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[VIDEO] Un Rubens représentant le Christ s’envole à près de 3 millions d’euros à Versailles

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Redécouvert dans un hôtel particulier parisien avant d’être adjugé à Versailles, un Christ en croix signé Pierre Paul Rubens ressurgit après quatre siècles d’oubli

Dans un monde en quête de sens, l’apparition d’un chef-d’œuvre sacré et sa valeur exceptionnelle témoignent d’un regain d’intérêt pour la peinture religieuse ainsi un tableau représentant la crucifixion du Christ réalisé par le maître baroque Pierre Paul Rubens a été vendu dimanche pour près de trois millions d’euros lors d’une vente aux enchères organisée à Versailles, quatre siècles après sa disparition.

L’œuvre, longtemps perdue, n’a été redécouverte que récemment dans un hôtel particulier parisien, plus de 400 ans après son achèvement. Le cadre prestigieux de Versailles, ville marquée par l’histoire des arts et du mécénat royal, a offert une résonance particulière à cet événement. Sans que la vente ne se déroule dans le château, la cité demeure un lieu de référence pour la présentation d’œuvres anciennes, la proximité du plus célèbre palais de France contribuant à souligner l’importance culturelle de la redécouverte.Ce retour sous les projecteurs d’un tableau religieux s’inscrit dans l’histoire longue de l’art sacré en Europe. Depuis les premiers ateliers des anciens Pays-Bas jusqu’aux grandes commandes de la Contre-Réforme, la peinture sacrée a servi de catéchèse visuelle, transmise par la puissance des images et la profondeur théologique de leurs symboles.

Dans un monde contemporain souvent marqué par la rupture avec ces codes, la réapparition d’un Rubens sacré illustre une sensibilité renouvelée pour des œuvres qui portent encore, malgré les siècles, une densité spirituelle capable de toucher le regard moderne.

Le tableau, isolant la figure du Christ debout sur la croix dans un fond très sombre, diffère des représentations plus connues de Rubens comme son célèbre Christ en croix avec les deux larrons. Cette œuvre nouvellement retrouvée est un portrait solitaire du Christ, dans un silence dramatique qui contraste avec l’agitation habituelle de la scène du Calvaire telle que Rubens l’a peinte ailleurs. Le choix d’un décor dépouillé donne à ce tableau un caractère méditatif inhabituel dans l’œuvre du maître, lui qui privilégie souvent les compositions foisonnantes et les scènes peuplées de figures. Selon l’expert Nils Büttner, il s’agit par ailleurs de l’unique tableau de Rubens montrant explicitement le sang et l’eau coulant du côté du Christ, détail que l’artiste n’a représenté qu’une seule fois.

Adjudicée 2,7 millions de dollars par la maison Osenat, l’œuvre pourrait provenir d’un atelier ou d’une commande abandonnée. Elle avait disparu peu après sa réalisation, au début des années 1600, avant de réapparaître dans la collection du peintre académique William Bouguereau au XIXe siècle. Transmise ensuite au sein de sa famille, elle finit par se retrouver dans un hôtel particulier privé à Paris où elle est restée ignorée du public pendant des décennies. C’est seulement lorsqu’une expertise a été demandée que l’histoire s’est accélérée. L’un des experts, Jean-Pierre Osenat, raconte avoir immédiatement eu l’intuition de se trouver devant une œuvre importante et s’est attaché à solliciter le Rubenianum d’Anvers, centre international d’expertise dédié à Rubens, afin d’en établir l’authenticité.

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Les analyses scientifiques menées sur le tableau ont confirmé son origine. Les microscopes ont révélélé une technique caractéristique, notamment les couches superposées de pigments, dont les bleus et les verts que Rubens utilisait volontiers pour modeler la carnation humaine. La combinaison de ces résultats techniques avec l’examen stylistique a levé les derniers doutes. Ce type d’authentification rigoureuse illustre combien la redécouverte d’un Rubens authentique est rare, la plupart des œuvres majeures du maître étant déjà répertoriées. Les spécialistes du baroque flamand collaborent d’ailleurs étroitement dans le monde entier, ce qui rend d’autant plus exceptionnelle l’apparition soudaine d’une œuvre totalement inconnue jusqu’alors.

Le Parisien précise que la vente n’a pas été exempte de rebondissements. La venderesse a affirmé avoir retiré l’œuvre de la vente et a déposé une plainte pour tenter de la récupérer, entraînant une procédure judiciaire toujours en cours. Ce type de contentieux n’est pas rare pour des œuvres de cette valeur, surtout lorsqu’elles émergent d’héritages complexes ou d’histoires familiales longues, comme ce fut ici le cas depuis Bouguereau.Cet épisode rappelle d’autres ventes marquantes sur le marché de l’art ancien, notamment celle de 2018 où l’œuvre Un satyre portant un panier de raisins et de coings avec une nymphe de Rubens avait été acquise par le milliardaire Sean Parker pour près de six millions de dollars. Les peintures issues des maîtres baroques européens suscitent un intérêt particulier en raison de leur extrême rareté sur le marché contemporain, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’œuvres reconnues comme authentiques après des siècles de disparition.

Pierre Paul Rubens, né en 1577 et mort en 1640, reste l’une des figures majeures de l’art baroque européen. Peintre de cour, diplomate et humaniste, formé en Italie avant de devenir maître à Anvers, il a marqué l’histoire de l’art par la vigueur de ses compositions, la richesse de ses couleurs, son sens du mouvement et ses scènes religieuses d’une intensité rare. Son travail, profondément enraciné dans la tradition chrétienne, témoigne de la puissance de l’image sacrée à transmettre la foi à travers la beauté.La réapparition d’un tableau de Rubens consacré au Christ en croix ne représente donc pas seulement un événement du marché de l’art, mais aussi un signe du regain d’intérêt pour l’art sacré, dans un monde qui cherche de nouveau, par la beauté, à renouer avec des symboles fondateurs. La mise en lumière d’un tableau disparu depuis quatre siècles enrichit le corpus connu du peintre et montre combien l’héritage spirituel de l’art européen continue de toucher le public d’aujourd’hui. Redécouverte inattendue, elle rejoint cette quête contemporaine de sens qui redonne une place centrale aux œuvres religieuses et à leur pouvoir d’éveiller la mémoire, la foi et la contemplation.

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