Brésil)
  • Ignace Bessi Dogbo, archevêque d’Abidjan (Côte d’Ivoire, né en France)
  • Jean-Paul Vesco, OP, archevêque d’Alger (Algérie)
  • Bruno Syukur, OFM, évêque de Bogor (Indonésie)
  • Dominique Joseph Mathieu, OFM Conv., archevêque de Téhéran-Ispahan (Iran, né en Belgique)
  • Roberto Repole, archevêque de Turin (Italie)
  • Baldassare Reina, évêque auxiliaire de Rome, désormais vicaire général
  • François Léon, archevêque de Toronto (Canada)
  • Rolandas Makrickas (Lituanie), archiprêtre coadjuteur de la basilique papale de Sainte-Marie-Majeure
  • Mykola Bychok, C.Ss.R. (Ukraine), évêque de l’éparchie Saints Pierre et Paul de Melbourne des Ukrainiens
  • Timothy Peter Joseph Radcliffe, OP, théologien
  • Fabio Baggio, CS, sous-secrétaire de la section des migrants et des réfugiés au Dicastère pour le développement humain intégral
  • George Jacob Koovakad (Inde), fonctionnaire de la Secrétairerie d’État, organisateur des voyages pontificaux.

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