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Vatican : l’argent n’est plus tabou, l’Église joue la carte de la transparence totale

Colonnes du Bernin, place Saint Pierre  - DR
Colonnes du Bernin, place Saint Pierre - DR
Le rapport annuel 2024 de l’Autorité de supervision et d’information financière (ASIF), publié le 9 avril 2025, confirme que le Saint-Siège poursuit résolument son engagement en faveur de la transparence et de la rigueur dans la gestion de ses finances.

Le Comité Moneyval du Conseil de l’Europe, chargé de contrôler l’application des normes contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a reconnu les progrès du Vatican, améliorant la notation technique sur les trois recommandations réexaminées : les banques correspondantes, les transferts de fonds et la transparence des personnes morales.

En 2024, l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR) a transmis 73 signalements d’activités suspectes, dont 36 concernaient des opérations impliquant des juridictions à haut risque. À ces déclarations se sont ajoutés six signalements provenant des autorités vaticanes. Parmi l’ensemble de ces cas, 11 rapports ont été adressés au promoteur de justice, dont deux concernaient des situations jusqu’alors inconnues. Aucun de ces rapports n’a conduit à des inculpations cette année.

Les anomalies les plus souvent relevées dans les signalements concernaient des opérations en espèces (26 %), des incohérences entre les transactions et le profil du client (23 %), des opérations jugées illogiques (14 %), des clients liés à des actualités négatives (12 %) ou encore des connexions avec des juridictions à haut risque (12 %).

Sur le plan opérationnel, deux virements suspects ont été suspendus pour un montant total de 817 280 euros. Deux blocages préventifs de comptes ont également été décidés, portant sur 2 115 470 euros.

Le contrôle des mouvements d’espèces à la frontière reste un élément de vigilance : 473 déclarations de transports de fonds ont été enregistrées en 2024, représentant un total de 27,86 millions d’euros. Sur ce montant, 21,7 millions ont été déclarés à l’entrée et 6,1 millions à la sortie.

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L’ASIF a également renforcé sa coopération internationale avec 31 demandes d’information envoyées à des homologues étrangers et 13 reçues. Deux nouveaux protocoles d’accord ont été signés en 2024, portant à 78 le nombre total d’accords en vigueur depuis 2012.

La formation reste un axe majeur de prévention. En décembre, l’ASIF a organisé une session destinée à l’IOR sur les nouvelles formes de financement illicite, notamment le recours au crowdfunding ou les programmes d’acquisition de citoyenneté contre investissement. Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie globale de sensibilisation aux menaces émergentes.

La supervision de l’IOR s’est également intensifiée. L’ASIF a mené une évaluation prudentielle complète portant sur la gouvernance, les risques, la solidité financière et les mécanismes de conformité de l’établissement. L’objectif est de garantir que l’unique entité autorisée à exercer des activités financières professionnelles dans la Cité du Vatican demeure en parfaite conformité avec les standards internationaux.

Ce rapport marque enfin la fin du mandat de Giuseppe Schlitzer à la direction de l’ASIF. Son action, saluée pour sa rigueur, a contribué à consolider la structure de l’Autorité. Il est remplacé par Federico Antellini Russo, jusqu’alors vice-directeur, nommé pour assurer la continuité.

Alors que le Vatican est souvent critiqué pour ses zones d’ombre financières, ce rapport témoigne d’une volonté claire : faire de la gestion des biens de l’Église un véritable témoignage de justice et de vérité. Car si l’Évangile appelle à ne pas servir deux maîtres, il commande aussi que tout soit fait dans la lumière.

Source Vaticane

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