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« Vers une vacance du Siège, que ce soit par renonciation ou par décès » déclare le docteur Badilla

@tribunechretienne
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Une communication verrouillée et une gestion opaque ?

Alors que l’état de santé du pape François continue de susciter de vives inquiétudes, certaines voix s’élèvent pour appeler l’Église à se préparer à une vacance du Siège apostolique. « La situation clinique laisse penser que les crises deviendront graduellement plus rapprochées », avertit le médecin et vaticaniste Luis Badilla dans une interview relayée par nos confrères du média italien La Bussola Quotidiana.

Le constat de Badilla est sans appel : « Le Saint-Père est un malade terminal, pour l’âge, les maladies et les caractéristiques de ses pathologies ». Loin des déclarations lénifiantes de certains milieux, cette analyse rappelle la réalité de la fragilité du pape François, hospitalisé depuis le 14 février à l’hôpital Gemelli pour une pneumonie bilatérale, et dont l’état a connu une aggravation soudaine ces derniers jours.

Face à cette situation, le docteur Badilla estime que l’Église ne peut plus faire l’économie d’une réflexion sérieuse sur l’avenir du pontificat. Selon lui, « les degrés successifs de handicap du Pape, à commencer par son problème au genou, le conduiront un jour – que je souhaite le plus lointain possible, bien entendu – à une incapacité totale ».

Le vaticaniste rappelle que le pape François a déjà signé une déclaration de renonciation en mars 2013, remise alors au cardinal Bertone, afin de permettre une transition en cas d’incapacité à gouverner. « Si un jour la difficulté venait à empêcher le pontife, pour des raisons cognitives ou corporelles, d’exercer sa mission, alors le Siège sera déclaré vacant et un autre sera élu », explique-t-il.

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Une communication verrouillée et une gestion opaque ?

Si cette perspective semble aujourd’hui évacuée par les cercles proches du pontife, c’est aussi en raison du mode de communication instauré sous son pontificat. Luis Badilla fait un parallèle frappant avec le cas de saint Jean-Paul II, soulignant que « les bulletins médicaux qui sortent de l’hôpital Gemelli sont ceux de la Salle de Presse du Saint-Siège, et non des médecins ». Contrairement à l’époque de Jean-Paul II, où les rapports médicaux étaient signés par les professionnels de santé, la communication actuelle est sous contrôle strict du Vatican.

Cette stratégie, largement dictée par François lui-même, aurait conduit à minimiser la gravité de son état avant son hospitalisation. « Avant d’être admis, il aurait pris à la légère l’ampleur de ses propres problèmes de santé », ajoute Badilla.

Le Saint-Père, selon les communiqués officiels, continue de gouverner l’Église, mais pour combien de temps encore ? le médecin Badilla affirme qu’en cas de retour à Sainte-Marthe, « il devra réduire drastiquement ses engagements pastoraux et vivre dans un isolement social important ». En clair, la capacité du pape à remplir pleinement son rôle est sérieusement mise en question.

Pourtant, toute allusion à la vacance du Siège apostolique est immédiatement rejetée par l’entourage du pontife. L’Église doit-elle alors attendre, suspendue entre la maladie et un gouvernement de plus en plus restreint ?

Loin des polémiques médiatiques et des affrontements idéologiques, l’Église doit, comme le rappelle Badilla, garder la juste perspective : celle de l’éternité. « Nous croyons en cette autre vie, la vraie, la définitive », affirme-t-il, rappelant que la préparation spirituelle à la mort est essentielle, pour le pape comme pour chaque chrétien.

Outre la question de la santé du pape,le médecin pointe un autre problème fondamental : la crise du pontificat lui-même. Il dénonce les « nombreuses décisions arbitraires » prises au cours des dernières années, et appelle à une restauration de la loi dans l’Église, rappelant que « le suprême législateur est le Christ lui-même ».

De plus, il regrette l’instrumentalisation du message pontifical par les médias, trop souvent focalisés sur les sujets sociopolitiques (immigration, justice sociale) au détriment du cœur de la mission de l’Église.

« À force d’accentuer la dimension horizontale, on en est venu à occulter la dimension sacrée et même la personne du Christ », analyse-t-il.

Loin des querelles de factions, la question est simple : l’Église peut-elle se permettre de rester passive face à l’inévitable ? Si le pape François est réellement en mesure d’assumer sa charge, il doit le démontrer. Dans le cas contraire, la vacance du Siège doit être envisagée avec sérieux et responsabilité.Comme le souligne Badilla, l’Église doit être prête à faire face : « Elle doit se préparer à avancer avec une vacance du Siège, que ce soit par renonciation ou par décès ».

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