Fille de la Charité (+ 1876)
Le 31 décembre 1876, à l’âge de 70 ans, Sainte Catherine Labouré s’éteignait discrètement à l’hospice d’Enghien, après avoir consacré sa vie au service des plus pauvres et des malades. Morte dans la simplicité, sans agonie, avec un sourire serein, elle laissait derrière elle un héritage spirituel marqué par une humilité profonde et un amour inébranlable pour les autres, notamment à travers son rôle dans la diffusion de la Médaille Miraculeuse.
Née le 2 mai 1806 à Fain-les-Moutiers, dans un petit village de Bourgogne, Catherine Labouré était la huitième d’une famille de dix enfants. À l’âge de neuf ans, elle perd sa mère, un événement qui la marque profondément. Elle est alors recueillie par une tante à Saint-Rémy, non loin de chez elle, avant de revenir à la ferme familiale en 1818. Très jeune, elle prend en charge les tâches domestiques, dirigeant les serviteurs et veillant au bien-être de son père et de son jeune frère infirme. À 12 ans, Catherine assume des responsabilités qui lui donnent une maturité précoce, tout en nourrissant une grande dévotion et un désir profond de prière.
L’éducation religieuse qu’elle reçoit dans sa paroisse se fait dans un contexte difficile. En effet, après la Révolution, le clergé a été décimé, et les sacrements sont devenus rares. Cependant, c’est au contact de la prière et de l’église de Fain qu’elle nourrit une vocation religieuse. Dans un rêve marquant, elle croit voir le visage de saint Vincent de Paul, ce qui marque le début de sa vocation à servir les pauvres. À 22 ans, elle part à Paris où elle travaille comme domestique avant de prendre la décision ferme de se consacrer entièrement aux plus démunis.
Son père cède finalement à son désir d’entrer chez les Sœurs de la Charité, fondées par saint Vincent de Paul, et en avril 1830, elle entre au séminaire de la Maison-Mère, rue du Bac, à Paris. À peine arrivée, elle est témoin d’un événement marquant : le transfert des reliques de saint Vincent de Paul dans la chapelle du couvent, un geste symbolique qui renforce sa vocation.
Mais c’est dans la nuit du 18 juillet 1830, veille de la fête de saint Vincent de Paul, alors qu’elle est en prière dans la chapelle, elle reçoit la visite d’un mystérieux enfant qui la conduit à genoux devant la Sainte Vierge. C’est là qu’elle fait l’expérience de la première de plusieurs apparitions de Marie, qui lui transmet un message essentiel pour l’Église : l’importance de la Médaille Miraculeuse. Marie lui explique que ceux qui porteront cette médaille avec foi bénéficieront de grâces particulières, et c’est ainsi que naît l’un des symboles les plus puissants de la dévotion catholique.
Les apparitions se poursuivent, et le 27 novembre 1830, Catherine a une nouvelle vision dans la chapelle. Elle voit la Sainte Vierge, entourée de rayons de lumière, et entend une voix lui expliquer la signification des rayons, symboles des grâces que Marie accorde à ceux qui recourent à elle. La demande de la Sainte Vierge est claire : faire frapper une médaille selon ce modèle et la diffuser largement. Malgré la réserve de son père spirituel, qui doute de la véracité de ces visions, les événements confirmèrent la véracité de ses paroles, avec l’éclatement de la révolution de juillet 1830.
Sainte Catherine continuera sa vie au service des pauvres et des malades, notamment à l’hospice d’Enghien, sans jamais chercher à attirer l’attention sur ses visions. Elle vivra sa mission avec une humilité absolue, accomplissant son rôle de Fille de la Charité en silence et avec dévouement. Loin des projecteurs, elle consacra chaque jour aux autres, et son sourire discret ne cessa jamais de témoigner de sa profonde foi en Dieu et en la Vierge Marie.
Le 31 décembre 1876, elle décède paisiblement, et sa mission secrète à travers la Médaille Miraculeuse commence à se répandre à travers le monde. Le récit de ses apparitions, écrit quelques mois après sa mort par sa confidente, Sœur Dufès, devient le témoignage précieux de son engagement spirituel et de la grâce divine dont elle a été l’instrument.
Sainte Catherine Labouré a été canonisée par le pape Pie XII en 1947. Aujourd’hui, elle repose dans la chapelle de la rue du Bac à Paris, un lieu de pèlerinage pour les millions de fidèles qui continuent de porter la Médaille Miraculeuse, signe de la protection et des grâces de la Vierge Marie.