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Le Pape François veut-il franchir certaines limites ?

woman standing inside church
Photo by Anna Church
La notion même de "démasculinisation" suggère t-elle une rupture avec la doctrine originelle ?

Lors de sa récente rencontre avec des théologiens, le pape François a fait une déclaration qui a laissé perplexe de nombreux fidèles au sein de l’Église catholique. Son appel à la « démasculinisation » de l’Église a jeté une lumière crue sur ce qui semble être une tentative de transformation radicale de l’institution religieuse.

La notion même de « démasculinisation » suggère t-elle une rupture avec la doctrine originelle ?

Revenons sur le caractère masculin du sacerdoce…La raison fondamentale réside dans l’exemple de Jésus, qui a spécifiquement choisi des hommes pour former le groupe des 12 apôtres. Ces apôtres, à leur tour, ont également choisi des hommes pour leur succession. Cela lie l’Église à la tradition établie par Jésus et les apôtres.

On peut poser la question de savoir si les actions de Jésus et des apôtres étaient influencées par la culture de leur époque et si, de nos jours, ils agiraient différemment. Aujourd’hui, nous observons la présence de femmes à tous les niveaux, y compris à des postes de chef d’État. Alors, pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas occuper les responsabilités confiées aux apôtres ?

Cette question est pertinente.

Cependant, il est essentiel de reconnaître que Jésus, en tant que Fils de Dieu, a agi avec une totale liberté vis-à-vis des normes culturelles de son époque, y compris en ce qui concerne la dignité des femmes.

Comment Jésus a-t-il contribué à promouvoir la dignité des femmes ?


On retrouve ces exemples dans les Évangiles. Tout d’abord, prenons la femme samaritaine. Jésus ne craint pas de briser les conventions, et lorsque « ses disciples s’étonnent de le voir parler à une femme », ils sont habitués à cette liberté de Jésus, et aucun d’entre eux n’ose lui demander « Pourquoi lui parles-tu ? » (Jean 4,27).

De même, il y a l’épisode de la femme surprise en adultère (Jean 8). Selon la Loi de Moïse, elle aurait dû être lapidée, ce qui est assez étonnant, car les hommes, bien qu’étant tout aussi coupables, échappent à une telle punition horrible. Cependant, Jésus les renvoie à leur propre conscience en leur disant : « Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ». En fin de compte, tous s’en vont (Jean 8). Jésus ne pardonne pas explicitement à cette femme, mais par sa grâce, il lui offre la possibilité d’une nouvelle vie en lui disant : « Je ne te condamne pas, va et ne pèche plus. »

En outre, il est remarquable que dans la foi chrétienne, la résurrection de Jésus soit la pierre angulaire, et Jésus ressuscité est apparu en premier à des femmes, leur confiant la mission de l’annoncer aux apôtres (voir Matthieu 28,10).

Ainsi, les femmes précèdent les apôtres dans la foi en la résurrection et les introduisent même dans ce mystère. Cela n’empêche pas que la foi de l’Église repose sur le témoignage des apôtres. Cependant, cela illustre la mission profonde des femmes : elles sont appelées à vivre en profonde communion avec le mystère du Christ et à préparer les cœurs à accueillir ce mystère.

Observons aussi que lorsqu’on se penche sur l’histoire de l’Église au fil des siècles en ce qui concerne l’ordination des femmes, on constate que l’Église, suivant l’exemple de Jésus, ne s’est pas pliée à la culture dominante. En effet, les cultes païens ont souvent inclus des femmes prêtres.

De plus, les premiers hérétiques qui se sont séparés de l’Église principale ont souvent ordonné des femmes.

Tout cela montre que la décision de n’ordonner que des hommes ne peut pas être simplement attribuée à la culture. C’est une volonté de Dieu que l’Église a assumée.

Enfin , l’amour des chrétiens pour la Sainte Vierge et sa grande importance pour la vie de l’Église sont un témoignage de la grande mission et de la dignité des femmes.

Alors que veut dire le Pape ?

Pour ce qui est précisément de l’ordination sacerdotale des femmes, le pape François relève que l’impossibilité d’octroyer l’ordination sacerdotale aux femmes établie par saint Jean Paul II était certes une « déclaration définitive » mais n’ayant pas le caractère d’une « définition dogmatique ». Elle ne peut pas être « contredite publiquement », mais peut faire « l’objet d’études »….des études qui déboucheront sur quoi ? une évolution lente mais progressive vers le sacerdoce..?

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