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Urine, menaces et incendie évité : l’église Saint-Georges abandonnée par les pouvoirs publics ?

église Saint-Georges - DR
église Saint-Georges - DR
Menaces de décapitation, déjections sur les bancs, mégots écrasés dans le chœur : Les Dernières Nouvelles d’Alsace révèlent l’effrayante situation vécue par la paroisse Saint-Georges à Haguenau. Depuis près de dix ans, un homme sous tutelle saccage l’église sans qu’aucune mesure d’éloignement ne soit prise

C’est un témoignage stupéfiant que publient Les Dernières Nouvelles d’Alsace : à Haguenau, l’église Saint-Georges est devenue le théâtre quotidien de profanations. Depuis près de dix ans, un homme d’une cinquantaine d’années, souffrant de troubles psychologiques et placé sous tutelle, multiplie les dégradations à l’intérieur de l’édifice.

Déjections humaines, urine sur les colonnes, mégots de cigarettes écrasés sur les bancs de prière en tissu rouge, objets brisés : chaque jour, les bénévoles nettoient ce que l’homme laisse derrière lui. « Ce lundi 7 juillet, nous avons découvert de l’urine sur l’une des colonnes de l’église que les bénévoles ont dû nettoyer », rapporte Gérard Hommel, président de la paroisse.Malgré une tentative d’incendie en 2021 – l’homme avait mis le feu à une plante artificielle – aucune mesure judiciaire durable n’a été prise. La plainte déposée à l’époque a été classée sans suite en raison des troubles psychiatriques du mis en cause. Depuis, il recommence :« Nous avons fait plusieurs dépositions, mais il n’y a pas de suite et il recommence », déplore Gérard Hommel. À l’intérieur de l’église, les caméras de surveillance montrent l’individu fumant, mendiant de manière agressive, et même menaçant les fidèles. « Une fois, il nous a dit qu’il allait nous couper la tête », affirme le curé Yannick Beuvelet.

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Communiqué de l’église Saint Georges à Haguenau sur sa page Facebook

« ATTENTION !

Une personne quotidiennement commet des exactions dans l’église Saint Georges. Nous l’avons repéré grâce à la vidéo surveillance et plusieurs fois porté plainte. Il agresse les gens dans le bâtiment pour soutirer de l’argent. Il commet de nombreuses dégradations. (Ce matin, il a cassé un bol en verre du bénitier). Il fait ses besoins dans l’église et il fume en écrasant les mégots sur les revêtements de bancs. Il serait dommage qu’un incendie se déclare alors qu’une grosse somme d’argent est injectée pour la restauration.Nous serons peut-être amenés à fermer l’église temporairement.Soyez prudents si vous le croisez et signalez le à la police.« 

Un silence coupable ?


Le plus alarmant dans cette affaire n’est pas seulement la violence des actes, mais l’inaction. Selon les autorités locales citées par Les Dernières Nouvelles d’Alsace, ces agissements reprennent « à chaque fin de traitement ». L’homme, malgré sa fragilité psychique, est laissé libre d’entrer chaque jour dans l’église.Pourquoi aucune mesure d’éloignement n’a-t-elle été prise ? Pourquoi la paroisse doit-elle, seule, sécuriser le chœur avec une alarme et multiplier les caméras ? La violence, même lorsqu’elle est le fait d’un malade, ne doit-elle pas être contenue pour protéger un lieu sacré et ceux qui le fréquentent ? L’exaspération est telle que la paroisse envisage désormais de fermer totalement l’église en journée. « La dizaine de bénévoles qui assurent le nettoyage n’en peut plus. De plus, il en effraie certains en les menaçant », confie le curé. Une décision douloureuse, mais peut-on continuer à tolérer qu’un sanctuaire soit ainsi souillé dans l’indifférence générale ?À force de ne rien faire, l’État laisse un lieu de culte aux mains d’un homme instable, au détriment de toute une communauté croyante. Faut-il attendre qu’un drame se produise pour agir ?

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