Ce 7 janvier 2025 marque le dixième anniversaire de l’attentat tragique contre Charlie Hebdo, qui avait coûté la vie à 17 personnes en 2015. Alors que la société française célèbre la liberté d’expression, une enquête menée par l’Ifop en collaboration avec la Fondation Jean-Jaurès et Charlie Hebdo révèle des évolutions significatives dans les perceptions des Français, particulièrement chez les jeunes générations.
Selon le sondage, 76 % des Français considèrent aujourd’hui la liberté d’expression comme un droit fondamental, un chiffre en nette progression par rapport à 2012. Pourtant, une fracture générationnelle se dessine. Près d’un tiers des jeunes de moins de 35 ans (32 %) estiment que l’on ne peut pas tout dire ou caricaturer sous prétexte de liberté d’expression. Ce chiffre dépasse largement celui des 35-64 ans (21 %), révélant une sensibilité accrue des jeunes au respect du sacré.
Alors que les caricatures ont longtemps été perçues comme un symbole de l’irrévérence républicaine, cette évolution semble indiquer un retour à des exigences de respect, notamment en matière religieuse. En effet, des sujets comme la Shoah ou les génocides restent largement tabous pour l’humour, tout comme les caricatures touchant des figures religieuses sacrées.
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Pour une partie de la jeunesse, la liberté d’expression, bien que fondamentale, doit être exercée dans des limites claires afin de ne pas heurter ce qu’ils considèrent comme inviolable. Cette position fait écho à un appel à la dignité et au respect, qui transcende les clivages politiques et religieux.
Mgr Dominique Rey, dans une déclaration récente à Tribune Chrétienne, avait déjà souligné l’importance de défendre le sacré face à une société qui banalise parfois le blasphème. « Tant sur le plan éducatif que juridique ou médiatique, il est temps que les chrétiens s’organisent pour enseigner les consciences au respect des convictions de chacun », déclarait-il.
Alors que les générations plus âgées continuent de défendre Charlie Hebdo comme un bastion de la liberté d’expression, cette génération montante pose la question des limites. Si les débats autour de la caricature et du blasphème ne sont pas nouveaux, leur résonance semble aujourd’hui plus forte que jamais.