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[ Vidéo] Une église de Dordogne dévoile un trésor caché pendant cinq siècles

Le "dragon de Saint-Méard" - DR
Le "dragon de Saint-Méard" - DR
Un dragon mythologique unique, des scènes du Jugement dernier et plus de 430 m² de peintures restaurées émergent désormais de l'ombre

En pleine vallée de la Dronne, l’église de Saint-Méard-de-Drône dévoile un cycle de fresques médiévales inestimables, laissées dans l’ombre pendant des siècles. Le dragon mythologique, le Jugement dernier et plus de 430 m² de peintures restaurées offrent un regard rare sur l’art sacré du XVe siècle. Une redécouverte qui place ce village de 500 habitants sur la carte des passionnés d’histoire et d’art.

L’église de Saint-Méard-de-Drône, témoin de l’histoire locale depuis le XIe siècle, a traversé les âges tout en préservant son identité romane, ponctuée de transformations dues aux événements historiques. Le nom même de la commune est un hommage à saint Médard, évêque de Noyon, dont l’influence se retrouve dans le nom de l’église, consacrée en son honneur. Édifiée au fil des siècles, l’église s’est vue modifiée, en particulier après les violences de la guerre de Cent Ans, où elle fut fortifiée pour offrir protection à la population locale.

Cependant, c’est au XIXe siècle que l’église subit une véritable métamorphose, avec la reconstruction de la façade et la surélévation de la tour-clocher néo-roman. L’intérieur, lui, fut en grande partie dissimulé sous un enduit imitant les pierres appareillées, masquant ainsi les fresques du XVe siècle qui ne furent redécouvertes qu’en 1999 lors d’un accident. C’est grâce aux travaux entrepris dès 2013 que l’on peut aujourd’hui admirer l’étendue des peintures murales, qui couvrent plus de 430 m², offrant un panorama unique de l’art sacré médiéval.

Comme le précise France Bleu, parmi ces fresques exceptionnelles, l’on peut voir un dragon mythologique, représenté comme une figure dominante qui sépare le paradis et l’enfer dans un cycle d’images pédagogiques, destinées à instruire une population analphabète. Le « dragon de Saint-Méard », emportant des âmes dans sa gueule, symbolise cette frontière mystique entre le bien et le mal. Ce dragon est devenu le symbole de la commune, tant il incarne l’esprit de cette région.

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La restauration des fresques a également mis au jour des scènes impressionnantes du Jugement dernier, où Saint Pierre détenant les clés du paradis fait face aux âmes condamnées aux flammes de l’enfer. Ces représentations très détaillées, qui rappellent les planches d’une bande dessinée médiévale, continuent d’émerveiller les visiteurs par leur force expressive et leur dimension éducative.

Alain Mazeau, secrétaire de l’association « Saint-Méard-de-Drône patrimoine », déclare à France Bleu que : « Les fresques ont une fonction pédagogique, elles ont servi à faire comprendre aux habitants des concepts religieux essentiels, là où l’écrit n’était pas accessible. »

Aujourd’hui, l’église est en passe de devenir un centre d’attraction touristique majeur pour la région. Avec des coûts de restauration ayant dépassé 1,2 million d’euros, cet investissement est jugé nécessaire par la municipalité, qui voit dans la redécouverte de ce patrimoine un atout majeur pour le rayonnement du village. Gérard Caignard, le maire, insiste sur l’importance de cet investissement pour l’avenir de la commune : « Ce n’est pas de l’argent gaspillé. Nous avons fait le bon choix, et il suffit de voir l’enthousiasme des visiteurs pour en être convaincus. »

L’église est désormais ouverte tous les jours au public, avec des visites guidées gratuites assurées par l’association locale, permettant ainsi aux visiteurs de découvrir un patrimoine unique. C’est ainsi que, des siècles après avoir été dissimulé sous des couches d’enduit, l’art médiéval de Saint-Méard-de-Drône retrouve toute sa splendeur, inscrivant définitivement l’église parmi les joyaux du Périgord.

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