Depuis 2000 ans

Interview du Pape François : « Je suis un pauvre malheureux à qui Dieu a montré beaucoup de miséricorde »

Le pape François  avec la journaliste Bernarda Llorente - DR
Le pape François avec la journaliste Bernarda Llorente - DR
Le pape François n'hésite pas à se positionner politiquement sur les mesures prises par le président argentin, c'est une façon " d'interférer" dans le débat politique de son pays natal.

À l’approche des célébrations de Noël, le pape François a profité d’une longue interview accordée à Canal Orbe 21, une chaîne de télévision argentine spécialisée dans la diffusion de contenus culturels et religieux, pour partager un message d’espoir et de réconciliation.

Répondant aux questions de la journaliste Bernarda Llorente, le Souverain Pontife s’est exprimé sur des sujets tels que le négationnisme et la montée des extrémismes.

Malgré la distance, le pape François continue de suivre avec attention la situation en Argentine. Il n’hésite pas à se positionner politiquement sur les mesures prises par le président argentin, c’est une façon  » d’interférer » dans le débat politique de son pays natal.

Evoquant les choix budgétaires du président argentin Javier Milei, le pape François n’a pas mâché ses mots. « »Faire des coupes dans l’éducation, c’est un suicide programmé. On ne peut pas sacrifier le développement éducatif d’un pays. C’est criminel », a-t-il affirmé avec force. Le pape a également applaudi les mobilisations contre de telles mesures. « Même les jeunes s’opposent, ils protestent, ils réclament. Parce que l’éducation est une nourriture : priver quelqu’un d’éducation, c’est comme lui retirer sa nourriture. L’éducation nourrit l’âme, l’esprit et l’intelligence. ».

François a souligné l’importance de l’université publique pour garantir la mobilité sociale ascendante et dénoncé les politiques qui réservent l’accès aux études supérieures à une élite économique. « Le peuple a besoin de former des esprits. Une nation doit permettre à ses universités de produire les cerveaux qui construiront l’avenir. »

Lire aussi

Le négationnisme, un poison pour les sociétés

Le pape François s’est également exprimé sur la montée des discours négationnistes, qui cherchent à réécrire ou nier les vérités historiques. « Le négationnisme est toujours venimeux. Lorsque l’on nie une réalité, une histoire ou une situation concrète, on agit contre soi-même. C’est une grave erreur », a-t-il averti.

En référence aux tensions idéologiques en Argentine, où certaines figures politiques réhabilitent les responsables de crimes contre l’humanité, François a ajouté : « Le négationnisme est suicidaire. Il faut accepter la réalité telle qu’elle est et dialoguer à partir de cette réalité. C’est par le dialogue que l’on trouve des solutions aux conflits. On ne résout pas un conflit à coups de fusil. »

Le pape a rappelé les principes fondamentaux pour dépasser les divisions : « La réalité est supérieure à l’idée, le tout est supérieur à la partie, l’unité est supérieure au conflit et le temps est supérieur à l’espace. »

Aux Argentins, le Saint père a adressé ce message direct : « Que le grand peuple argentin continue de lutter. Qu’il se défende des idéologies et ne se laisse pas tromper par ceux qui lui vendent des illusions. Qu’il lutte pour ses droits. ». Cet appel digne d’un chef de parti politique raisonnera très certainement dans les oreilles des argentins qui pour beaucoup affirment avoir senti une « certaine amélioration » de leurs conditions de vie depuis la venue au pouvoir de Milei.

Enfin Interrogé sur la manière dont il souhaite être perçu par l’histoire, le pape a répondu avec modestie : « Je suis un pauvre malheureux à qui Dieu a montré beaucoup de miséricorde. Avec cette vérité, je peux être bien rappelé. La miséricorde de Dieu est géniale. »

Recevez chaque jour notre newsletter !