Ce sont des images déconcertantes, et l’on ne peut qu’être affligé de voir un prêtre catholique célébrer un office en cape de Dracula, entouré de brouillard artificiel et d’un cercueil entrouvert.Le 31 octobre à Freising, en Bavière, un « office d’Halloween » a été organisé dans la chapelle funéraire du cimetière Saint-Georges. Le célébrant, le père Michael Korell, vicaire de la paroisse, affirme avoir voulu « rejoindre ceux qui n’ont plus de lien avec l’Église » en leur proposant une célébration « à la veille de la Toussaint », avec une mise en scène évoquant l’imaginaire d’Halloween. Sous sa cape de Dracula, il portait ses vêtements liturgiques officiels.
« Je voulais faire comprendre que nous n’avons pas à avoir peur de la mort », a-t-il déclaré à la presse locale.
🚨TERRIBLE ⚡️Église allemande : entre folie et dérive totale ou comment justifier la fête d’Halloween
— Tribune Chrétienne (@tribuchretienne) November 13, 2025
⚡️Le 31 octobre à Freising, en Bavière, un « office d’Halloween »
🔴Au nom de l’ouverture, on peut tout dire, tout justifier, tout tenter, même au risque de s’éloigner toujours… pic.twitter.com/v7KAwQJAIp
Environ cinquante personnes ont assisté à cette célébration atypique, au cours de laquelle ont été récités le Notre Père et des prières d’intercession, accompagnées de chants du répertoire paroissial. Le cercueil entrouvert, a précisé le prêtre, devait symboliser « le tombeau vide du Christ, signe de la résurrection ».Mais la mise en scène a suscité de vives réactions. Si plusieurs participants ont salué l’initiative comme une manière « originale de parler de foi », d’autres ont à juste titre dénoncé une confusion grave entre la liturgie chrétienne et les symboles profanes ou macabres de la culture populaire. Certains paroissiens ont parlé d’un service « indigne » ou « à la limite de l’occultisme ».
Face à la polémique, la paroisse de Freising a publié un communiqué sur les réseaux sociaux pour clarifier sa démarche. Le texte précise que la célébration n’était pas une messe, mais une simple prière communautaire tenue « en dehors de l’église afin de préserver la dignité du lieu sacré ». Il assure également qu’« aucun acte d’ordre occulte » n’a eu lieu et que le sens du cercueil ouvert était « purement symbolique, renvoyant à la victoire du Christ sur la mort ».Le curé de la paroisse, le père Daniel Reichel, a reconnu certaines maladresses : « Oui, le terme “Halloween Service” était mal choisi. Nous aurions dû mieux expliquer le sens de cette démarche. » Il a toutefois souligné que la plupart des réactions avaient été positives et qu’il n’y avait eu que « trois ou quatre plaintes ».
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L’affaire, qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux catholiques allemands et internationaux, révèle une tension profonde au sein de l’Église allemande : celle du rapport à la modernité et à la culture populaire. Tandis que certains y voient une tentative pastorale audacieuse pour toucher les éloignés, d’autres y lisent une perte du sens du sacré et un détournement évident de la symbolique chrétienne.Cette initiative s’inscrit dans un climat ecclésial déjà controversé en Allemagne, marqué par le Chemin synodal et ses propositions de réforme liturgique et doctrinale. Pour de nombreux fidèles, voir un prêtre célébrer en costume de Dracula, même « pour évangéliser », n’est pas seulement une faute de goût, mais le signe d’une dérive plus profonde : celle d’une Église qui cherche à plaire au monde au risque de trahir son propre langage spirituel.
« À Pâques, nous célébrons un tombeau vide, parce que le Christ est ressuscité », a rappelé le communiqué de la paroisse pour justifier la mise en scène. Mais la question demeure : pourquoi avoir choisi, pour annoncer la victoire de la lumière, les symboles de la peur et des ténèbres ?
Car au fond, c’est bien cela qui interroge. Si l’intention pastorale du père Korell était sans doute « sincère« , le moyen choisi a dérouté et blessé de nombreux fidèles. En cherchant à moderniser le message du Christ, certains prêtres semblent désormais prêts à tout mélanger : le sacré et le profane, la foi et le folklore, la croix et le carnaval.Cette confusion, sous couvert d’ouverture, ne rapproche pas les âmes de Dieu : elle les désoriente. Ce n’est pas en se grimant en vampire que l’on ramène les cœurs à la foi, mais en annonçant, avec courage et humilité, la vérité du Christ crucifié et ressuscité. L’Église d’Allemagne semble aujourd’hui fascinée par la modernité au point d’en oublier l’Évangile. Et si la démarche du père Korell paraît sincère, elle n’en demeure pas moins sortie tout droit de ses élucubrations.


