Depuis 2000 ans

Une décennie de désorientation morale : l’héritage encombrant de Monseigneur Paglia

Monseigneur Paglia Président de l'académie pontificale pour la vie
Monseigneur Paglia Président de l'académie pontificale pour la vie
Le départ de Mgr Vincenzo Paglia, longtemps à la tête de l’Académie pontificale pour la Vie et de l’Institut Jean-Paul II, met fin à une époque où l’enseignement moral catholique a été fortement mis à mal

C’est une sortie en silence, sans tambour ni trompette, qui tranche avec le tumulte provoqué par ses années de mandat. À 80 ans, Mgr Vincenzo Paglia quitte les fonctions qu’il a tenues au cœur de l’appareil moral du Saint-Siège. Mais pour beaucoup de fidèles et de pasteurs restés attachés à la tradition catholique, ce départ ressemble moins à un adieu serein qu’à la fin d’un long naufrage.On ne résume pas aisément une décennie de dérives. Pourtant, un mot revient souvent chez ceux qui ont suivi avec consternation les décisions du prélat : dénaturation.

Car sous son autorité, l’Académie pontificale pour la Vie , jadis vigie doctrinale sur les grands enjeux bioéthiques, a progressivement perdu son cap. Accueil de personnalités hostiles à l’enseignement de l’Église, relativisation de l’interdit de l’avortement, glissements ambigus sur la fin de vie et la contraception : les bornes qui guidaient l’action catholique ont été effacées au nom d’une ouverture qui a souvent tourné le dos à la Vérité.Du côté de l’Institut Jean-Paul II, le constat n’est guère plus encourageant. Fondé pour promouvoir une vision intégrale du mariage et de la famille à la lumière de l’anthropologie chrétienne, il a été profondément transformé, vidé de sa substance morale, recentré sur une pastorale marquée par le subjectivisme. Des enseignants emblématiques ont été congédiés sans ménagement, remplacés par des figures plus souples vis-à-vis des normes morales. Le changement de cap a été si brutal que l’on a vu, jusqu’au sein même de l’Institut, des publications brouiller les repères, au point de légitimer implicitement certaines pratiques jusque-là fermement condamnées.

Lire aussi

Ce bilan pèse aujourd’hui comme un fardeau sur l’Église. Car il ne s’agit pas seulement de débats académiques : ce sont les fondements mêmes de l’éthique catholique qui ont été fragilisés. Dans un monde déjà gagné par le relativisme, l’Église a vu ses propres institutions relayer une vision fluctuante du bien et du mal, laissant les fidèles désorientés, voire trahis.

Avec la nomination de Mgr Renzo Pegoraro à la tête de l’Académie pour la Vie, et du cardinal Reina comme Grand Chancelier de l’Institut Jean-Paul II, un nouveau chapitre s’ouvre. Pegoraro, médecin de formation, est connu pour son expérience en bioéthique. Saura-t-il redonner aux deux institutions leur souffle prophétique ? Saura-t-il poser à nouveau, avec fermeté et charité, les repères clairs d’une morale fondée sur la loi naturelle et la Révélation ?Ce changement pourrait n’être qu’un ajustement administratif. Mais il pourrait aussi être, s’il est bien compris, le début d’un nécessaire travail de refondation. L’Église a plus que jamais besoin d’une parole forte et cohérente sur les grandes questions de la vie humaine. Il ne s’agit pas de juger les intentions, mais de reconnaître que certaines voies, aussi sincères soient-elles, ont conduit à l’effacement du témoignage catholique.

L’espérance demeure. L’Évangile, lui, n’a pas changé. Reste à savoir si les hommes appelés à le porter auront le courage de l’annoncer à nouveau sans crainte, sans compromis, et sans céder aux modes du temps.

Recevez chaque jour notre newsletter !