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Fêtons-nous mieux Noël au Pakistan qu’en Europe ?

Cathédrale Saint Patrick de Karachi  - DR
Cathédrale Saint Patrick de Karachi - DR
C'est le Noël du foie gras Picard, le Noël de la buche congelée de Leclerc, pour les plus riches c'est le Noël de l'ile Maurice ou des Antilles pour d'autres c'est le Noël du Printemps Haussman ou de Joué Club mais ce n'est plus la Nativité que l'on fête ...

Dans « l’Europe postchrétienne « , Noël semble s’être dissout dans le consumérisme et la laïcité. Les crèches sont reléguées au rang de décorations controversées, remplacées par des sapins lumineux abstraits. Les chants traditionnels évoquant la naissance du Christ cèdent leur place à des chansons commerciales. La salutation « Joyeux Noël » devient « Joyeuses fêtes », dans une volonté de ne froisser personne.

C’est le Noël du foie gras Picard, le Noël de la buche congelée de Leclerc, pour le plus riches c’est le Noël de l’ile Maurice ou des Antilles pour d’autres c’est le Noel du Printemps Haussman ou de Joué Club mais ce n’est plus la Nativité que l’on fête …

Pourtant, des voix se sont élevées au fil des années pour dénoncer cette dérive.Déja en 2011 Benoît XVI soulignait les dangers d’un Noël vidé de sa signification spirituelle : « Le consumérisme peut réduire Noël à une simple fête de cadeaux matériels et de lumières éphémères, perdant ainsi le véritable sens de la naissance du Sauveur. »

Il est triste de constater que les fidèles chrétiens d’Europe deviennent chaque année moins nombreux. Les cheveux blancs dominent dans les assemblées, et les jeunes se font rares. Ce déclin démographique s’accompagne d’une violence symbolique, voire physique : des crèches brûlées, des églises fracturées, autant de signes d’une hostilité grandissante envers le christianisme.

À l’opposé, au Pakistan, pays majoritairement musulman, Noël conserve un caractère profondément religieux et festif. Cette année encore, les églises ont ouvert leurs portes à des célébrations empreintes de prière et de joie. Des messes solennelles ont été organisées, des arbres de Noël ornés de lumières ont illuminé les lieux de culte, et des carols ( chants de Noël traditionnels ) ont retenti en anglais et en urdu.

Pourtant la vie n’est pas facile pour les chrétiens au Pakistan

Marginalisés économiquement et souvent à la merci de ceux qui souhaitent leur rendre la vie difficile, ils doivent également faire face à une hostilité accrue pendant les périodes de célébration, comme Noël.Aujourd’hui encore , des groupes extrémistes conservateurs et des prédicateurs qualifient la célébration de Noël « d’anti-islamique ». Cette radicalisation, autrefois confinée aux zones rurales, s’est désormais étendue aux villes. L’avènement des réseaux sociaux a accéléré la diffusion de ces messages de haine, transformant Facebook et X (anciennement Twitter) en plateformes de mobilisation pour des attaques violentes contre les minorités religieuses.

Les enfants chrétiens subissent également des discriminations, en particulier à Noël. Dès l’âge de sept ou huit ans, ils sont isolés par leurs camarades de classe musulmans, souvent encouragés par leurs parents à ne pas partager leurs repas, leurs boissons ou même leurs vœux de Noël avec eux. Dans certaines zones rurales, les discriminations s’étendent aux restaurants où les couverts et les assiettes utilisés par les chrétiens sont brisés après usage, les considérant comme « impurs ».

Malgré ce contexte sécuritaire tendu, cette ambiance de persécution marquée par la menace constante des groupes islamistes radicaux, les autorités pakistanaises ont déployé des forces de sécurité impressionnantes pour garantir la sécurité des chrétiens. À Lahore, Karachi et Islamabad, plus de 30 000 agents ont veillé sur près de 3 000 églises et lieux de prière.

Rappelons que le Pakistan célèbre Noël avec une double signification : la naissance de Jésus-Christ et l’anniversaire de Quaid-e-Azam Muhammad Ali Jinnah, fondateur du pays. Cette reconnaissance officielle, qui fait du 25 décembre une fête nationale, permet aux chrétiens de vivre pleinement leur foi.

Cette année, les festivités ont inclus des messes dans les cathédrales, des moments de prière en famille et des activités pour les enfants dans les parcs. À la cathédrale Saint-Patrick de Karachi, un immense sapin de 16 mètres, décoré de lumières et d’une étoile, a été allumé lors d’une cérémonie présidée par le cardinal Joseph Coutts.

La désacralisation de Noël en Europe est d’autant plus frappante que, dans des pays où les chrétiens sont minoritaires, comme le Pakistan, Noël demeure une fête priée et respectée. Ces communautés, souvent confrontées à des persécutions, rappellent par leur foi brulante que Noël est avant tout la fête de la Nativité du Seigneur : l’incarnation  » Verbum caro factum est », Le Verbe s’est fait chair …!

Cardinal Joseph Coutts

Le contraste est saisissant : en Occident, la fête de Noël est souvent réduite à une frénésie commerciale, voire à des excès, tandis qu’au Pakistan, elle est vécue dans sa dimension spirituelle et communautaire, véritable témoignage de résistance chrétienne.

Peut-être est-il temps pour les chrétiens d’Europe de retrouver l’essentiel, de se réapproprier cette fête comme un moment de recueillement et de Joie fondée sur la Bonne Nouvelle. Noël, ce n’est pas seulement un temps de partage, mais avant tout la célébration du mystère de la naissance du Sauveur.

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En France, des associations comme le Secours catholique , les Apprentis d’Auteuil , les Petits frères des Pauvres et d’autres qui se revendiquent catholique n’y font plus référence.. de peur de heurter les soutiens financiers ( subventions) de la république toute laïque et tellement franc-maçonne.L’on regrette cela et toute l’idéologie et la nouvelle sémantique de ces associations.

L’exemple pakistanais nous invite à nous interroger : fêtons-nous encore Noël pour ce qu’il est vraiment, ou sommes-nous devenus les spectateurs d’une fête vidée de son âme ? À force d’oublier le Christ, Noël risque de devenir une coquille vide, là où d’autres, dans des contextes bien plus difficiles, en vivent encore pleinement la lumière.

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