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Une mystique laïque, amie du Padre Pio, déclarée vénérable

Luigia Sinapi - DR
Luigia Sinapi - DR
L'exemple de Louis et Zélie Martin, canonisés ensemble par le pape François en 2015, illustre parfaitement cette réalité : la sainteté n'est pas l'apanage des prêtres et des religieux

Luigia Sinapi, tertiaire franciscaine et femme de prière, a été déclarée vénérable par le Vatican. Favorisée de visions de Jésus et de Marie, liée spirituellement au Padre Pio et au pape Pie XII, cette humble laïque italienne a consacré sa vie à l’intercession pour l’Église et les prêtres.

Le 27 janvier 2025, le Vatican a promulgué un décret reconnaissant les vertus héroïques de la Servante de Dieu Luigia Sinapi, la déclarant vénérable. Cette femme au destin singulier, née le 8 septembre 1916 à Itri, en Italie, incarne un modèle de sainteté laïque dans un siècle marqué par la guerre et l’indifférence spirituelle.

Son enfance fut imprégnée d’une profonde éducation chrétienne transmise par sa mère. Dès son plus jeune âge, elle eut des visions mystiques de Jésus et de la Vierge Marie, ainsi que des expériences spirituelles remarquables. Convaincue du caractère surnaturel de ces manifestations, sa mère l’amena dans les années 1920 à San Giovanni Rotondo, où elle rencontra le Padre Pio. Cette rencontre scella un lien spirituel durable avec le célèbre capucin stigmatisé, qui devint son guide et soutien spirituel tout au long de sa vie.

À quinze ans, Luigia ressentit un appel à la vie religieuse et entra dans l’Institut de la Pieuse Société des Filles de Saint-Paul, à Rome. Mais, en raison de problèmes de santé, elle fut contrainte de quitter la congrégation.

En novembre 1931, après la mort de ses parents, elle trouva refuge chez une tante à Rome. Pour subvenir à ses besoins, elle occupa plusieurs emplois, d’abord comme employée domestique, puis à l’Office central des statistiques, et enfin à l’Institut national de géophysique où elle travailla comme secrétaire du Vénérable Enrico Medi.Malgré ces responsabilités, Luigia vécut une intense vie de prière, marquée par la souffrance acceptée et offerte pour l’Église et le monde.

En 1935, alors qu’elle n’avait que dix-neuf ans, Luigia fut frappée d’un cancer en phase terminale. Le 15 août, en la solennité de l’Assomption, elle reçut l’extrême-onction, croyant sa dernière heure venue. Mais à ce moment-là, elle eut une vision de Jésus et de Marie, et fut miraculeusement guérie.Dès lors, elle prit la ferme résolution de vivre comme une âme victime, offrant ses souffrances pour la sanctification des prêtres et le salut des âmes.

Durant la Seconde Guerre mondiale, elle dut se réfugier à Itri, sa ville natale. Après la guerre, elle revint à Rome, où elle mena une vie austère et consacrée à la prière.Sa réputation de sainteté grandit et de nombreuses personnes, prêtres, évêques, fidèles et même des figures politiques, vinrent la consulter pour trouver réconfort et orientation spirituelle.Elle devint tertiaire franciscaine, et en 1954, elle obtint la permission d’intégrer également la Tiers-Ordre des Fils de Marie, où elle suivit la direction spirituelle d’un prêtre.

Elle entretint également un lien spirituel fort avec Pie XII, qui lui accorda sa confiance. En 1937, après une apparition de la Vierge à Tre Fontane, elle prédit l’élection du pape Pie XII, un événement qui marqua les esprits.

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Des dons mystiques hors du commun

Tout au long de sa vie, Luigia Sinapi fut favorisée de dons surnaturels qui témoignaient de son intimité avec Dieu. Plusieurs témoins attestèrent qu’elle avait le don de précognition, percevant certains événements avant qu’ils ne se produisent. Il lui arrivait également d’être vue en plusieurs endroits simultanément, un phénomène connu sous le nom de bilocation. Son discernement des âmes était tel que de nombreux prêtres et fidèles venaient chercher ses conseils, convaincus de la clarté de ses intuitions spirituelles.

Bien qu’elle fût gratifiée de ces manifestations extraordinaires, elle les vécut avec une grande discrétion, ne recherchant ni attention ni admiration. Elle considérait ces dons comme un simple moyen d’accomplir la volonté de Dieu et d’aider ceux qui en avaient besoin.

Dans les dernières années de sa vie, elle ouvrit sa maison à ceux qui cherchaient des conseils spirituels et un soutien dans la foi.En 1978, atteinte d’un cancer de l’estomac, elle accepta cette épreuve avec une paix profonde et une totale soumission à la volonté de Dieu. Elle s’éteignit le 17 avril 1978, entourée d’une réputation constante de sainteté.

Par la reconnaissance de ses vertus héroïques, Luigia Sinapi franchit une nouvelle étape vers une éventuelle béatification. Son témoignage rappelle que la sainteté n’est pas réservée aux clercs et aux religieux, mais qu’elle peut éclore dans le quotidien, dans le travail, dans la souffrance offerte, dans la prière fidèle et dans l’obéissance à l’Église.

La reconnaissance de la sainteté de Luigia Sinapi s’inscrit dans une longue tradition où l’Église met en lumière des figures laïques ayant vécu une foi exemplaire dans leur quotidien. L’exemple de Louis et Zélie Martin, canonisés ensemble par le pape François en 2015, illustre parfaitement cette réalité : la sainteté n’est pas l’apanage des prêtres et des religieux, mais peut s’épanouir au sein de la vie familiale, professionnelle et sociale.

Comme Luigia Sinapi, les parents de sainte Thérèse de Lisieux ont montré que l’union intime avec Dieu, la prière constante et l’offrande des souffrances pouvaient sanctifier chaque instant du quotidien. Leur témoignage, tout comme celui de la nouvelle vénérable, rappelle que le chemin vers Dieu est accessible à tous, et que la sainteté des laïcs est un don.

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