À l’occasion de l’audience accordée ce 26 juin aux participants à l’assemblée plénière de la ROACO, le pape Léon XIV a prononcé un discours grave. Entre douleurs de guerre, urgence spirituelle et appel à la conversion des consciences, le souverain pontife exhorte l’Église et le monde à regarder vers l’Orient chrétien comme vers une lumière dans la nuit.
« Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9,7). C’est par ces mots de saint Paul que le Saint-Père a ouvert son discours ce jeudi 26 juin , devant les participants à l’assemblée plénière de la ROACO (Réunion des Œuvres pour l’Aide aux Églises Orientales). « Je sais que pour vous soutenir les Églises orientales n’est pas d’abord un travail, mais une mission accomplie au nom de l’Évangile. » Dès les premières lignes, le ton est sérieux : « Vous semez l’espérance dans des terres bouleversées par les guerres, desséchées par les intérêts, asphyxiées par une chape de haine. Vous êtes la bonbonne d’oxygène des Églises orientales épuisées par les conflits. »
Le pape Léon XIV a dressé un constat douloureux : « L’histoire des Églises catholiques orientales est souvent marquée par la violence. Malheureusement, même au sein de l’ensemble catholique, il y a eu des oppressions et des incompréhensions », notamment à cause d’une incapacité à reconnaître la richesse des traditions non occidentales. Mais aujourd’hui, selon le Souverain Pontife, « la violence guerrière semble s’abattre sur les territoires de l’Orient chrétien avec une véhémence diabolique jamais vue auparavant ». Il cite l’Ukraine, Gaza, et tout le Moyen-Orient, ravagé par la guerre. Le Saint-Père déplore aussi que la session de la ROACO ait été marquée par l’absence de représentants de Terre Sainte, empêchés de voyager.« Le cœur saigne », confie-t-il, avant de lancer un appel au discernement sur les causes des conflits. Il met en garde contre les « causes fallacieuses, fruits de simulations émotives et de rhétorique ». Et de trancher : « La population ne peut pas continuer à mourir à cause de fausses informations. »
Le successeur de Pierre s’en prend ensuite au recul du droit international : « C’est désolant de voir que le droit humanitaire ne semble plus obliger personne, remplacé par le prétendu droit d’imposer par la force. C’est indigne de l’homme. » Et de poser une série de questions : « Comment croire encore que les guerres apportent la paix ? Comment construire l’avenir sans vision d’ensemble ni bien commun ? »Dans une autre partie de son allocution, le Saint-Père a déclaré : « Nous trahissons les désirs de paix des peuples avec les fausses propagandes du réarmement, dans l’illusion vaine que la suprématie résoudra les problèmes au lieu d’alimenter la haine et la vengeance. »
« L’argent va dans les poches des marchands de mort, alors qu’on pourrait bâtir des hôpitaux et des écoles. Au lieu de cela, on détruit ceux qui existent déjà », ajoute-t-il.
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Face à ce constat, que faire ? Le Saint-Père répond : « Il faut avant tout prier. Transformer chaque image tragique en cri d’intercession. Et aider, comme vous le faites. »Mais le Souverain Pontife va plus loin : il appelle à un témoignage vivant. « C’est la vocation à rester fidèles à Jésus, sans se laisser prendre par les tentacules du pouvoir. » Le Christ, rappelle-t-il, a régné depuis la croix, « non comme Hérode, qui fit massacrer des enfants, ni comme Pilate, qui se lava les mains ». « Comme nous risquons de le faire chaque jour, jusqu’aux portes de l’irréparable. »Le pape Léon XIV a tenu à rendre hommage à tous les chrétiens d’Orient qui répondent au mal par le bien, et qui restent dans leurs terres comme témoins du Christ. Il salue leur foi : « Pauvres en moyens mais riches de foi, vous êtes une lumière dans les ténèbres de la haine. » Le Saint Père a invité toute l’Église à mieux connaître les richesses de l’Orient chrétien : « On ne peut aimer que ce que l’on connaît. » Il insiste : « L’Orient chrétien ne peut être préservé que s’il est aimé, et il ne peut être aimé que s’il est connu. »
À ce titre, le Souverain Pontife recommande que les séminaires et les facultés catholiques organisent des cours sur les Églises orientales. Il exhorte à mettre en œuvre les appels du Magistère, citant saint Jean-Paul II : « L’Église doit apprendre à respirer avec ses deux poumons, oriental et occidental. »Enfin, le Saint-Père a confié cette espérance à l’intercession de la Mère de Dieu, de Pierre et de Paul, avant de bénir les membres de la ROACO et de les encourager à poursuivre leur mission avec foi et espérance.
Source Vatican