Le 12 juillet marque la fête des saints Louis et Zélie Martin, canonisés conjointement par le pape François en 2015. Cette date commémore leur mariage à la basilique Notre-Dame d’Alençon en 1858, où ils s’engagèrent à vivre pleinement le sacrement du mariage, avec son appel à l’amour humain et éternel.
Faits l’un pour l’autre, Louis et Zélie Martin s’aiment profondément, délicats et attentifs l’un à l’autre. Exigeants et bienveillants dans l’éducation de leurs enfants, ils les élèvent dans l’amour de Dieu et du prochain. Ils assument pleinement leurs vocations de père et de mère, y compris à travers les difficultés qu’ils rencontrent.
Histoire d’un couple
L’histoire du couple Louis et Zélie est une histoire simple mais pas ordinaire pour autant.
Si Louis a eu l’habitude des voyages, au gré des mutations de son papa militaire, de garnison en garnison, Zélie, quoique fille de militaire aussi – son papa était gendarme – n’a pratiquement pas voyagé, se déplaçant tout juste de quelques dizaines de kilomètres pour rallier Alençon à l’âge de 13 ans.
Leur histoire est originale. Désirant, l’un comme l’autre, devenir religieux, éconduits chacun pour leur part dans leur démarche, rendus à leur solitude de vie dans cette ville calme et paisible d’Alençon, ils se rencontrent sur le pont qui enjambe la Sarthe et se marient quelques mois plus tard.
Homme et femme de foi, travailleurs, bons éducateurs de leurs enfants (ils en auront neuf), engagés dans les œuvres sociales, soucieux de témoigner de leur foi, éprouvés par la maladie de Zélie, ils ne laissent personne indifférent.
Dix-neuf années d’un réel bonheur vécu comme époux et en famille, puis dix-sept années où la famille Martin, transplantée à Lisieux, vivra dans le souvenir de leur épouse et mère regrettée.
Aujourd’hui, l’Église nous les offre comme modèles sur le chemin de la Sainteté parce qu’ils ont su dans l’épreuve qui était la leur, « vivre d’Amour », pour reprendre le titre d’une poésie de leur fille sainte Thérèse.
Louis Martin
À la recherche d’un idéal
Louis Martin naît à Bordeaux en 1823. Fils de militaire, ses premières années sont placées sous le signe de la mobilité. Puis la famille s’installe à Alençon où Louis vit sa scolarité.
Il apprend l’horlogerie à Rennes, Strasbourg et Paris. Années déterminantes au cours desquelles naît le désir de se consacrer à Dieu, au monastère du Grand Saint-Bernard. Sa difficulté à maîtriser le latin l’oblige à renoncer à ce projet. Il ouvre alors une horlogerie-bijouterie en 1850 rue du Pont Neuf à Alençon.
Le temps du mariage
Sa mère, qui ne se résout pas à le voir célibataire, lui parle de Zélie Guérin, avec laquelle elle apprend l’art de la dentelle. Leur première rencontre sur le Pont Saint-Léonard sera déterminante.
Ils se marient quelques mois plus tard le 12 juillet 1853 à 22h à l’hôtel de ville d’Alençon et le 13 à minuit à l’église Notre-Dame.
Leur vie conjugale durera 19 ans. Elle sera marquée par un projet de vivre la continence dans le mariage puis par l’accueil de neuf enfants dont cinq survivront. La correspondance de Madame Martin révèle la profonde affection qui unit ce couple.
Un père attentif
S’ouvre alors pour Louis le temps du veuvage qu’il décide – sur les indications de Zélie – de vivre à Lisieux auprès des Guérin, sa belle famille. Quelques lettres de cette époque nous le révèlent père attentif à chacune de ses filles et prêt à consentir à leur projet de vie religieuse.
La maladie de Louis Martin
La maladie et la mort de Louis Martin font l’objet d’une étude de 73 pages dans le volume 2 réalisé par l’Office historique de la Congrégation pour la cause des Saints. On y trouve des témoignages de médecins psychiatres, d’un médecin généraliste, de deux médecins des hôpitaux psychiatriques du Bon Sauveur de Caen et enfin d’un neuropsychiatre. La maladie terminale de M. Martin a été une encéphalopathie vasculaire progressive par artériosclérose cérébrale diffuse, ayant évolué pendant une dizaine d’années.
