En ce début de janvier 2025, nous commémorons les dix ans des attentats tragiques qui ont frappé la rédaction de Charlie Hebdo. Ces événements, marqués par une violence inqualifiable, imposent à tous un devoir de mémoire. Nous prions pour les victimes de cet acte barbare et de l’hyper Cacher, victimes innocentes d’une haine destructrice.
Cependant, cette commémoration est aussi l’occasion d’une réflexion sur ce que certains appellent « l’esprit Charlie ». Une réflexion nécessaire, non pour excuser l’inexcusable, mais pour questionner la nature réelle d’un courant de pensée qui se revendique comme tel, mais qui, à bien des égards, semble n’être qu’une succession de provocations déguisées en revendications de liberté.
Les victimes de l’attentat de Charlie Hebdo ne peuvent pas être considérées comme des victimes sacrificielles, offrant un droit illimité à l’insulte permanente au nom de la liberté d’expression. Le lourd tribut humain payé suite à ce massacre doit, au contraire, inspirer une réflexion profonde. Par respect pour ces victimes, il ne s’agit pas de glorifier une liberté débridée, celle de dire et de faire n’importe quoi, mais de réfléchir à une vision raisonnée et responsable de l’usage que nous faisons de notre liberté. Une liberté qui blesse et humilie ne peut être érigée en valeur suprême.
Dans un article récemment publié par La Croix et intitulé « Caricatures : ce qu’en disent les trois grandes religions« , une analyse propose d’aborder la question des caricatures à travers les regards du judaïsme, de l’islam et du christianisme. Cette approche, bien qu’apparemment équilibrée, repose sur une fausse équivalence entre ces trois grandes religions monothéistes, niant leurs différences fondamentales, particulièrement en matière de rapport au sacré.
L’article affirme que « les croyants ne s’y opposent pas, répondent d’une seule voix les représentants religieux des trois grandes religions monothéistes ». Mais qui sont ces « représentants religieux » ? Et au nom de qui parlent-ils ? Il est troublant de voir un tel amalgame, qui réduit les croyances profondes de millions de fidèles à une simple acceptation consensuelle de l’inacceptable.
Le judaïsme et l’islam, interdisent toute représentation de Dieu, tandis que le christianisme célèbre la révélation divine dans l’incarnation de Jésus-Christ. Cette différence fondamentale est escamotée dans l’article, qui place les trois religions sur un pied d’égalité en matière d’acceptation des caricatures. Cette uniformité supposée trahit une méconnaissance, voire un mépris, des nuances et des spécificités de chaque foi et particuliérement de la foi chrétienne.
Pour un catholique, la caricature des symboles sacrés, en particulier de la Sainte Vierge ou du Christ, n’est pas seulement une offense morale : c’est une attaque directe contre la foi et ce qu’elle a de plus précieux. Ce n’est pas une question de représentation graphique, mais de respect pour ce qui est saint.
Il y a une une volonté d’aplanir toutes les différences religieuses pour les réduire à une seule voix, celle d’un consensus illusoire qui ne reflète ni la vérité ni la complexité des croyances. En ce sens, il rejoint un relativisme ambiant qui veut que toutes les religions soient interchangeables et que tout ce qui est sacré puisse être moqué sans conséquence.
Cette vision est profondément problématique. En tant que catholique, nous savons que « Dieu s’est fait homme » et que la dignité des symboles chrétiens dépasse le cadre de simples représentations culturelles ou historiques. Ce que certains présentent comme une « tolérance éclairée » n’est qu’un prétexte pour dévaloriser ce qui est sacré et encourager un nihilisme qui mine les fondements de notre société.
Le 18 novembre 2024, Charlie Hebdo a lancé son concours « RireDeDieu », une nouvelle provocation sous couvert de liberté d’expression. Ce concours, présenté comme une dénonciation de « l’emprise des religions », n’est rien d’autre qu’une attaque idéologique.Nous avons déja évoqué : « Ce journal, autrefois perçu comme un défenseur de la liberté d’expression, semble aujourd’hui davantage animé par le besoin de capter l’attention, quitte à faire fi des conséquences sur les croyants. »
En août 2024 , Tribune Chrétienne a porté plainte contre Charlie Hebdo pour ses caricatures blasphématoires contre la Sainte Vierge. Cette plainte, classée sans suite, met en lumière un silence inquiétant de la part des autorités. Ce silence renforce l’idée que Charlie Hebdo bénéficie d’une forme d’impunité, comme si ses provocations faisaient partie d’un paysage médiatique où tout est permis sous couvert de satire.
Pour qu’il y ait esprit, selon le dictionnaire, il faut « un souffle divin, une inspiration provenant de Dieu ». Hors de cela, il ne reste que la volonté de provoquer, sous couvert d’une liberté mal comprise qui veut s’imposer à tous. Le journal La Croix ,trop content de nuire à la foi chrétienne, participe à cela en amalgamant les réactions les trois grandes religions et en passant sous silence la gravité de certaines attaques, comme celle contre la Sainte Vierge. l’enfermement dans une certaine idéologie, seule source de privation de liberté, montre ici les limites d’une approche qui sacrifie la Vérité au politiquement correct.
Rappelons les propos du cardinal François Bustillo, que Tribune Chrétienne avait recueilli suite à la caricature de la Sainte Vierge. Le prélat d’Ajaccio avait dénoncé la violence gratuite des provocations, rappelant que « se moquer de Marie est une façon de provoquer et de blesser la sensibilité et la croyance des catholiques ». Il appelait à éviter le « sadisme social » et à promouvoir un respect mutuel, soulignant que « dans une société évoluée, on respecte les différences » pour bâtir une « civilisation pacifique ».
En ce jour de commémoration, nous prions pour les victimes des attentats, mais nous affirmons également que la foi chrétienne, enracinée dans l’amour et la vérité, ne sera jamais réduite à l’objet de provocations vulgaires ou de consensus trompeurs.