Dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine CBS, le pape François qualifie de « stupides » les scientifiques et experts qui nient l’urgence climatique. Ces propos chocs révèlent une certaine problématique dans la relation entre l’Église et la science.
Les mots lancés par le pape François peuvent choquer mais le souverain pontife fait parfois quelques écarts de langage comme envers certaines catégories de catholiques ou d’autres…
En réalité, de l’interview, réalisée la semaine dernière, seuls quelques extraits ont été diffusés mercredi soir sur Youtube, accompagnés d’un reportage journalistique visant à contextualiser les déclarations du pape. L’interview intégrale, d’une durée d’une heure, sera diffusée le 19 mai dans l’émission « 60 minutes » de Norah O’Donnell, et constitue en soi un événement historique car c’est la première fois que le pape François accorde une interview en face à face à une chaîne de télévision américaine.
Dans l’extrait diffusé (voir à partir de la minute 4’53 »), Norah O’Donnell demande au pape : « Que dites-vous à ceux qui nient les changements climatiques ?« . Le pape François répond : « Il y a des personnes stupides (il dit « necia » en espagnol, traduit par « foolish » en anglais). Et stupides même si vous leur montrez des recherches, ils ne croient pas. Pourquoi ? Parce qu’ils ne comprennent pas la situation ou parce qu’ils ont leurs propres intérêts. Mais le changement climatique existe ».
Rappelons que les changements climatiques sont la norme ; depuis la création du monde, le climat a toujours changé, il n’a jamais existé de « stabilité climatique ». Chacun devrait se rappeler avoir entendu parler d’ères glaciaires et de périodes interglaciaires, par exemple.
Paradoxalement, ne sont-ce pas les catastrophistes climatiques qui font croire que le climat aurait une éternelle stabilité s’il n’y avait pas eu les activités humaines depuis la révolution industrielle?
Ce qui est contesté, ce sont plutôt les prétentions selon lesquelles la phase actuelle de réchauffement serait sans précédent, qu’elle serait la responsabilité exclusive (ou presque) de l’homme, que les températures tendent à augmenter de manière incontrôlée et que tout cela aurait des conséquences catastrophiques pour la planète et pour notre vie.
En résumé, il y a ceux qui soutiennent l’existence d’une urgence climatique – et c’est là la pensée qui sous-tend les politiques climatiques et l’urgence avec laquelle on poursuit la transition écologique et énergétique – ; et il y a ceux qui nient qu’il y ait une quelconque urgence climatique et qui mettent en garde contre le fait d’investir des milliards de dollars ou d’euros dans des mesures qui ne changeraient de toute façon pas l’évolution du climat mais qui entraîneraient plutôt dans la pauvreté des centaines de millions de personnes.
De quel coté se situe le pape François ?
L’encyclique Laudato Si’ (2015) et l’exhortation apostolique Laudate Deum (2023) sont la preuve que le Pape pourrait facilement recevoir être perçu comme le porte parole d’une écologie ultra -militante voir excessive dans ses conclusions…
Dans Laudate Deum? ( numéro 58 ) le pape François fait même un clin d’œil aux extrémistes de la dernière génération, ceux qui bloquent la circulation ou vandalisent des œuvres d’art et d’autres lieux symboliques : « En réalité – écrit François – ils occupent un vide dans la société dans son ensemble, qui devrait exercer une pression saine, car il revient à chaque famille de penser que l’avenir de ses enfants est en jeu ».
C’est donc à cela que fait référence le pape François dans sa réponse à Norah O’Donnell : les « stupides » seraient donc les nombreux scientifiques et experts, dont plusieurs prix Nobel, qui contredisent, chiffres à l’appui, les thèses catastrophistes et dénoncent l’instrumentalisation de la science à des fins politiques.
Pourtant parmi ces scientifiques beaucoup ont consacré leur vie à l’étude et à la recherche et certains sont des prix Nobel et chiffres à l’appui, ils dénoncent les thèses catastrophistes et l’instrumentalisation de la science à des fins politiques.
Le pape aurait-il exprimé un jugement téméraire sur ces personnes ?
François a-t-il pris le temps d’écouter les arguments de ces scientifiques qui nient l’existence d’une urgence climatique, peut-être changerait il d’avis…
On peut s’interroger sur le fait que la Vérité proclamée par l’Église depuis deux mille ans puisse être remise en question et adaptée à l’ère du temps mais qu’une thèse scientifique controversée et contestée comme celle du réchauffement climatique anthropique (c’est-à-dire causé par l’homme) devienne une vérité absolue …
adapté avec NBUSSOLA