Zélie Martin
Zélie, femme active, chef d’entreprise, engagée pour la justice…
Après des études au couvent de l’Adoration Perpétuelle, rue de Lancrel à Alençon, elle se sentit appelée à la vie religieuse mais devant le refus de la supérieure, elle s’orienta vers une formation professionnelle et s’initia avec succès à la fabrication du célèbre point d’Alençon. Vers la fin de 1853, elle s’installa donc comme « fabricante de Point d’Alençon » au 36 rue Saint-Blaise et procure du travail à des ouvrières à domicile. La qualité de son travail fait la renommée de son atelier. Les relations qu’elle entretient avec son personnel, dont elle dit qu’il faut l’aimer comme les membres de sa propre famille, nous montre toujours prêtre à soutenir ceux qui en ont besoin. L’Évangile mène tous ses actes.
Zélie, épouse amoureuse
Au mois d’avril 1858, Zélie Guérin croise sur le pont Saint-Léonard un jeune homme dont l’allure l’impressionne… C’est Louis Martin, horloger. L’amour qu’elle porte à son mari se dit dans ses lettres…
Zélie, mère comblée et éprouvée
De 1860 à 1873, neuf enfants naîtront au foyer des Martin dont quatre mourront en bas âge.
Zélie éprouvera joies et souffrances au rythme de ces naissances et de ces décès; ainsi peut-on lire dans sa correspondance: « J’aime les enfants à la folie, j’étais née pour en avoir… ». Puis, après la naissance de Thérèse, sa dernière fille; « J’ai déjà beaucoup souffert dans ma vie ». L’éducation de ses filles mobilise toute l’énergie de son cœur. La confiance était l’âme de cette éducation. Pour ses enfants, elle souhaite le meilleur… devenir des saints!
Zélie, malade et toujours confiante
Dès 1865 une glande au sein droit qui dégénèrera en cancer fait beaucoup souffrir Zélie.
« Si le Bon Dieu veut me guérir, je serai très contente, car au fond, je désire vivre; il m’en coûte de quitter mon mari et mes enfants. Mais d’autres part, je me dis: si je ne guéris pas, c’est qu’il leur sera peut-être plus utiles que je m’en aille ».
D’Alençon à Lisieux, l’histoire du couple Louis Martin et Zélie Guérin et de leur famille est une histoire simple mais extraordinaire.
Béatification et Canonisation
Le 26 mars 1994, Jean-Paul II proclamait les vertus héroïques de Louis Martin et Zélie Guérin et les déclarait Vénérables. Ceci finalisait la première étape de leur procès en vue de leur canonisation. Par cette déclaration, les défunts Louis Martin et Zélie Guérin étaient reconnus dignes de recevoir une vénération locale.
Le 27 juin 2015, lors du Consistoire public, le Pape François annonce la date de la canonisation des Bienheureux Louis et Zélie Martin. La canonisation du couple Martin a lieu le dimanche 18 octobre 2015 à Rome.
De la béatification à la canonisation de Louis et Zélie Martin…
1946 – L’évêque de Lisieux exprime son souhait de voir examiner la cause des parents de sainte Thérèse, Louis et Zélie MARTIN. Le 22 mars 1957, s’est ouvert à Bayeux le procès concernant Louis Martin. Il durera 12 ans puisqu’il fut clôturé le 12 février 1969. Parallèlement, au diocèse de Séez, a été instruit le procès pour Zélie Martin, du 10 octobre 1957 au 21 janvier 1959. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église, le pape Paul VI a voulu que les deux causes soient réunies en une seule et confiées en 1971 à l’Office historique de la Congrégation.
1994 – Le 26 mars, décret « d’héroïcité » des vertus de Louis et Zélie MARTIN signé par le pape Jean-Paul II à Rome, en l’année de la Famille.
Source Sanctuaire de Lisieux.