Depuis 2000 ans

« Ils m’ont violée devant ma fille » : le martyre d’une chrétienne pakistanaise et le silence complice de la police

DR
DR
Le viol collectif d’une jeune mère chrétienne dans la province du Pendjab, au Pakistan, révèle une nouvelle fois les violences systémiques subies par les minorités religieuses, avec la complicité active ou passive des autorités

Le 11 juin dernier, dans le village de Chak 42 Model à Sangla Hill, Sheeza Bibi, une chrétienne de 21 ans, a été victime d’un viol collectif d’une brutalité indicible. Trois hommes ont pénétré dans son domicile et l’ont violée sous les yeux de sa fille de trois ans. L’un d’eux a même retenu l’enfant pendant qu’elle pleurait.Le piège avait été savamment tendu. Le mari de Sheeza, Intikhab, travaillait pour l’un des agresseurs, Mohsin. Ce dernier l’a éloigné du domicile sous prétexte d’une fausse affaire de police le concernant. À peine Intikhab parti, Mohsin et ses complices, Zahid et Arsalan, ont commis leur crime.

De retour, Intikhab découvre sa femme en larmes et terrifiée. Il raconte : « Ma femme m’a tout dit. Plus tard, Mohsin est revenu, m’a donné 1 100 roupies et m’a demandé de partir à nouveau, disant que la police allait revenir. C’était un plan organisé. »Le couple a immédiatement cherché refuge auprès des forces de l’ordre. Mais au poste de police de Sangla Hill Saddar, ils ont été traités comme des coupables. Sheeza a été giflée par une policière sur ordre d’un agent nommé Sikandar, tandis qu’Intikhab était battu. Leurs témoignages ont été ignorés, remplacés par une version imposée par les policiers, et leurs empreintes ont été prises sous la contrainte. On leur a même proposé une somme d’argent ,entre 120 000 et 150 000 roupies ,pour qu’ils renoncent à porter plainte.

www.claas.org.uk précise que ce n’est qu’après la diffusion d’une vidéo du témoignage de la victime par une chaîne locale que l’affaire a éclaté publiquement, suscitant une vague d’indignation. Un examen médical ordonné par un juge a confirmé les faits. Le 23 juin, les trois agresseurs ont été placés en détention provisoire.

« Ce n’est pas seulement une affaire de viol. C’est un miroir de la manière dont les femmes chrétiennes sont traitées dans notre société. Une société où la police agit non pour protéger, mais pour écraser, faire taire et humilier »

, dénonce Nasir Saeed, directeur de l’organisation de défense des chrétiens CLAAS-UK.

Lire aussi

Ce crime révèle une réalité plus vaste : chaque année, plus de 1 000 jeunes filles chrétiennes ou hindoues au Pakistan sont victimes d’enlèvements, de viols, de conversions forcées et de mariages imposés. La justice est rarement rendue, en raison de la pauvreté des familles, de l’indifférence des autorités et des menaces des agresseurs.« Je veux qu’ils soient punis, pour qu’aucune autre femme ne vive ce que j’ai vécu », a déclaré Sheeza dans un témoignage déchirant. Sa douleur devient le cri d’un peuple que l’on tente de réduire au silence.

Une plainte a été déposée contre les policiers impliqués dans l’intimidation et la falsification des preuves. Le combat juridique ne fait que commencer, mais un message a déjà été lancé : l’impunité ne doit plus être la règle.Ce drame insoutenable nous rappelle que le martyre des chrétiens ne relève pas du passé mais se poursuit aujourd’hui, dans l’indifférence générale. Quand une mère est violée sous les yeux de son enfant, c’est toute l’humanité qui vacille. Que les responsables soient jugés, mais que surtout, les consciences s’éveillent. Car l’honneur d’une nation se mesure à la manière dont elle traite les plus faibles. Et l’honneur des catholiques est de ne jamais se taire face à l’injustice, surtout lorsqu’elle frappe le Corps du Christ.

Recevez chaque jour notre newsletter !