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Une ancienne Clarisse mise en examen pour la vente de lingots d’or

Sœur Isabel de la Trinité - DR
Sœur Isabel de la Trinité - DR
La justice espagnole enquête sur la vente de 1,73 kg d’or par une ancienne religieuse de la communauté de Belorado, aujourd’hui excommuniée

Cette affaire s’inscrit dans un contexte ecclésial délicat marqué par une rupture avec Rome en mai 2024.Laura García de Viedma, autrefois connue comme sœur Isabel de la Trinité au monastère des Clarisses de Belorado, dans le nord de l’Espagne, est poursuivie pour fraude présumée après avoir vendu en janvier dernier 1,73 kg d’or pour un montant de 130 000 euros. Elle a affirmé devant un juge de Briviesca que cette somme avait été utilisée pour des dépenses liées au monastère, notamment pour couvrir des dettes accumulées ces dernières années.

L’affaire a été signalée par la police à l’archevêché de Burgos, après que Mme García de Viedma a été présentée comme l’administratrice du monastère lors de la transaction. Or, depuis le départ de dix religieuses en mai 2024, le monastère est placé sous l’administration de Monseigneur Mario Iceta, archevêque de Burgos, qui avait été nommé par le Saint-Siège pour rétablir l’ordre canonique sur les lieux.

Le 13 mai 2024, dix membres de la communauté de Belorado avaient publié une lettre sur les réseaux sociaux annonçant qu’elles ne reconnaissaient plus l’autorité du pape François, ni celle de ses prédécesseurs récents. Elles exprimaient également leur désir de suivre un autre guide spirituel, Pablo de Rojas-Sánchez-Franco, un ancien prêtre excommunié, qui s’était autoproclamé évêque. Cette prise de position a conduit à leur excommunication formelle, prononcée peu après par les autorités ecclésiastiques.

Depuis, le groupe a connu plusieurs changements internes, notamment le remplacement de leur référent spirituel par d’autres figures également non reconnues par l’Église. La situation canonique reste donc irrégulière.

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La vente d’or concernée dans la procédure judiciaire remonte à l’acquisition, en 2020, de quatre kilos de lingots achetés avec des fonds communautaires à l’époque où les placements du monastère perdaient de la valeur en raison de la pandémie. Les autorités cherchent à déterminer si cette vente récente constitue une infraction ou s’il s’agit d’un acte de gestion dans un contexte complexe.

Une partie des fonds issus de cette transaction aurait servi à financer un projet original : l’ouverture, dans la région des Asturies, d’un restaurant présenté comme « cloîtré », où trois des anciennes sœurs – Sion, Myriam et Alma – cuisinent à l’abri des regards dans un ancien hôtel. Le lieu, baptisé Santa María de Chicu, a ouvert ses portes en mars 2025, avec un menu fixe à 15 euros incluant notamment une paëlla ou une fabada asturienne.

La communauté de Belorado était auparavant connue pour sa fabrication artisanale de chocolats, dont des bonbons au mojito, et avait suscité l’attention pour avoir abrité un élevage non déclaré de chiens dans l’enceinte du monastère.Selon les dernières décisions judiciaires, les anciennes religieuses devront quitter le monastère de Belorado d’ici le 10 juin, à l’exception de cinq sœurs âgées qui n’ont pas pris part publiquement à la rupture avec l’Église.

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